L'affaire
est américaine, et comme toute horreur née outre-Atlantique, telle la
persécution des fumeurs, reçoit rapidement force de loi en notre très-vieille Europe, elle
est prémonitoire, et exemplaire.
J'en ai
trouvé le récit dans ce fameux quotidien
de référence qui la rapporte en se léchant les babines, ronronnant d'aise
de pouvoir à la fois se délecter et s'indigner de l'un de ces scandales qui lui assurent la fidélité
sonnante et trébuchante de lecteurs avides de délation et d'un M. Etat
aimablement subventionneur.
Un
individu, qui réunit sur sa seule personne les horribles défauts d'être de sexe
masculin, vieux, riche et d'avoir la peau blanche, et est propriétaire d'un
spectacle sportif, a , dans une conversation téléphonique, recommandé à une jeune
amie de ne pas s'afficher, en photos trop diffusées ou en public, avec des
messieurs – qui se trouvent avoir la peau noire.
C'est,
semble-t-il, à la suite d'une tentative de chantage peu couronnée de succés,
que ces propos furent communiqués à d'intègres journalistes, qui lui assurérent aussitôt la plus large publicité
assortie des commentaires habituels stigmatisant l'ignoble raciste.
D'après ce
que j'ai lu, le méchant n'a nullement dit : "je ne veux pas que tu te
montres avec X ou Y parce que je ne veux pas que tu te montres avec des
Noirs" , il a seulement dit : "ne te montre pas avec X ou Y", et
a même ajouté : "tu peux les fréquenter, sortir avec eux et même coucher
avec si tu en as envie", ce qui semble relever d'une certaine largeur
d'esprit.
Pourquoi ce
monsieur ne voulait-il pas que sa petite camarade se montre avec, etc. ? Il
peut y avoir mille raisons à cette attitude, pour les medias et politiciens
(dont le M. Président américain qui s'est empressé de faire part de son indignation à tous les micros) il ne
peut y en avoir qu'une, et elle se nomme racisme.
L'un des
effets les plus remarquables de cette
indignation, officielle et obligatoire, est que la sorte de fédération dont
dépend le spectacle sportif appartenant au stigmatisé a aussitôt condamné ce
dernier à une amende de deux millions
et demi de dollars (et au profit de ladite fédération).
Pour, il
faut le rappeler, des propos tenus dans une conversation privée.
Voilà qui
est fort intéressant, et ouvre de remarquables possibilités d'enrichissement.
Jusqu'à ce
jour, n'étaient poursuivis que les propos
publics, et particulièrement ceux qui peuvent être tenus sur ces réseaux sociaux, dont tous les messages
sont scrutés par de multiples inquisiteurs peu bénévoles.
C'était là une limitation dont nous sommes aujourd'hui heureusement débarrassés.
Je suggère
donc à mes lecteurs qui , téléphonant à leur maîtresse ou leur amant, se
laisseraient aller à des plaisanteries
coupables, d'être dorénavant très prudents, surtout s'ils renoncent à faire
à l'aimé(e) le don d'un bijou imprudemment
promis.