david in winter

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Editeur. Ecrivain. Dilettante

jeudi 31 octobre 2013

En défense des proxénétes



   Afin de sacrifier au dieu Parité , dont le courroux s'exprime par ces articles perfides de medias subventionnés ou ces communiqués malveillants d'associatifs également subventionnés qui sont menaces de désaffection électorale, le Président tout frais intronisé s'en alla chercher dans les poubelles de sa secte un lot de harpies et mégères à qui il fit don de certaines de ces places nommées ministères, qui sont lieux de fortune et de pouvoir.
   Conscientes d'avoir été choisies non pour leur mérite mais pour une singularité de leur anatomie, ces femelles s'empressérent de tenter de dissimuler cette tare originelle en faisant preuve d'une activité législatrice dont la malveillance ègale le ridicule, mais s'inscrit dans le vaste programme socialiste de prohibition des activités humaines les plus légitimes, conformément aux diktats d'une idéologie perverse.
  L'une de ces ministresses vient de décider d'interdire un métier, d'origine ancienne, consistant à vendre des services de nature sexuelle  que, par souci de concision, je me garderai d'énumérer. Ce métier a , dans la plupart des cultures (pas toutes, mais les exceptions sont rares ), mauvaise presse, pour des raisons nées de la jalousie, de l'envie et de la méchanceté puritaine, mais son exercice s'est toujours maintenu, entre persécution et tolérance.
  Au moment de promulguer une loi l'interdisant, la ministresse a découvert qu'il était pratiqué par des femmes ( il peut l'être aussi par des hommes, ce fut oublié ) et que, promoteuse officielle de mystérieux et inégalitaires droits des femmes , elle risquait de se trouver accusée de nuire à celles-là même qu'elle doit combler de privilèges.
  Après diverses réunions avec des sociologues, ethnologues et charlatans psys, il fut donc décidé d'envoyer au bagne les acheteurs de ces plaisants services dits clients . Ainsi, les femmes exerçant ce commerce demeureraient parfaitement libres de le continuer, sauf que la crainte du gendarme les priverait de tout client.
  Cette nouvelle loi absolument liberticide a provoqué les protestations argumentées des derniers défenseurs  (femmes et hommes ) de la dignité et de la responsabilité humaines, ce qui leur a valu de recevoir des bordées d'injures émises par les habituels associatifs stipendiés et gens de médias prostituant leur discours au pouvoir.
  Il est regrettable que certains de ces hérauts de la liberté aient cru devoir assortir leur défense de la prostitution d'une condamnation du proxénétisme, allant jusqu'à réclamer les châtiments les plus rigoureux contre les proxénétes.
   Un proxénète est une personne , homme ou femme, à qui une prostituée remet une partie,  variable, de ses gains. Cela  peut être effectué pour de multiples raisons , par exemple en échange d'une protection  (c'est le  paiement d'un service) ou pour faire plaisir à l'être aimé,  ou encore en rémunération d'un partage des tâches : pendant que madame s'épanouit dans un travail libérateur et fructueux, monsieur, à la maison, passe l'aspirateur, prépare le souper et torche les marmots en laborieux homme au foyer, tel que le prônent les féministes.
  Un jour, ancien, un tel homme, venant déjeuner chez nous avec sa compagne, ou gagneuse,  nous apporta un immense et superbe rosier en pot; madame ma femme et moi essayèrent d'estimer combien de passes en avaient permis l'achat , nous n'osâmes nous en enquérir et nous satisfîmes d'une conversation plaisante et variée avec un couple incarnant le bonheur conjugal ( le rosier du vice prospéra et fleurit longtemps sur notre balcon).
   Je me liais aussi, dans un bar de nuit, avec un honnête homme  qui vivait bourgeoisement, dans notre paisible quartier d' Auteuil,  des recettes de deux hétaïres placées dans le quartier Saint-Denis; il était pére de famille, et fier que lui, parti de rien, fût parvenu à inscrire ses enfants dans de huppés collèges catholiques.
   Les hasards de la vie me firent perdre de vue ces deux proxénétes, hommes d'agréable compagnie, qui n'étaient pas des brutes et avaient le bonheur de payer pour seul impôt les billets qu'ils glissaient aux argousins chargés de les emprisonner.
    La scélératesse de la loi ne se borne pas à pourchasser quiconque bénéficie des largesses que lui offre volontairement une courtisane, ainsi privée de la liberté fondamentale de faire ce qu'elle souhaite de ses gains, elle s'abat aussi sur toute personne qui vit, habite, demeure avec une telle travailleuse sans même en recevoir un sol, et de ce proxénétisme de cohabitation sont victimes de nombreuses femmes aimées d'autres femmes qui se reposent dans la douceur d'étreintes unisexe de trop mâles et tarifées ardeurs.
    Pis encore, le législateur inventa le proxénétisme hôtelier , délit auquel succombe tout détenteur d'un logement dans lequel, parfois à son insu, une dame monnaye ses charmes. (Ce délit arrondit les fins de mois de certains policiers qui ferment les yeux tout en ouvrant une main aux doigts avides, et sa suppression ne manquerait pas de provoquer des clameurs syndiquées).
    Tels sont ces proxénétes désignés à la vindicte publique et promis aux galères.
    --Mais mais... malheureux et naïf anarchiste, ignorez-vous que...
     Non, je n'ignore pas qu'il existe des malfaiteurs cruels qui séquestrent, battent, torturent des malheureuses afin de livrer leurs pauvres corps à peine nubiles aux  ardeurs vacillantes de vieillards luxurieux, mais ces crapules sont coupables de crimes réels , de crimes que répriment de multiples articles de tous les codes pénaux de tous les pays : ce n'est pas envers eux un prétendu délit de proxénétisme qu'il faut châtier, mais une réelle et abjecte violence, qu'il serait juste de punir du fouet et de la corde.
    Interdire le proxénétisme parce qu'il se trouve qu'un proxénéte soit un criminel est comme interdire la plomberie s'il se trouve qu'un plombier soit un assassin.

mercredi 30 octobre 2013

Triomphe présidentiel ( ? )



  Comme chaque matin, le Président-que-le-monde-entier-nous-envie s'assit à son bureau pésidentiel, ouvrit un tiroir présidentiel et en sortit un volume in-quarto relié en plein maroquin rose et dont le plat de couverture était frappé des armes de la République.
   Il ouvrit le volume et le posa devant lui sur le sous-main de maroquin rose. Ce volume était un registre , qui avait un titre, dont la formulation avait été décidée à la suite de nombreuses réunions avec des chercheurs, experts et consultants, et après qu'eurent été écartées des expressions telles que res gestae ou livre de raison que le Président avait écoutées avec une moue à la fois d'incompréhension et de désapprobation, le choix s'était arrêté à un limpide Mon glorieux bilan.
   Et, comme pour un registre comptable en partie double, chaque double page était consacrée à un mois de l'année en cours, celle de gauche portant la mention Excellent , celle de droite moins excellent.
   Depuis quelque temps, le Président regardait le registre avec mélancolie. Si la colonne de droite était copieusement emplie, celle de gauche était d'une blanche virginité, d'autant qu'il était arrivé qu'un événement (une mesure, une initiative...)  d'abord inscrit comme excellent dût, le lendemain, être effacé puis recopié à droite (moins excellent), comme il advint de la déclaration d'amour à la sémillante Leonarda ou de la mise en vigueur de l'ecotaxe.
   Mais en cette belle matinée d'automne frais et ensoleillé, le Président ne se sentit ébranlé de nul doute, et c'est avec la certitude que ce fait au moins ne changerait jamais de colonne qu'il écrivit à gauche : Triomphale libération des otages réussie par moi, et sans versement de rançon ! Il était particulièrement content du point d'exclamation qui soulignait, non seulement le succès de l'opération, mais la fidélité à sa promesse de ne jamais négocier avec les méchants, et il décrocha son smartphone afin d'ordonner que cette fermeté romaine fût proclamée à la face d'un peuple admiratif.
   Le Président ferma les yeux, rêva à l'envolée spectaculaire de la hausse de sa cote de popularité, puis attrapa la dernière édition du quotidien-de-référence .
   Un long article était consacré à la libération des otages, expliquant de façon très détaillée comment elle avait été obtenue , et cet article fournissait le montant de la rançon-non-versée (une vingtaine de millions d'euros ) , disait d'où venait cet argent, comment il avait été acheminé, et précisait les noms de tous les protagonistes de la négociation-qui-n'avait-pas-eu-lieu.
   Le Président avait appris à réagir devant l'adversité. Il prit une gomme, jeta à la colonne de gauche un regard d'amour déçu, et...

mardi 29 octobre 2013

Révolution ?



   En juillet 1789, à Paris, les troupes, soudoyées par les agents du duc d'Orléans, se joignirent aux émeutiers tandis que le roi refusait d'appeler les régiments fidéles; dans le même temps se tenait une assemblée (les Etats-Généraux) dont, non la majorité, mais certains membres étaient décidés , sans mesurer ni seulement imaginer les conséquences de leurs actes, à bouleverser les structures mêmes de la société.
    En juillet 1830, tandis que se tenait une Assemblée ( la Chambre) dont certains membres étaient décidés à s'emparer du pouvoir par tous les moyens, à une émeute de rue le roi ne sut opposer des forces suffisantes, tout en se refusant à faire venir des régiments  capables de mater le début d'insurrection.
   Plus près de nous, au début de l'an 1958, une foule de policiers manifesta à Paris aux cris de "députés à la Seine " ( plus tard, l'un de ces députés me confia que ses collègues avaient "eu très peur"), de cet évènement, il sembla, dans l'immédiat, ne rien résulter, mais le gouvernement avait compris qu'il ne pourrait pas, en cas de besoin, compter sur "les forces de l'ordre" pour le sauver. Peu après, en mai, à la suite d'une immense manifestation sur le Forum d'Alger qui conduisit à la "prise" de l'immeuble du Gouvernement général, des officiers généraux, soutenus par leurs troupes, se mirent à la tête d'un "comité de salut public" détenteur du pouvoir dans les départements algériens, et bientôt en Corse; dans l'ombre, un ancien chef d'Etat, appuyé par de puissants réseaux de fidèles, se préparait à recueillir les fruits de ce coup d'Etat, et la IVème République disparut.
   Mon propos n'est pas ici de dire les causes premières ( ou la cause première) de ces révolutions, mais de rappeler quels évènements les rendirent possibles, et ces évènements ont toujours eu pour moteur des  forces armées agissant positivement ( émeutiers armés de 1789 et 1830, parachutistes de 1958 ) ou négativement (infidélité des troupes de 1789 et 1830, de la police en 1958 ) pour assurer, volens nolens, la victoire d'ambitieux nichés dans les institutions qu'ils veulent détruire.
   Aujourd'hui, alors que la  grogne des "citoyens" se transforme,  pour des raisons multiples et contradictoires , en un mécontentement que bien des commentateurs affirment être le présage d'une révolte, il  semble que la situation ne soit en rien semblable à celle des années 1789, 1830 et 1958.
   Certes , ne manquent pas les ambitieux avides de se hisser au pouvoir, mais aucun d'entre eux ne prétend y parvenir autrement que par le jeu des institutions, lequel jeu lui demande de patienter jusqu'en l'an 2017, et de se contenter jusqu'alors de n'exister que par des discours.
   Certes, il se peut aussi que demain des manifestants , hier encore dispersés routinièrement sans que les forces de l'ordre leur montrent la moindre sympathie, s'emparent de quelque préfecture – que l'actuel pouvoir, si déconsidéré soit-il, ne trouve aucune troupe pour les en déloger serait une grande surprise.
   Certes, l'actuel locataire locataire de l'Elysée peut s'enorgueillir d'avoir enfin  battu un record, celui de l'impopularité,  mais cette impopularité ne concerne que sa personne et épargne les institutions qui le protègent. Qu'il fasse le gros dos , change quelques ministricules, abolisse ou amende, en signe d'écoute, non par reculade, des mesures mal comprises et des taxes mal expliquées,  qu'enfin il regagne la faveur des medias influents en épousant la plantureuse Leonarda, alors se calmera le vent mauvais et le mécontentement redeviendra modeste grogne, berçant plus qu'interrompant le sommeil présidentiel.
   A moins qu'un colonel de dragons ou de hussards encore inconnu n'estime qu'est venu le temps d'un changement radical, et d'une Restauration.

lundi 28 octobre 2013

Menace sur les tomates ?



   Par un article du bon h16, infatigable pourfendeur de balivernes étatiques ( et auteur de deux livres publiés aux Belles Lettres – Egalité, Taxes, Bisous et Petit dictionnaire incorrect mais vaillamment illustré – qui permettent de se venger par le rire), j'apprends que le vigilant M. Législateur prépare une nouvelle loi afin d'interdire la vente ( et sans doute la détention) d'encens et de bougies parfumées.
  C'est là un effet d'une révolution scientifique, honneur de nos temps aussi lumineux qu'éclairés, dont il est utile de rappeler les fondements.
  Une multitude de chercheurs, après avoir consacré leurs jours et leurs nuits aux plus périlleuses expériences et en avoir analysé et synthétisé les surprenants résultats, sont arrivés  à cette conclusion dont le caractère novateur s'unit à la simplicité fondamentale : tout principe actif peut agir.
   Explicitons, pour les béotiens.
   Tout corps physique ( le corps mystique étant aujourd'hui hors sujet) se compose d'un certain nombre d'éléments, à l'exception des corps purs, que l'on rencontre plus dans les laboratoires que dans la nature.
  Pour donner un exemple domestique, les cigarettes que je fume avec délice, mais dont la loi m'interdit d'écrire la marque sous peine de galères,  se composent de 10 mg de goudron, 0,9 mg de nicotine et 10 mg de monoxyde de carbone ( sans doute aussi d'un peu de tabac et de papier, mais j'attends une prochaine étude pour en avoir la certitude ) ou, autre exemple, ces biscottes que j'émiette pour les carpes se composent de sucre, huile de colza, levure, dextrose, sel et acide ascorbique, avec des traces de sésame.
  D'autres exemples se trouvent aisément dans les manuels de chimie ou de science naturelle, j'y renvoie la lectrice curieuse, et vais tenter d'expliquer le stupéfiant phénomène que peuvent déclencher ces éléments en me limitant à l'animal supérieur appelé être humain ( tant pis pour les minéraux, végétaux et animaux inférieurs).
   La démonstration peut paraître ardue, et une grande attention est requise pour en bien saisir tout le mécanisme.
  Lorsqu'un être humain absorbe l'un de ces éléments, en le mangeant, en le buvant, parfois en le respirant, ou même en le touchant s'il a l'épiderme poreux ou quelque trou dans la peau, il se produit sur son organisme un effet ( autrement dit : un principe actif agit ).
   Cette absorption peut être volontaire ou involontaire ( ainsi par l'antique et barbare supplice de l'eau).
   Autre exemple d'absorption involontaire : une épouse facétieuse a, sans vous prévenir, mis de l'arsenic dans la sauce béchamel dont vous souhaitez vous régaler, vous ingérez cet arsenic sans en avoir exprimé la volonté ( ni même le désir ou l'intention ) , c'est donc là ce que les scientifiques nomment absorption involontaire.
  Pour ce qui est de l'absorption volontaire, c'est ici votre volonté ( parfois même un vague désir ou une molle intention) qui vous a décidé à manger des tomates ou renifler de la cocaïne. Pourquoi un individu a-t-il la volonté d'introduire dans son organisme des tomates ou de la cocaïne ? Parce qu'il sait que ces goumandises contiennent un élément qui agira sur son organisme ( un principe actif donc) en lui apportant une satisfaction (saveur agréable, gaie excitation ou, pour l'encens et les bougies parfumées, odeur délicieuse, etc.).
  L'action de cet élément varie en fonction de nombreux facteurs, dont je ne citerai que deux: la quantité d'élément ingéré en une ou plusieurs fois d'une part et , d'autre part, la constitution de l'organisme récepteur.
  De ces facteurs, qui agissent isolément ou interagissent, il résulte des effets qui seront , ou ne seront pas, les effets escomptés – ainsi, M. Martin éprouve un grand bonheur à manger deux tomates, mais ce même M. Martin éprouvera un malaise s'il en avale une centaine en un quart d'heure, tandis que M. Durand ira vomir à la première bouchée de ce fruit, etc. Trivialement : tout ce que l'on absorbe peut faire du bien ou du mal. Ce qui vaut aussi pour l'absorption involontaire : je me délecte du fumet du cigare de mon voisin tandis que le parfum de chou-fleur règnant soudain dans la cuisine m'envoie faire un tour au village.
  Jusqu'à la révolution scientifique actuelle, les êtres humains, sans se soucier de théorie ni de lire les études des chercheurs, apprenaient par l'expérience, la leur propre ou celle d'autrui, quelle quantité d'un produit quelconque ils pouvaient ingérer en fonction des spécificités de leur organisme pour n'en recueillir que les avantages, et non les désagréments ( maladie exotique, mort subite, etc.) et quel produit leur nouait l'aiguillette (rendait bréhaignes les dames) ou leur faisait apparaître des cors aux pieds. Ainsi, dans leur immense majorité (sinon l'espèce humaine eût disparu autour de l'âge de pierre), ces humains se conduisaient en individus responsables, conscients des éventuelles conséquences, heureuses ou malheureuses, de leurs actions.
  Et sans s'insurger contre le danger potentiel que présente... tout – tout ce qui se trouve dans la nature ou que produit l'industrie humaine.
   L'existence de ce danger potentiel ( je mets les points sur les i : la possibilité d'une conséquence peut-être éventuellement néfaste dans certains cas ) étant désormais établi scientifiquement, il était naturel que, dans sa grande bienveillance unie à son souhait de supprimer le moindre sentiment de responsabilité , M. Législateur intervînt pour en protéger ses sujets.
  Mais pourquoi procéde-t-il par petites touches, annonçant la prohibition de ceci pour promulguer ensuite l'interdiction de cela au lieu d'édicter une seule et belle loi qui bannirait en un unique article tout ce qui peut être avalé, touché, respiré ( et même vu) ?
  Paresse? Attente de nouvelles études de chercheurs ? Surcharge de travail?
  Ou pour se donner le temps de préparer la loi définitive qui, considérant non plus l'objet ingéré mais le corps ingérant,  abolirait radicalement le danger en interdisant une bonne fois pour toutes aux êtres humains  d'avaler, toucher et respirer ?