En juillet 1789, à Paris, les troupes,
soudoyées par les agents du duc d'Orléans, se joignirent aux émeutiers tandis
que le roi refusait d'appeler les régiments fidéles; dans le même temps se
tenait une assemblée (les Etats-Généraux) dont, non la majorité, mais certains
membres étaient décidés , sans mesurer ni seulement imaginer les conséquences
de leurs actes, à bouleverser les structures mêmes de la société.
En juillet
1830, tandis que se tenait une Assemblée ( la Chambre) dont certains membres
étaient décidés à s'emparer du pouvoir par tous les moyens, à une émeute de rue
le roi ne sut opposer des forces suffisantes, tout en se refusant à faire venir
des régiments capables de mater le début
d'insurrection.
Plus
près de nous, au début de l'an 1958, une foule de policiers manifesta à Paris
aux cris de "députés à la Seine " ( plus tard, l'un de ces députés me
confia que ses collègues avaient "eu très peur"), de cet évènement,
il sembla, dans l'immédiat, ne rien résulter, mais le gouvernement avait
compris qu'il ne pourrait pas, en cas de besoin, compter sur "les forces
de l'ordre" pour le sauver. Peu après, en mai, à la suite d'une immense
manifestation sur le Forum d'Alger qui conduisit à la "prise" de
l'immeuble du Gouvernement général, des officiers généraux, soutenus par leurs
troupes, se mirent à la tête d'un "comité de salut public" détenteur
du pouvoir dans les départements
algériens, et bientôt en Corse; dans l'ombre, un ancien chef d'Etat, appuyé par
de puissants réseaux de fidèles, se préparait à recueillir les fruits de ce
coup d'Etat, et la IVème République disparut.
Mon propos n'est pas ici de dire les causes
premières ( ou la cause première) de ces révolutions, mais de rappeler quels
évènements les rendirent possibles, et ces évènements ont toujours eu pour
moteur des forces armées agissant
positivement ( émeutiers armés de
1789 et 1830, parachutistes de 1958 ) ou négativement (infidélité des troupes de
1789 et 1830, de la police en 1958 ) pour assurer, volens nolens, la victoire
d'ambitieux nichés dans les institutions qu'ils veulent détruire.
Aujourd'hui, alors que la grogne des "citoyens" se
transforme, pour des raisons multiples
et contradictoires , en un mécontentement
que bien des commentateurs affirment être le présage d'une révolte, il semble que la
situation ne soit en rien semblable à celle des années 1789, 1830 et 1958.
Certes , ne
manquent pas les ambitieux avides de se hisser au pouvoir, mais aucun d'entre
eux ne prétend y parvenir autrement que par le jeu des institutions, lequel jeu lui demande de patienter jusqu'en
l'an 2017, et de se contenter jusqu'alors de n'exister que par des discours.
Certes, il
se peut aussi que demain des manifestants , hier encore dispersés
routinièrement sans que les forces de
l'ordre leur montrent la moindre sympathie, s'emparent de quelque
préfecture – que l'actuel pouvoir, si déconsidéré soit-il, ne trouve aucune
troupe pour les en déloger serait une grande surprise.
Certes,
l'actuel locataire locataire de l'Elysée peut s'enorgueillir d'avoir enfin battu un record, celui de l'impopularité, mais cette impopularité ne concerne que sa
personne et épargne les institutions qui le protègent. Qu'il fasse le gros dos
, change quelques ministricules, abolisse ou amende, en signe d'écoute, non par reculade, des mesures mal comprises et des taxes mal
expliquées, qu'enfin il regagne la
faveur des medias influents en
épousant la plantureuse Leonarda, alors se calmera le vent mauvais et le
mécontentement redeviendra modeste grogne, berçant plus qu'interrompant le
sommeil présidentiel.
A moins
qu'un colonel de dragons ou de hussards encore inconnu n'estime qu'est venu le
temps d'un changement radical, et d'une Restauration.
Je serais assez partisan d'une restauration rapide, à condition toutefois que nul ne s'avise de la renommer fast food.
RépondreSupprimerTaverne ? Cabaret ?
SupprimerEstaminet ?
Supprimer" A moins qu'un colonel de dragons ou de hussards encore inconnu n'estime qu'est venu le temps d'un changement radical, et d'une Restauration."
RépondreSupprimerL'histoire réserve parfois des surprises... Qu'il devient facile de prévoir a posteriori.
Pas plus tard qu'hier, j'ai lu un long article où il était expliqué que loin d'être en progression, les idées "réactionnaires" étaient plutôt en recul (à condition bien entendu de considérer, en bon progressiste, que toute évolution est forcément de gauche). Toutefois, les études sur lesquelles se basait l'auteur et qui se terminaient en 2010 laissaient percevoir une radicalisation de la droite sur certains thèmes et qu'il semblait que ce phénomène aille depuis en s'accentuant sans que l'on puisse dire s'il s'agit d'une tendance passagère ou d'une tendance lourde....
Wait and see, qui vivra verra, et toutes ces sortes de choses....
SupprimerVous êtes un sage, un Philosophe (la majuscule n'arrive pas là par hasard mais s'inscrit dans votre discours) !
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