Jadis, on nommait grec un monsieur qui, par sa dextérité à manipuler cartes ou dés,
déjouait toutes les incertitudes du hasard et s'assurait de toujours emporter
la mise.
Ce grec était-il un tricheur?
Oui.
Au siècle dernier, divers politiciens européens décidérent, pour augmenter
leur prestige, accroître leur pouvoir, satisfaire une lubie idéologique, d'ajouter
à leur plaisante construction européenne ce pays dont les habitants
descendent autant, sinon plus, des Turcs et de diverses peuplades
méditerranéennes que des blonds compagnons d'Ulysse, et qui se dit encore
Gréce.
Des traités furent signés.
La partie contractante grecque, qui avait
conservé de ses ancêtres homèriques un rare génie de la ruse dissimulée par le plus franc
des sourires, comprit vite qu'avec un peu d'habileté, les termes de ces traités
ne fonctionneraient qu'à leur avantage... Quelques traficotages de comptes
publics, trucages de bilans et falsifications de documents suffirent pour qu'une
abondance venue d'ailleurs coulât dans le Trésor de M. Etat (héllène). Une
grosse partie de cette manne fut généreusement distribuée aux électeurs , les
Grecs s'accoutumérent à produire
extrêmement peu tout en dépensant beaucoup et à préférer passer leurs journées
à réciter et commenter les vers de Pindare ou Sapho plutôt que suer à l'usine, trimer à
l'atelier ou se stresser au
bureau --l'Age d'or était revenu.
Mais que se passa-t-il soudain? Histoires de
femme, querelles de préséance?
Toujours est-il que les dispensateurs de
largesses se fâchèrent contre leurs amis nés (autrefois) de Pythagore et décidérent, non
de cesser absolument leurs libéralités, mais de les fortement dimininuer. Et
même, rappelant indélicatement qu'une partie de ces largesses étaient des prêts, ils osèrent insinuer d'en
demander le remboursement (en quelques décennies).
Pauvres Grecs! Après avoir si agréablement
vécu d' un argent venu d'ailleurs, voilà qu'ils étaient réduits à compter sur les seuls
fruits de leur travail pour acquérir des smartphones et autres aménités de
notre temps, et même, de ces maigres fruits, une petite part leur était ôtée au
profit de leurs créanciers.
A cette malédiction, un barde donna le nom
d'Austérité.
Une nuit arctique, éternelle, enveloppa les
flancs de l'Olympe, le peuple, chœur tragique, gémissait et criait famine,
puis...
Un magicien apparut. Il se disait inspiré
de ces Dieux que révèrent désormais toutes les élites de Gaia (Karl Marx, Vladimir Lénine, Che Guevara et le Père
Ubu) et promit qu'il ferait revenir l'abondance, en frappant de sa baguette
magique les cassettes de divers autrui (avares étrangers et riches
concitoyens), qui aussitôt déverseraient leur or dans les mains tendues des
innocentes victimes de cette divinité de l'Hadés, Austérité.
Il y eut une élection, que le magicien
emporta triomphalement.
Quoique la mode du philhéllénisme (quand de
languides jeunes filles poitrinaires versaient des larmes d'amour sur cet enfant grec aux yeux bleus avide de poudre et de balles) soit passée, le
peuple français manifesta un intérêt inédit pour le magicien car, pour tout
dire, ce peuple craint confusément que, chassée de son abri du Parthénon, la
méchante Austérité ne s'abatte sur son niveau de vie, qui doit beaucoup à de semblables ficelles.
Mieux vaut prévenir que guérir..., et c'est
dés maintenant que la France unie appelle à son secours le magicien, ou son
meilleur disciple (titre que revendique déjà une petite horde de compétiteurs).
Ce pays est sauvé.
Ce pays est sauvé.