La
semaine prochaine, se trouvera dans toutes les bonnes librairies le tome V de
l' Œuvre critique de Jules Barbey
d'Aurevilly ( éd. sous la direction de M. Pierre Glaudes et Mme Catherine
Mayaux, Paris, Les Belles Lettres, 1.212 pages, relié).
J'en
extrais quelques paragraphes.
Sur
Gustave Flaubert :
"Ce
n'est pas une tête que Flaubert, c'est une main,-- une main patiente et lente,
mais acharnée, qui fait des descriptions tranchées et des paysages de précision , mais qui, quand cela est
exactement exécuté, se trouve au bout de sa science et de son art, ou, pour
mieux dire, de son industrie. Comme il n'a d'idées absolument sur rien, et
qu'il n'est capable que de décrire, son procédé, pour fabriquer deux volumes
montant à mille pages comme ceux-ci [L'éducation
sentimentale], est infiniment simple. Il soude et soude des tableaux à
d'autres tableaux. Son livre, c'est la boutique de son sieur Arnoux, qui, lui
aussi, vend des tableaux."
"Les
littératures qui retombent à l'état d'enfance peignent les objets comme les
enfants les peignent, pour l'objet même, -- l'objet isolé et en soi,-- sans se soucier de l'ordre, de
la pensée, de la logique, de la vraisemblance, de la perspective. Et tel est le
procédé de Flaubert. Il n'en a pas deux. Il n'en a qu'un."
"Gustave
Flaubert (rendons-lui cette justice ! ) a été le plus volontaire des écrivains;
et il faut bien que la patience ne soit pas le génie pour qu'avec la sienne il
n'en soit pas devenu un. (...) Gustave Flaubert est un ouvrier littéraire qui a
la probité de son métier, bien plutôt qu'un artiste inspiré. C'est le casseur
de pierres ou le scieur de long de la littérature."
"(...)
ce gros de démocrates de lettres qui ne croient pas plus dans les lettres qu'en
politique au privilège de la naissance. Parmi ceux-ci, qui sont une inondation,
Gustave Flaubert a des admirateurs passionnés et presque des fanatiques, qui
lui ont fait une gloire aussi disproportionnée avec son talent que le mérite de
ses œuvres avec l'effort de travail qu'elles lui ont coûté."
Sur Honoré
de Balzac :
"Balzac a cela de désespérant pour ceux qui viennent après lui,
qu'ils ont l'air de l'imiter quand ils le continuent. Les bras de ce géant sont
si longs, qu'ils ont embrassé le XIXe siècle comme l'Océan embrasse la Terre,
et que rien de ce siècle ne reste à personne. Ce ramasse-tout terrible a tout
pris."
Des amis
réactionnaires viennent aujourd'hui nous visiter, leur arrivée est imminente...
et pour cette raison je n'ajoute pas un mot aux propos de Barbey – mais quelle
joie de le lire!
(Cinq tomes
restent à venir pour que soit publiée en sa
totalité cette Œuvre critique, le tome VI doît paraître en 2015).
En voilà une nouvelle qu'elle est bonne ! Moi qui croyais que "Les Belles Lettres" avait renoncé à continuer cette glorieuse entreprise...
RépondreSupprimerLB
Les Belles Lettres ne renoncent jamais, et la glorieuse entreprise Barbey se poursuit obstinément, au rythme d'un nouveau volume tous les deux ans (environ).
SupprimerEt chacun demande beaucoup de travail aux courageux érudits qui en ont la lourde charge.
Le dandy a la dent dur.
RépondreSupprimerEst-ce une coïncidence ? Honoré Champion va rééditer "Jules Barbey d'Aurevilly d'après sa correspondance inédite et autres documents nouveaux" d'Eugène Grelé.
J'aime bien Barbey. J'ai essayé de communiquer ce goût à Didier en lui faisant lire "Un Prêtre marié" mais ça n'a pas marché.
En y repensant, j'aurais peut-être du lui prêter plutôt "Les Diaboliques". Allez savoir.
durE, naturellement. Que les fautes faites sur le net sont donc désespérantes !
SupprimerPrêtez-lui plutôt "les quarante médaillons de l'académie", mais l'animal peut être d'une grande mauvaise foi.
SupprimerAh ! Barbey, évidemment ! Il a poursuivi Flaubert de sa vindicte durant trois décennie ! Flaubert est le "modèle obstacle" de Barbey, le romancier que lui-même n'a pas réussi à être – et qui sans doute le savait.
RépondreSupprimerTrois articles en vingt ans... sont une légère poursuite
SupprimerEt Barbey savait qu'il était supérieur au pauvre tâcheron de Croisset.
vu sur Amazon que le tome VI était paru ( en tout cas, ils le mettent en vente) Erreur ?
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