Comme chaque matin, le
Président-que-le-monde-entier-nous-envie s'assit à son bureau pésidentiel,
ouvrit un tiroir présidentiel et en sortit un volume in-quarto relié en plein
maroquin rose et dont le plat de couverture était frappé des armes de la République.
Il ouvrit le volume et le posa devant lui sur
le sous-main de maroquin rose. Ce volume était un registre , qui avait un titre, dont la formulation avait été
décidée à la suite de nombreuses réunions avec des chercheurs, experts et
consultants, et après qu'eurent été écartées des expressions telles que res gestae ou livre de raison que le Président avait écoutées avec une moue à la
fois d'incompréhension et de désapprobation, le choix s'était arrêté à un
limpide Mon glorieux bilan.
Et, comme pour un registre comptable en
partie double, chaque double page était consacrée à un mois de l'année en
cours, celle de gauche portant la mention Excellent
, celle de droite moins excellent.
Depuis quelque temps, le Président regardait le
registre avec mélancolie. Si la colonne de droite était copieusement emplie,
celle de gauche était d'une blanche virginité, d'autant qu'il était arrivé
qu'un événement (une mesure, une initiative...) d'abord inscrit comme excellent dût, le lendemain, être effacé puis recopié à droite (moins excellent), comme il advint de la
déclaration d'amour à la sémillante Leonarda ou de la mise en vigueur de
l'ecotaxe.
Mais en cette belle matinée d'automne frais et
ensoleillé, le Président ne se sentit ébranlé de nul doute, et c'est avec la
certitude que ce fait au moins ne changerait jamais de colonne qu'il écrivit à
gauche : Triomphale libération des otages
réussie par moi, et sans versement de rançon
! Il était particulièrement content du point d'exclamation qui soulignait,
non seulement le succès de l'opération, mais la fidélité à sa promesse de ne
jamais négocier avec les méchants, et il décrocha son smartphone afin
d'ordonner que cette fermeté romaine fût proclamée à la face d'un peuple
admiratif.
Le
Président ferma les yeux, rêva à l'envolée spectaculaire de la hausse de sa
cote de popularité, puis attrapa la dernière édition du quotidien-de-référence
.
Un long
article était consacré à la libération des otages, expliquant de façon très
détaillée comment elle avait été obtenue , et cet article fournissait le
montant de la rançon-non-versée (une
vingtaine de millions d'euros ) , disait d'où venait cet argent, comment il
avait été acheminé, et précisait les noms de tous les protagonistes de la négociation-qui-n'avait-pas-eu-lieu.
Le
Président avait appris à réagir devant l'adversité. Il prit une gomme, jeta à
la colonne de gauche un regard d'amour déçu, et...
Vous croyez qu'il existe encore quelques naïfs pour s'imaginer qu'il est possible de libérer des otages sans payer ? À moins de le faire par la force des armes, évidemment.
RépondreSupprimerSérieusement ?
SupprimerJe suis persuadé qu'il y a beaucoup de naïfs pensant que l'on peut libérer des otages sans paiement ni violence, mais par la seule intercession présidentielle ( par ex. MM. Fabius et Ayrault et les électeurs socialistes).
Par la force des armes? Oh, mais c'est très vilain ce que vous suggérez là, Didier.
RépondreSupprimerNon, la violence n'arrange rien, jamais.
Ce qu'il faut c'est plus de dialogue, d'écoute, de compréhension. Et surtout plus de bisous pour tout le monde. Et pour cela nous avons le président adéquat.
Des bisous sonnants et trébuchants ?
SupprimerTrès excellent !
RépondreSupprimerVous venez d'inventer un système de notation propre à satisfaire parents, élèves et profs de l'Éducation Nationale. Quoique les profs utilisant trop le "moins excellent" pourraient se voir critiqués...
... et même traités de réactionnaires...
SupprimerUne page pour un mois d' action ? Pas bien ambitieux ou probablement sans illusion sur la réalité (cachée) de ses capacités... :|
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