Voici deux
conceptions du crime, de son châtiment, de sa réparation.
Dans la
première, se nomme crime, et seulement se nomme crime, toute agression commise
contre un être humain – contre l'intégrité de sa personne ou de ses biens.
La constatation de cette agression crée pour
la victime ( ou ses ayant-droits) un droit sur l'agresseur. Ce droit est
proportionnel au préjudice causé, et la victime est libre de l'exercer ou non (
libre de poursuivre cette réparation ou de l'abandonner ). La loi détermine le
contenu et les modalités d'exercice de ce droit sur l'agresseur.
Dans la seconde se nomme crime ( ou délit, ou
infraction, peu importe ici cette distinction formelle) tout ce qu'une loi
nomme crime, qu'il y ait ou non une victime humaine identifiable: le crime est
une offense contre la société.
Les
agressions contre les individus sont punies, et elles le sont que la victime le
veuille ou non – qu'elle pardonne à l'agresseur n'empêche pas le châtiment de
celui-ci. La peine prononcée contre l'agresseur peut être pécuniaire (une amende
au profit de l'Etat ) ou/et corporelle ( pendaison, emprisonnement, coups de
fouet...) , elle prime sur toute réparation due à la victime (ce que dit
l'adage: le pénal tient le civil en
l'état).
Selon cette
conception, l'agression est donc d'abord une atteinte à l'ordre social ( ce
qu'elle est effectivement ) et ensuite, accessoirement pourrait-on dire, une
atteinte à l'intégrité d'une personne ou de ses biens.
La loi
définit sans la moindre limitation autant d'actes ou de conduites comme
contraires à l'ordre social ( nuisibles à
la société, i-e à sa richesse commune, à sa puissance, à son image, à ses
croyances, à ses coutumes, à ses modes etc.) que peut l'imaginer le
législateur.
Ainsi
voit-on, ou a-t-on vu, ou verra-t-on, indiféremment nommer et réprimer comme crime:
L'homosexualité, le meurtre, le blasphème,
l'incendie volontaire, la publication de mauvais
livres, la consommation et le commerce d'opium, de poireaux, d'héroïne ou
de viande rouge, le port d'un voile dans la rue, les coups et blessures,
l'excés de vitesse , le dopage, le
viol, la possession de certains chiens, la pédophilie virtuelle, la détention d'armes, l'expression de
certaines opinions, le vol, la prostitution, le prêt à intérêt, les galipettes
en groupe, le suicide, la culture du cannabis, la cigarette dans les
restaurants et la destruction de hannetons protégés...
La liste est
sans fin : il n'y a pas ici de crime en-soi, dont la nature s'impose
univoquement, mais une création politique dont l'ampleur n'est entravée que par
la fatigue ou le défaut d'imagination du législateur.
Ce qui
motive cette création est l'évolution des mœurs, les demandes de l'opinion
publique, l'apparition de menaces, le
déficit du budget..., tout acte, toute conduite d'un individu peuvent être
prohibés sous la qualification de crime
dès que, je dois me répéter, le législateur estime que cet acte , cette
conduite, portent, ou peuvent, porter atteinte à la société ( ou même seulement
aux community standards américains ).
Je note en
passant que l'on trouvait nombre de crimes sans victimes dans les sociétés de
jadis: c'était essentiellement des
infractions à certains préceptes religieux , comme le travail du dimanche.
Entre ces deux conceptions, j'estime que
seule la première est juste; la
seconde se fonde sur la peur, l'envie, la cupidité et les superstitions, elle
prévaut donc aujourd'hui dans toutes les sociétés et elle assure le triomphe de
l'arbitraire le plus despotique sur le Droit.
"(ce que dit l'adage: le pénal tient le civil en l'état)."
RépondreSupprimerAbrogé, depuis la loi du 5 mars 2007...
Amike
Je ne lis pas les journaux...
RépondreSupprimeret cela ne change rien aux principes exposés ici.
Bonjour,
RépondreSupprimerVoilà un article informatif et une prise de position qui mériteraient une large diffusion pédagogique. Le public ne comprend rien à la justice parce que la justice est fondée sur ce type de concepts absurdes, tout droit sortis de l'imagination tordue de législateurs souvent plus pervers que cohérents. Bien sûr, que la primauté du crime contre la société ouvre à toutes les dérives, à commencer par l'élimination haineuse de la victime humaine qui en vient à faire les frais moraux et financiers du carnage.
Pardon de venir faire ici ma pub, mais vous trouverez un développement par l'exemple et nombre de réflexions dans le même esprit à travers ce témoignage/essai :
http://festin-de-haines.e-monsite.com
Cordialement,
Merci...
RépondreSupprimerCollaborez-vous à l'édition de Voltaire de la V. Foundation ?
Pas à l'édition de Voltaire. Plutôt spécialisé dans la révélation des "pauvres diables" de génie, peut-être par identification...
SupprimerAu rythme où la société va, bientôt sans doute, respirer du bon air et en rejeter du vicié sera qualifiable de crime envers Gaïa quand bien même aucune autre solution ne soit possible pour le maintien en vie biologique.
RépondreSupprimerUne des caractéristiques de ces crimes est leur propension à engendrer des amendes et autres compensations argentées adressées à l'Etat quand bien même personne ne voit le rapport.
Merci de ne pas oublier que les turpitudes des hommes politiques comme mentir effrontément à leurs assujettis, présenter des budgets insincères, bidouiller les chiffres, etc... ne sont JAMAIS des crimes...