Un débat
animé, ponctué par de vigoureux échanges de noms d'oiseaux, a fort agité deux
aimables chroniqueurs (MM. Corto et Jégou) , ainsi que leurs commentateurs, donnant ce matin à la blogosphère (sic) l'apparence désolée d'une bande de terre du Proche-Orient
également sous les feux de l'actualité (et
des canons).
Tout est
parti de l'interdiction par la censure de M. Etat d'un petit film que ses
auteurs destinaient à une diffusion télévisuelle, et dont le propos est
d'inciter les femmes grosses d'un fœtus frappé d'une certaine déficience à
mettre au monde celui-ci plutôt que l'expédier à l'incinérateur d'un quelconque
hôpital.
Partisan
très-radical de la liberté d'expression, je ne peux qu'en relever, une fois de
plus, la négation, sans m'y plus attarder.
Je
reconnais également le droit pour toute créature femelle de se débarrasser d'un
corps étranger dont la présence l'importune, et le droit pour d'autres
individus de proclamer que ce corps étranger est un être vivant qu'il n'est pas
bien de tuer (pour ces derniers, le droit de s'exprimer n'entraîne aucun droit
de réclamer l'interdiction par la violence de la loi des conduites qu'ils
désapprouvent).
Ce n'est
pas là mon propos.
De cette
affaire, j'ai retenu que les progrès de
la science permettent aujourd'hui à des médecins
de recueillir un certain nombre d'informations sur un futur bébé paisiblement
blotti dans le ventre maternel.
Les progrés de la science ne cessant de progresser, je ne doute pas que, chaque
jour, le nombre et la qualité de ces informations ne cessent de croître et que,
bientôt, de bienveillants disciples d'Hippocrate annonceront à la proche
parturiente que son fruit (comme l'on disait jadis) aura les yeux bleus, verts
ou noirs, les cheveux bruns ou roux, un QI faible ou élevé, une prédisposition
au fâchisme ou à l' humanisme, sera, s'il est mâle, grand abatteur de bois (expression chère
à Tallemant des Réaux) ou, pour une femelle, tristement frigide, etc. etc. Une
fois munie de ces informations – et
il importe peu qu'elles soient exactes, il suffit qu'elles soient crues être
exactes --, la dame pourra, en toute connaissance de cause, décider de garder
ou jeter l'embryon si parfaitement décrit.
Jadis, la
naissance était une sorte de loterie – fille ou garçon? Vigoureux ou
souffreteux? Beau ou laid? Grand ou petit? Bête ou futé? Surprise surprise!
Ces temps
sont révolus, désormais les humains ne peupleront plus la terre que de
progéniture conforme à leurs goûts du moment.
Qu'en
résultera-t-il?
Quitte à
surprendre, je fais le pari d'une grande
diversité humaine, mais ce pari, je ne suis plus d'âge à pouvoir espérer en
connaître le succès, ou l'insuccés.