david in winter

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Editeur. Ecrivain. Dilettante

dimanche 26 octobre 2014

Grandeur de nos Rois, grandeur de la France



      Je viens d'acquérir  l' Histoire de la Maison de Bourbon ( 1772-1788, 5 vol. in-quarto, avec de superbes gravures) de Joseph-Louis Ripault Desormeaux (1724-1793), historiographe de la Maison de Bourbon, Bibliothécaire de S. A. S. Monseigneur le Prince de Condé Prince du Sang , de l'Académie Royale des Inscriptions & Belles-Lettres (également auteur de l’ Histoire de Louis de Bourbon second du Nom, prince de Condé, premier Prince du Sang , surnommé le Grand , et d'une Histoire de la Maison de Montmorency).
    Le récit s'arrête à la date de 1589; deux autres volumes étaient prévus, la catastrophe de 1789 interrompit la publication, mais il existe assez d'excellentes histoires anciennes des Rois Bourbons ( Hardouin de Perefixe pour Henri IV, le pére Griffet pour Louis XIII, Voltaire pour Louis XIV...) pour nous consoler (de l'absence de la suite, non de la Révolution), d'autant que c'est pour la période antérieure, jusqu'alors trop mal étudiée,  que l'ouvrage de Desormeaux est irremplaçable.
   Dans sa Préface, Desormeaux nous dit ce qu'était la grandeur de la France –extraits.
   "Presque toutes les Nations de l'Univers, celles même qui ont toujours paru les plus jalouses de la gloire du nom François , se sont empressées à rendre des hommages éclatants à la gloire & à la majesté de nos Monarques." Le roi de France, s'écrie Matthieu, célèbre historien Anglois, c'est le plus digne et le plus noble de tous les Rois; il est regardé comme le Roi des Rois, tant à cause de son onction céleste , que par rapport à sa puissance guerrière."  Autrefois, lorsqu'on citait en Europe le nom de Roi, sans ajouter de quelle nation, on entendait toujours le Roi de France ; c'était le grand Roi, le Roi par excellence."
   "A la gloire d'avoir agrandi d'un tiers la Monarchie, les Bourbons en ont ajouté une autre plus solide, celle de l'avoir embellie, policée & éclairée. Si l'on y voit aujourd'hui une capitale, de grandes villes, des arsenaux, des ports, des forteresses, des canaux, de grands chemins, des ponts, des temples, des palais et des monuments de toute espèce, dignes de la grandeur & de la magnificence des Romains; si les plaisirs dont nous jouissons aujourd'hui sont plus nobles, plus variés, plus touchants que ceux même de nos anciens Monarques, si de tous les pays du monde, la France est celui où les Sages désirent le plus de vivre à cause des charmes inexprimables de la société; à qui devons-nous ce bonheur si rare, & dont peut-être ne sentons-nous pas assez le prix, si ce n'est aux rois Bourbons , protecteurs des arts qui diminuent le poids & adoucissent l'amertume de la vie!"
  Je n'aurai pas le mauvais esprit de remarquer qu'au temps de la construction de la grandeur de la France, le si enrichissant apport de l'immigration se limita (à peu près) aux personnes du Cardinal de Mazarin et de Christian Huyghens, préférant citer ces mots, que rapporte Désormeaux,  du grand Condé mourant à son fils et à son neveu :
    --Songez que vous ne serez jamais de grands hommes qu'autant que vous serez fidèles à Dieu et au Roi.

   P.S.—Encore un petit rappel, sur les Francs de Charles Martel qui " délivrèrent l'Europe de l'alcoran & de la servitude dont elle était menacée par un Peuple qui, en moins d'un siècle, avait fait plus de conquêtes que Rome dans le cours de plusieurs."

mercredi 22 octobre 2014

Impossibles réformes : pourquoi



   Je lis sous la plume d'un homme intelligent, qui a durant de longues années dirigé avec une rare compétence une "entreprise du CAC40", qu'il serait bon de "réduire les dépenses de M. Etat de 12% (certes), et que cela pourrait se faire dans les dix ou quinze prochaines années".
   Ce dernier point est une impossibilité absolue.
   M. Etat dépense, avec la largesse de qui n'a pas à se soucier de ses recettes, soit pour distribuer des salaires, pensions et gracieusetés diverses, soit pour acheter des biens ou produits que personne n'irait acquérir volontairement au prix ou sous la forme auxquels ils sont vendus.
   Ces dépenses de M. Etat provoquent chez leurs bénéficiaires une satisfaction (plus ou moins grande), et même assurent à certains d'entre eux l'essentiel de leur subsistance.
   Voyons maintenant quel serait l'effet de l'arrêt de ces dépenses.
    Dépensant moins, M. Etat prélèverait moins, l'ensemble des citoyens verraient s'accroître leur revenu disponible, qu'ils pourraient affecter par un libre choix à telle acquisition ou tel investissement, et cette liberté profiterait à tous.
   C'est là une vérité économique, et morale.
   Mais qu'en est-il politiquement ?
    Alors que les effets fastes de la parcimonie nouvelle de M. Etat se ferient sentir sur la durée (disons: d'ici quelques années),  les effets néfastes, pour les ex-bénéficiaires, seraient, eux, immédiats.
    Se voyant du jour au lendemain privés des bienfaits (en euros) qui les faisaient vivre, pour les uns, ou les gratifiaient d'un plaisant superflu pour d'autres, les victimes des économies manifesteraient, tout de suite, un vif mécontentement, de l'espèce qui promet au M. Président en place une prochaine déroute électorale.
  En face, les bénéficiaires d'un bien futur ne se feraient guère entendre, d'autant qu'il est dans la nature de l'homme de crier plus fort son déplaisir que son contentement.
   Cette difficulté avait été fort bien perçue par Turgot lorsqu'il entreprit, au début du règne du malheureux Louis XVI, des réformes libérales; malheureusement trop certain d'avoir raison en théorie (ce qui était le cas), il ne sut trouver une solution politique, et échoua.
    Turgot ne devait pourtant convaincre que le Roi et une poignée de ministres pour obtenir durablement leur soutien, un M. Président devrait gagner –pour dix ou quinze ans! – l'adhésion de millions de citoyens élevés dans le mythe de l'heureuse redistribution (et justice sociale et autres turlupinades), ne rêvons pas.
   Ce ne sont pas de prudentes et impossibles réformes qu'il faut demander , mais une révolution totale, radicale, et immédiate  --dit le réactionnaire.

lundi 20 octobre 2014

In your ass



   Le doux bruit médiatique qui a accompagné le dépôt d'un sex toy géant, et d'un plaisant vert écolo, sur le pavé de la place Vendôme à Paris a sans doute été provoqué par les chargés de communication du fabricant de l'objet afin d'en masquer l'absolue absence d'originalité, car il n'y a rien, dans cette installation, qui n'ait déjà été perpétré naguére dans les jardins du Palais-Royal ou du château de Versailles, et dont on ne peut oublier que le principe a été théorisé, il y a près d'un siècle,  par Marcel Duchamp en affirmant que son coquet urinoir était une œuvre d'art.
  Je recevais avant-hier le Figaro Histoire, estimable revue que dirige avec audace et talent M. Michel de Jaeghere, c'est un numéro essentiellement consacré aux Borgias, et dont les pages s'ornent de nombreuses reproductions de tableaux  et de sculptures dus à des artistes de la Renaissance.
  En vieux réactionnaire, j'ai trouvé quelque différence de nature entre les peintures de Michel-Ange ou Raphaël et le gode anal érigé au côté de la fameuse colonne avec le concours, le soutien, et l'enthousiaste approbation, des industriels du luxe, dont les boutiques étalent sur cette même place, à destination de touristes asiatiques, les plus pures merveilles du goût français (swiss made pour les montres, mais ceci est une autre histoire).
   Tout a déjà été dit, et fort bien, sur l'imposture du prétendu art contemporain (et je recommande l'excellent petit livre de Tom Wolfe Le mot peint qui en débusque les raisons du succés) sans que cela ait le moindre effet.
   Rien n'est plus normal.
   Dans une société dont les citoyens tremblent de frayeur au seul prononcé du nom du virus Ebola (ou de la grippe aviaire, ou du tabagisme passif) et à l'idée de la prochaine invasion des landes bretonnes par l' Etat islamique, il va de soi que le sens que les mots sont supposés signifier a été expulsé de tout discours, et qu'aucune réalité n'est plus exprimée par quelque vocable que ce soit.
   Il n'y a désormais plus de domaine qui échappe à l'illusion, il est, pour un temps, plaisant d'y vivre, et quand elle se dissipera,  plus dure sera la chute.

lundi 13 octobre 2014

L'illusion de la Liberté

     

   A la demande d'une vieille et malfaisante maîtresse de Président, les députés viennent de voter une nouvelle loi promulguant , comme il se doit, une flopée d'interdictions et de contraintes (plus, également comme il se doit, diverses taxations).
   Mes amis libéraux affirment, à la suite de divers et très estimables théoriciens allant de Boisguilbert à Murray Rothbard, que rien n'est plus cher au cœur de l'Homme que la liberté etc.
   Je crains que les faits ne démentent cette proposition.
    Il ne se passe en effet pas de jour sans que surgisse une nouvelle prohibition (hier donc, celle des sacs en plastique et des assiettes jetables) sans que le peuple en colère ne se soulève et incendie les palais de M. Etat.
   Bien au contraire, ces interdictions recueillent le soutien, ou pour le moins l'assentiment, de la très grande majorité de la population.
   Voici, pour s'en convaincre, une expérience de réalisation aisée : déclarez autour de vous, dans un entourage qui ne sera pas composé exclusivement de libertariens et disciples de David Friedman mais de ces hommes et  femmes ordinaires qui votent au grè du vent PS, UMP ou FN, que la consommation et le commerce de certaines substances (héroïne, cocaïne, opium etc.) devraient être libres (assertion dont la justification se trouve dans Les vices ne sont pas des crimes de Lysander Spooner), si vous ne vous faites pas lyncher, ce sera votre jour de chance.
    Quant aux anciens combats pour la Liberté, ceux des Insurgents d'Amérique , des républicains de 1789 ou de la Restauration etc., ils n'avaient pour fin, comme le prouva l'évènement, que de donner le pouvoir politique aux hommes qui s'affublaient de ce drapeau (peint pas Delacroix...).
    Et pour les libertés concrétes –la liberté de faire ceci ou cela sans agresser autrui—seule une mémoire de gros ordinateur pourrait recueillir la liste de leurs disparitions.
   Ce qui est le plus cher au cœur de l'homme est de se soumettre à quiconque lui promet la sécurité, et de se distraire de son esclavage en nuisant à autrui, sans courir le moindre risque.
    C'est là ce que donnent aux peuples les politiciens démocrates, dont la tyrannie tant chérie ne finira pas ces prochaines semaines.