david in winter

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Editeur. Ecrivain. Dilettante

jeudi 24 avril 2014

Diffamation, calomnie -- et réputation



   Dans un billet récent, écrit, comme toujours, d'une plume alerte et incisive, M. Jacques Etienne s'interroge sur la légitimité, et l'éventuelle répression, de la diffamation et de la calomnie sans, me semble-t-il, en  avoir perçu l'exacte signification.
  Rappelons donc quelques principes et réalités, pourtant bien connus puisque ces questions ont été parfaitement élucidées par les travaux de Murray Rothbard et David Friedman, entre autres auteurs ayant abordé, et cerné, la question.
   Diffamation et calomnie sont la publication, par la parole ou l'écrit, de faits exacts  mais cachés (diffamation) ou inventés  (calomnie) dont la divulgation nuit  à la réputation de l'individu qui en est l'objet.
  Notons vite que si Martin couvre par ses discours Dupont de louanges imméritées ou lui prête des actes héroïques qu'il n'a jamais accomplis, ou qu'il a accomplis mais non dévoilés, il est rare que Dupont traîne Martin devant les tribunaux en lui reprochant de l'avoir ainsi  montré meilleur qu'on ne le croyait.
  Venons-en à la réputation.
  Celle-ci, quelque effort qu'un individu fasse pour l'établir et la conserver, ne dépend aucunement de cet individu, mais des tiers qui, des actes et mœurs dudit individu voient, perçoivent et retiennent ce qui formera leur perception de la valeur de cette personne – la réputation n'est que dans le regard (la conscience, etc. ) d'autrui et n'est donc nullement la propriété de celui ou celle qui se targue d'avoir bonne réputation, ou déplore d'avoir mauvaise réputation.
  Ergo, lorsqu'un quelconque Dupont se drape dans la loi pour faire interdire diffamations et calomnies attentant à sa réputation, le possessif est une imposture : cette réputation ne lui appartient pas, et il ne peut s'en prévaloir.
  Je renvoie aux auteurs cités pour une plus ample discussion, et l'examen raisonné des arguments pro et contra, et n'ai évoqué le sujet que parcequ'il est trop souvent utilisé pour justifier –malhonnêtement—la suppression d'une liberté d'expression à laquelle je suis radicalement attaché.
Note : que diffamation et calomnie ne fassent pas plaisir à qui en est l'objet, voilà qui ne devrait ouvrir aucun droit.

12 commentaires:

  1. Un pronominal bien adjectivé, votre possessif.
    Vous allez vous faire une réputation de distrait.

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  2. Pourra t on dire un jour à une personne, je vous hais car vous n'êtes qu'un béotien.

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  3. "de faits exacts mais ... ou inventés"
    Une tournure contradictoire car le sens habituel d'Exact est Vrai.

    "de faits précis mais ... inventés" est moins ambigüe.

    Amike

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    1. Je maintiens ma formulation, même s'il est permis d'en trouver de meilleures...

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  4. Comment les faits peuvent-ils être "exacts" s'ils sont inventés?

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    1. Parce qu'un des sens du mot exact (mais pas le plus usuel) est "précis".

      D'ailleurs, on parle d'insultes et non de diffamations si les faits rapportés sont insuffisamment précis pour pouvoir être débattus.
      Ferait-on un débat contradictoire à propos de la "salopitude" de certains présidents de la république ? Non, donc c'est une insulte.

      Amike

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  5. J'admets que la réputation d'une personne soit faite par autrui. Seulement quand des calomnies transforment le dévoué instituteur auquel son travail et ses résultats avaient valu l'estime d'un village viennent à le faire passer pour un monstre pédophile et qu'il se suicide (ça s'est vu), c'est tout de même un peu dommage, non ?

    Au-delà de ce genre de cas, ce que j'envisageais c'est que l'on puisse, au nom de la calomnie ou de la diffamation condamner toute expression qui serait en désaccord avec le "politiquement correct" sur la question de l'immigration.

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  6. Le terrassement m'égare : je voulais écrire :

    Seulement quand des calomnies transforment le dévoué instituteur auquel son travail et ses résultats avaient valu l'estime d'un village en un monstre pédophile et qu'il se suicide (ça s'est vu), c'est tout de même un peu dommage, non ?

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    1. Certes (voir "Le corbeau"...), mais ce n'est pas le sujet...

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  7. Peut-on imaginer que la présomption d'innocence...

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