david in winter

david in winter

Editeur. Ecrivain. Dilettante

jeudi 10 avril 2014

Sécu et tonneau des Danaïdes



   Pourquoi écrire plutôt que ne pas écrire est une question existentielle à laquelle je n'ai pas trouvé de réponse, en revanche j'ai la ferme conviction, appuyée sur une longue expérience, qu'écrire sur certains sujets ( ou éditer des ouvrages traitant de ces sujets, ce qui est moins fatigant, plus onéreux et tout aussi décourageant) produit le même effet que faire pipi dans un instrument à cordes.
  Aujourd'hui donc, pour dire les choses crûment, je vais (métaphoriquement) pisser dans un violon en abordant le sujet des solutions pour réduire le fameux trou de la "sécurité sociale".
  Un observateur moyennement futé énoncerait qu'il suffit de supprimer le monopole de cette excroissance de M. Etat et laisser les individus s'assurer où et comme ils veulent pour leurs petites affaires de santé afin que le problème soit heureusement résolu, ce moyen étant d'une efficacité certaine, il est radicalement exclu qu'il soit mis en œuvre , et même étudié ( à la suite du courageux docteur Claude Reichman, des hommes et des femmes intrépides ont entrepris de se libérer de ce monopole en arguant de son illégalité, nous ne connaissons encore l'issue de leur combat).
  Envisageons, plus modestement, de petites astuces.
  Il ne se passe guère de semaine que des drogues –aujourd'hui nommées médicaments – naguère en vente libre se trouvent inscrites dans une catégorie administrative telle qu'il n'est possible de les obtenir qu'en brandissant une ordonnance établie par un médecin. Il en résulte qu'au coût (remboursé) de la drogue s'ajoute le coût (idem) de la consultation , on comprendra donc que si tous ces cachets, poudres et décoctions pouvaient s'acheter sans contrainte , il en résulterait d'appréciables économies. De surcroît, si ces substances n'étaient plus vendues exclusivement en pharmacie, mais dans les bazars ou supérettes, une saine concurrence en ferait baisser le prix.
  Des cris d'orfraie m'assourdissent  (" comment oser écrire des choses pareilles ! vous êtes irresponsable! Pensez aux accidents! etc. etc."), et la prudence me commande de remballer ma suggestion.
  D'autant que j'en ai une autre.
  J'ai ouï dire que lorsqu'un individu a mal quelque part et se rend , dans l'espoir d'être soulagé, chez un médecin, ce dernier borne son art à l'envoyer chez un confrère spécialiste (de ceci ou de cela), lequel expédiera à son tour le patient (souvent une patiente) dans un vilain bâtiment pour y subir une multitude d'examens dont les résultats redescendront pour interprétation au prescripteur qui peut, à leur vue, renvoyer son client chez un autre confrére qui, etc.
  Je ne doute pas que, dans certains cas, ce dispendieux circuit ne soit nécessaire, mais il est devenu (quasi) systématique, sans que personne ne se préoccupe de son coût.
   Le bon sens voudrait que, dans un premier temps, le "malade" se contentât de l'aspirine ou du sirop pour la toux que conseillerait  le premier médecin, et que seulement en cas de persistance de ses troubles, douleurs et inquiétudes il se rendît chez un "spécialiste". Hélas, d'une part le "généraliste" tient à se garantir de tout risque en repassant son client à un confrère, d'autre part, beaucoup de nos contemporains (et contemporaines, en grand nombre)  jouissent d'autant plus du sentiment de pleinement exister qu'ils sont l'objet des attentions médicales les plus poussées, ce sont là deux raisons pour que rien ne change.
  Et rien ne changera car tout ce qui est pervers aujourd'hui en ce système est très exactement ce que veulent, souhaitent, réclament les citoyens, avides de s'empiffrer de prestations qu'ils croient gratuites, sans accepter de voir qu'ils les paient (et paieront de plus en plus).

20 commentaires:

  1. Le système de notre sécurité sociale est certainement perfectible mais de là à souhaiter sa mort il y a un pas que je ne franchis pas.
    Les obsessions de Claude Reichman sur son blog me font ch....

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Cette délicate remarque est de nature à nourrir un débat argumenté et serein.
      Ou non ?

      Supprimer
  2. Un moyen efficace, et très socialiste -à condition de trouver une astuce peu onéreuse- serait de faire passer de vie à trépas / envoyer dans l'au-delà, / ad patres / au diable Vauvert souffreteux, mal-nés et autres dont la fin-de-vie a tendance à s'éterniser.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Cela n'a rien à voir avec le principe de la liberté de s'assurer, ou non.

      Supprimer
  3. Le principe de l'assurance c'est celui que nous connaissons avec les mutuelles et leurs différences de traitement en matière de lunettes ou de soins dentaires : il y en a de bonnes et de mauvaises. Or s'il y a un domaine où l'égalité ne doit pas être un vain mot, c'est bien celui de la maladie.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Voulez-vous très démocratiquement dire que "toutes les maladies sont égales" (la grippe égale à la leucémie, etc.) ?

      Supprimer
    2. Non bien sûr. Pas de pitié pour la bobothérapie, lifting et autres cures de confort.
      Mais la sécu (invention du communiste Ambroise Croizat au sortir de la guerre) reste une noble invention et le modèle de ce que peut faire un peuple réellement uni.
      L'assurance privée c'est l'idéal libéral du chacun pour soi. Ça peut séduire mais alors finissons en avec les fables du destin commun et de la cohésion sociale.

      Supprimer
    3. On voit bien ce qui est à l'oeuvre dans ce domaine comme dans tant d'autres : destruction de l'Etat et surtout de l'Etat-Nation. Tous les derniers repaires qui lient encore tant bien que mal les citoyens doivent sauter.
      C'est une oeuvre de destruction, de démolisseurs.

      Supprimer
    4. La CMU fait aussi partie de ces excès qui contribueront à terme (hélas) aux réalisations des vœux de Reichmann.

      Supprimer
    5. L'état se détruit tout seul, nul besoin de l'aider. Le système est vicié à la base, seule la coercition de plus en plus sauvage et l'exclusion de plus en plus large lui a permis de tenir jusqu'ici - mais plus pour longtemps. Le modèle social est avant tout anti-social.

      Supprimer
  4. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ai supprimé ce commentaire dont le rustre auteur me tutoyait.

      Supprimer
  5. Trou du violon : 13 milliard d'euros.
    Pour mémoire : montant de l'IR : 45 milliards, de l'AME : 264.000 personnes et 800 millions / an et de la CMU : environ 10 milliards / an pour les soins et la gestion qui, pour cette couverture, sont payés par des taxes sur ... les assurances.
    La liberté c'est de pouvoir choisir (entre autres) son assureur.
    Sinon pourquoi ne pas créer une nouvelle branche de la Sécurité sociale pour les véhicules à moteur, les aéronefs, les incendies, etc... C'est pourtant le même principe et les risques humains ne sont pas moindres.
    C. Monge



    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Eh oui...
      Mais comme toute liberté de choix est haïe...

      Supprimer
    2. AME , CMU , un scandale ?
      que les pauvres crèvent , et accessoirement génèrent des épidémies
      voilà votre philosophie

      Supprimer
  6. Suite à ma conversation de ce matin avec mon bon docteur, il semblerait que le médecin rural soit condamné de par son âge et son non-remplacement à la disparition. Peut-être que de longs et coûteux trajets refroidiront les consommateurs ?

    RépondreSupprimer
  7. Et le coût de l' A.M.E, ce qui est bizarre, c'est que peu de gens évoque cet aspirateur à fric qui je rappelle, permet à une certaine catégorie de profiter de tous les soins médicaux sans débourser un seul cent.

    RépondreSupprimer