En couverture du numéro de février de Diapason, revue consacrée à la musique
classique et à la lutte contre les inégalités , ce gros titre : Femmes et cheffes (sic sic) d'orchestre –comment elles sont en train de gagner le combat.
Pour ma part, je trouve que ce combat, nos
futures cheffesses (ou cheftaines?) le gagnent bien lentement car les formations les plus prestigieuses (Wiener Philarmoniker, London Symphony
Orchestra, New York Philarmonic, Harmonie de Saint-Flour etc.) sont toujours
dirigées, hélas mille fois hélas, par des hommes (horresco referens).
Que faire ?
Une solution fort simple existe.
Nous savons que se prépare une réforme de la
Constitution pour que soit élu(e) à la présidence de la République un(e) binôme paritaire composé d'une Femme et
d'un homme , la Dame tenant les rênes du char de l'Etat les jours impairs , et les cédant au monsieur les jours
pairs.
Pourquoi ne pas adopter une mesure semblable
pour les orchestres?
Symphonies, oratorios, opéras etc. seraient
divisés en relais de dix minutes
chacun, le premier étant confié à une Cheffesse. A l'expiration de ces dix
minutes, un minuteur ferait retentir une sonnerie (assez puissante pour que le
bruit de l'orchestre ne la couvre pas), la maestra
poserait sa baguette, quitterait le pupitre, serrerait la main au premier
violon, saluerait le public puis irait s'asseoir du côté des vents pour touitter ou papoter avec ses
voisins, pendant que le maestro serrerait la main au premier violon,
s'installerait au pupitre etc. A la fin de ce deuxième relais, le
minuteur retentirait de nouveau, le chef poserait sa baguette, quitterait le
pupitre, serrerait la main au premier violon, saluerait le public puis irait s'asseoir près des cordes
pour lire le journal tandis que la maestra
, après s'être frayé un chemin entre les instrumentistes et avoir derechef
serré la main au premier violon etc., et ainsi de suite jusqu'au dernier coup
d'archet.
--C'est bien joli, remarque un chicaneur,
mais toutes les compositions ne peuvent être divisées exactement en tranches de
dix minutes, certaines durent 57 minutes, d'autres 43, enfin, il n'existe guère
de compte rond...
Puérile objection! Il y a belle lurette que
les chefs, ralentissant un allègro ou accélérant un pianissimo afin de montrer
qu'ils comprennent mieux une partition que son auteur, donnent à toute œuvre la
longueur qui leur sied, et c'est le plus aisément du monde que ce qui durait 57
minutes se traînera jusqu'à soixante, ou que sera expédié en quarante minutes
ce qui s'étirait en quarante-trois.
Une seule question reste en suspens :
l'orchestre se taira-t-il pendant les changement de relais, ou continuera-t-il
à jouer?
Une haute
commission doit être nommé pour étudier la chose – elle rendra un rapport.