Il est à craindre que ne soit jamais tournée la
seconde saison de la bouleversante sitcom
intitulée Le Boudin magique, ou les
fabuleuses aventures de Leonarda au pays des subventions; le trailer diffusé
hier qui montrait la rayonnante héroîne en proie aux affres de l'incertitude –
"J'y retourne-t-y ? J'y retourne-t-y pas ?"—tout en machouillant des
loukoums n'a, hélas, guère fait frémir l'audimat, d'autant que tout ce qui
pense et commente glosait au même moment sur l'incroyable révélation que les espions espionnent.
Privé de ces
jeux que le gouvernement offre au peuple tout en lui volant son pain, je me
consolai en relisant la Politique
d'Aristote, dans l'exacte traduction de M. Jean Aubonnet, et y trouvai ( Livre
I, viii, 7 ) cette observation :
"Il en
va de même des hommes: il y a en effet grande diversité dans leur genre de vie;
les moins actifs sont nomades : la nourriture qu'ils tirent des animaux
domestiques leur vient sans peine et tout à loisir."
Remplacez
"animaux domestiques" par "contribuables gaulois" – c'est
pour notre temps qu'écrit Aristote.
Un peu plus
loin ( V, ix, 11) me frappa cette notation :
"Dans
quelques cités, les oligarques [ aujourd'hui appelés énarques ou élus]
prononcent ce serment: "A l'égard du peuple, je serai malveillant, et je
déciderai contre lui tout le mal que pourrai."
Tout en
déplorant que le Stagirite ait omis de nommer les cités concernées, je regrette
que cet usage se soit perdu, obligeant ainsi les gouvernants à mentir sur le
sort qu'ils réservent à leurs sujets, mensonge dont les effets ne profitent d'ailleurs
à personne : s'attendant à être comblé des bienfaits promis, le peuple éprouve,
en se voyant persécuté par des lois scélérates et ruiné par les impôts
(fonctionnaires et allogénes exceptés), une surprise désagréable , qui souvent
le conduit à chasser ceux à qui il a offert le pouvoir suprême, ce sont là des
maux qu'une franchise antique eût aisément évités.
Mais... nos
modernes oligarques savent-ils ce
qu'ils disent ? Cherchons un début de
réponse à cette interrogation dans l'œuvre de Ludwig Wittgenstein -- philosophe particulièrement soucieux de résoudre le
troublant "que dit-on lorsque l'on dit quelque chose?"--, non dans
son trop fréquenté Tractatus
logico-philosophicus mais dans son court traité De la certitude (traduction
de M. Jacques Fauve, Paris, 1965), et je cite ( 3-4-51) :
"Qu'en
serait-il si au lieu des mots : " Je sais que ceci est un arbre" ,
nous avions les mots : "On sait aujourd'hui qu'il y a plus de... sortes
d'insectes"? D'un homme qui formulerait
tout d'un coup une telle proposition, hors de tout contexte, il serait
loisible d'estimer qu'il a entre-temps pensé à tout autre chose et qu'il est en
train de formuler tout haut une proposition appartenant au cours de ses
pensées. Ou encore : qu'il est entré en transe et qu'il parle sans comprendre
ce qu'il dit."
Et voici
éclairci le mystère de récentes allocutions présidentielles.
Tout s'explique !
RépondreSupprimerUne fois de plus, heureusement que vous êtes là !
RépondreSupprimerSi le raisonnement tient a route, je trouve tout de même que notre timonier a la transe bien molle
RépondreSupprimerTiens, j'ignorais que les fonctionnaires ne payaient pas d'impôts.
RépondreSupprimerUn marxiste est d'abord un ignorant.
SupprimerTrès drôle. Et "tout anticommuniste est un chien", ça marche aussi, comme réponse à deux balles ?
SupprimerN'essayez pas de ruser avec moi, c'est au-dessus de vos moyens.
Admettez humblement votre erreur et je vous pardonnerai. Je ne suis pas un monstre.