david in winter

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Editeur. Ecrivain. Dilettante

dimanche 30 juin 2013

Un sujet sans aucun intérêt : la "droite"



    Le substantif "droite" apparut à la fin de l'an de disgrâce 1789 pour désigner un groupe de députés qui se distinguaient en cédant chaque jour un peu plus aux exactions de la "gauche" ( autre substantif  nouveau ) , si bien que de concessions en reculades, ils s'effacèrent du paysage politique et, contrairement au chat de Cheschire, il n'en demeura pas même l'ombre d'un sourire. La plupart d'entre eux  réapparurent pourtant, brièvement, aux yeux du public, le temps de monter les marches de l'échafaud, d'autres, plus discrets, choisirent de se suicider pour échapper à leurs poursuivants, tels les imbéciles malfaisants Condorcet et Petion ( dont on retrouva le cadavre "rongé par les vers et les chiens").
     Sautons quelques siécles (deux) où vinrent et partirent, revinrent et repartirent de pitoyables avatars et regardons la droite d'aujourd'hui.
     Elle a pour principal mérite pour les citoyens qui lui apportent leurs suffrages d'être moins pire que la "gauche", c'est exact peut-être, mais ne tient pas compte de l'effet d'accumulation  que produit la politique de la "droite".
      Car lorsqu'elle arrive au pouvoir ( à peu près un coup sur deux ) , cette "droite" se garde bien d'abolir ces mesures instaurées par la "gauche", sur lesquelles, quand elle  était opposition, elle avait jeté les plus furieux anathèmes, et même, parfois, des critiques fondées.
     Non contente de rien corriger, et sans doute pour montrer qu'elle agit, elle s'amuse à promulguer , par petits jets ( et non par flots, comme la "gauche" ) , un peu de lois liberticides, un peu de spoliations nouvelles, entre deux discours annonçant de grandes réformes qui jamais ne naîtront.
    Et quand, chassée du pouvoir à force de décevoir ses naïfs partisans, s'en va la droite, son bilan est qu'elle n'a fait qu'aggraver ce qu'elle avait promis d'améliorer.
   Et pourquoi donc ? Parce que les politiciens de "droite" sont totalement dénués de force de caractère, et incapables de ne pas se courber devant les criailleries du petit peuple médiatique et les beuglements des aigrefins syndiqués.
  Ces observations ont été mille fois faites, et avec plus de talent, par de fort bons auteurs, et hélas fort inutilement, et je ne sais pas trop pourquoi, en ce beau dimanche ensoleillé, m'a pris la fantaisie de les redire.

samedi 29 juin 2013

Avenir radieux



  Selon une tendance fort répandue, qui est le fruit d'un regard distrait, le sieur Hollande et sa pléthorique domesticité ne seraient qu'une ordinaire troupe d'ambitieux imbéciles et incultes – erreur.
  S'il est vrai que ces hommes et assortiment de mégères promues par la seule grâce de l'idole parité sont gens de peu d'esprit et très-ignares, leur trait de caractère essentiel est d'être obstinément méchants , et ils sont méchants parce qu'ils sont des idéologues.
   L'idéologue est un individu qui se fait une idée de la réalité , idée formée non sur un examen de cette réalité , mais par une impression vague nourrie , non de raisonnement, mais de sentiment et d'émotions, et qui aboutit à un système.
  Ce qui s'ensuit est bien connu – l'idéologue entend (depuis Platon...)  que la réalité se modélera à l'Idée  grâce à des lois et des coups de bâton, la réalité résiste, nouvelles lois, nouveaux coups de bâton, mais la réalitè n'obéit pas, l'idéologue enrage, devient furieux, se prend de haine pour les hommes et les femmes qu'il juge coupables de cette absence de soumission du monde , et décide de les éliminer radicalement selon l'exemple du grand ancêtre Maximilien de Robespierre et de ces incarnations parfaites du socialisme en action que furent feus Joseph Staline, Adolf  Hitler et Mao Tsé-Tong.
   Ces réflexions me vinrent en lisant sur l'excellent "blog" Vu des collines de M. Jacques Etienne une citation d'une sorte d'oberführer chargé ministériellement  de détruire les dernières ruines de l'Ecole, citation qui exalte l'émergence d'un homme nouveau né de la Révolution et coupé de toute histoire ( "du passé faisons table rase"...) , qui doit être – car il sera imposé—l'homme d'aujourd'hui et de demain.
   Cet homme nouveau, cet homme authentiquement socialiste qui, petit bénéfice, réélira avec enthousiasme le sieur H. en 2017 , ne peut croître et prospérer que par la violence , et il me semble que quiconque exalte la Révolution en vient vite à rêver de dresser des échafauds.
  Je ne suis pas devin, et même si je vois aujourd'hui le début d'une férocité programmée dans la répression des opposants et la spoliation des derniers producteurs de richesse, il se peut que ces projets dictatoriaux s'écroulent dans un désastre d'une espèce encore inconnue, mais à qui m'objecterait que de telles horreurs ne sont plus possibles aujourd'hui je répondrai que je lis en ce moment beaucoup de mémorialistes du règne du malheureux Louis XVI  -- un temps où l'on pensait que des massacres semblables à ceux des guerres de religion n'étaient plus possibles aujourd'hui --  et je vois qu'en 1787 et même en 1788, les rêveurs de réforme et de remodelage de la société et de l'homme n'imaginaient qu'un avenir radieux béni par l'union enchantée du Roi et de son peuple.
   La guillotine les éveilla de ce songe.

vendredi 28 juin 2013

House of Cards ( USA) vs House of Cards (UK)



    Il y a deux mois, Mme Desgranges et moi-même avons découvert , grâce à un DVD de la BBC, la très remarquable série anglaise House of Cards (1990-1996 ),  tirée d'un roman de lord Dobbs, qui fut conseiller de Margaret Thatcher, vice-président du party tory, et est aujourd'hui auteur de best-sellers .
    House of Cards a pour héros le chef de la majorité aux Communes (whip ) qui, avec la complicité de son épouse,  ne recule devant aucun crime pour devenir ministre, et Premier ministre. Ian Richardson l'interprète avec un talent exceptionnel, se montrant à la fois enjôleur et sourdement menaçant, et nuançant sa violence d'une sorte de désinvolture aristocratique.
    L'atmosphère est volontairement shakespearienne – abondent les citations du Barde—et House of Cards a toute l'intensité et la puissance d'une tragédie politique ( les références à Richard III ne s'y trouvent pas par hasard).
    Puis nous apprîmes  l'arrivée prochaine de la première saison d'un remake américain très haut de gamme – budget de soixante millions de dollars ( ! ) , épisodes tournés par David Fincher ou Joel Schumacher, Kevin Spacey dans le rôle principal –  que nous attendîmes avec une curiosité mêlée d'une légère inquiètude. Le blu-ray US arriva la semaine dernière, et fut vite regardé .
    Les différences radicales entre les institutions anglaises et américaines nous paraissaient rendre toute tranposition délicate, les scénaristes ont le mérite de s'en tirer , non pas bien   (adieu Shakespeare... ) , mais pas trop mal, et nous jugeâmes satisfaisants les deux premiers épisodes, d'autant que tous les acteurs, même pour les troisièmes rôles, sont excellents, et la mise en scène d'une qualitè irréprochable.
    Mais hélas, mille fois hélas , alors que la série anglaise se compose de trois parties d'une durée de deux cents minutes chacune, les producteurs ont eu l'idée aberrante de faire durer cette première saison  ...  sept cent quatre-vingts minutes.
    Pour étirer en treize heures ce qui en durait originellement un peu plus de trois, les scénaristes ont multiplié les intrigues secondaires aux thèmes puisés dans la routine des sitcoms hollywoodiennes – mornes adultères, désir contrarié de maternité , passage chez les AA  (Abrutis Anonymes ), prostituée violée par son père, etc. ad nauseam. Le tout saupoudré de la sempiternelle morale puritaine/progressiste – le pécheur ( un monsieur qui fume, boit du whisky et se tape des putes ) doit non seulement expier ses fautes, mais les confesser publiquement en pleurnichant qu'il est sorry, very sorry tout en demandant pardon à ses enfants.
    Résultat évident ( et prévisible ) : étouffée entre des digressions sirupeuses, l'intrigue principale s'effiloche et, coincée entre mélasse, guimauve et niaiseries, elle perd toute force pour s'échouer aux dernières minutes en une accumulation de suspenses plats destinés à vendre la deuxième saison (en tournage).
  Hollywood Hollywood...

jeudi 27 juin 2013

Paille, poutre et achat de voix.




    Tandis que détrousseurs de vieilles dames, monte-en-l'air et vide-goussets folâtrent librement, un  escadron de sbires et torquemadas assortis ont pris dans leurs rêts un redoutable et très-vilain criminel  -- un acheteur de voix.
     C'est là l'affaire du présent quart d'heure ( dont la finalitè réelle est d'emmouscailler le propriétaire du seul quotidien de pourtant bien modeste opposition, mais ceci est une autre histoire ) et qui, dans son énoncé médiatique, demande un léger éclaircissement.
     Achat de voix  signifie qu'un individu a donné des sous à un citoyen pour que, en échange, celui-ci lui apporte son suffrage à une quelconque élection à laquelle l'acheteur est candidat ( pour les jeunes bacheliers, je précise qu'il faut obtenir beaucoup de suffrages, et même plus que les concurrents, pour être proclamé élu de la République ).
     Où est le crime ?
     Un citoyen est propriétaire de son suffrage, sinon il serait dans l'incapacité de l'exprimer , et, en tant que propriétaire il a un droit parfaitement légitime de vendre ce suffrage, qui est son bien , à quiconque souhaite le lui acheter ; corollaire: un autre individu a également un droit parfaitement légitime d'acheter le suffrage mis en vente.
    ( Quant à l'idéologie vicieuse qui a institué une loi scélérate prohibant cet échange très-démocratique, je m'en occuperai, ou non, un autre jour ).
    Revenons à nos libres commerçants juste pour noter que c'est avec son propre argent que l'acheteur acquiert des suffrages.
     Observons maintenant une autre élection, d'une plus vaste étendue, dans laquelle, au hasard parmi une flopée de candidats eiusdem farinae , un sieur Hollande postule à la victoire. Que fait ce sieur Hollande ? Il achète les voix des fonctionnaires en les assurant que, lui élu, ils seront certains de percevoir leur traitement jusqu'à leur dernier souffle, dussent-ils survivre quatre ou cinq décennies après leur retrait du service, il achète les voix d'un troupeau d'histrions aigris et de marchands de spectacles sans spectateurs en leur jurant que, lui élu, ils se gaveront de pensions, subventions et prébendes, il achète les voix de fainéants analphabètes en leur garantissant que, lui élu, leur seront octroyés des postes de maîtres d'école, avec salaire assuré jusqu'à la tombe..., etc., etc.
   Contrairement à notre premier acheteur, ce n'est pas avec son propre argent que le sieur Hollande ( ou tout autre semblable politicien ) paye les voix qu'il achète, mais avec un argent pris dans la poche d'autrui sous la menace des armes ( ce qui est la violence légitime de l'Etat selon Max Weber ) .
   Moralitè : qui vole pour acheter des voix est assuré de l'impunité.

mercredi 26 juin 2013

Transparence citoyenne



    Cachée entre soubresauts et rebondissements de diverses affaires qui assurent le gagne-pain quotidien de multiples juges rouges, argousins de basse police et folliculaires de cette presse de caniveau ( gutter press ) qu'incarne avec éclat Le Monde , s'est timidement montrée la conclusion d'un bel assaut de démagogie vertueuse, citoyenne et éthique.
    Remontons un peu en arrière.
      Un ami proche de l'actuel souverain, et nommé pour cette raison gardien de la cassette républicaine, démocratique et solidaire, avait eu la bête maladresse de se faire prendre à frauder l'institution même qu'il était chargé, moyennant un gras traitement, de défendre. Pendant que l'imprudent était vigoureusement chassé du sérail après avoir été aspergé de purin éco-responsable, le troupeau des politiciens de tous bords se répandit en protestation d'honnêteté, d'intégritè et même d'innocence ( dans le sens où l'on appelait innocent l'idiot du village ) et, pour prouver la sincèrité de leurs protestations et dénégations , les représentants du peuple souverain  annoncèrent le prochain vote d'une loi assurant la publicité de leurs patrimoines.
    Après diverses tractations de coulisses, cette loi vient de voir le jour – elle a pour principal effet de punir d'une peine d'un an de prison  quiconque aurait l'audace de publier le patrimoine d'un élu.
   Acta est fabula.