david in winter

david in winter

Editeur. Ecrivain. Dilettante

jeudi 10 octobre 2013

Notre amie la Dette : retour, et hold-up sur nos économies



  Il existe un bel organisme international qui a acquis, ces dernières années, une enviable notoriété auprès des lecteurs de la presse pipole grâce aux aventures galantes de son président (destitué) et aux lettres de midinette écrites à un frétillant chef d'Etat par sa présidente en service.
  Cet organisme se nomme "FMI" et a pour mission de secourir les plus criantes misères financières de la planète, c'est-à-dire les soucis de trésorerie de divers gouvernements ( soit tous les gouvernements existants moins les Chinois, les Qataris et autres états qui ont plus de pétrole que de population). Ce FMI dispose de beaucoup de jolis bureaux où sont logés une nuée de fonctionnaires internationaux nommés analystes, prévisionnistes et même pour certains économistes, sans doute pour faire rire quiconque s'est donné la peine d'apprendre ce qu'est la science économique en lisant les œuvres de Ludwig von Mises ou de Hayek.
   L'autre jour,en bavardant à la cafeteria entre collègues tout en feuilletant de vieux dossiers et autres rapports de synthése, certains de ces analystes etc. ont découvert que divers Etats qualifiés d' "avancés" – autrement dit : Etats-Unis et Europe – étaient non seulement endettés, mais même beaucoup endettés, et que leurs monceaux de dettes représentaient un danger.
   Cette révélation entraîna réunions, déjeuners de travail et nuits de brainstorming, et de l'activité de toutes ces cellules grises est né un document publié hier, intitulé Taxing times (l'américain simplifié est la langue de l'institution) et qui propose une solution simple et efficace pour réduire le méchant endettement étatique : piquer dix pour cent de l'épargne des citoyens.
  Concrétement : vous avez dix mille pistoles sur votre compte en banque, et hop! soudain vous n'en avez plus que neuf mille, les mille manquantes étant parties dans les caisses de votre vénéré gouvernement.
   Les FMI boys ( and girls, maybe ? ) ont entouré cette  proposition de précautions oratoires afin d'en atténuer un caractère que certains pourraient qualifier de désinvolte, d'abord en demandant à un universitaire californien de recenser des précédents historiques, afin de montrer que la pratique antérieure d'une telle ponction n'a pas empêché la terre de tourner, ensuite en affirmant qu'il ne s'agirait que d'un one off, ou en français  coup unique, chacun sachant que lorsqu'un impôt est institué il n'est jamais renouvelé ni prolongé, mais aboli sitôt que perçu.
   Je ne sais pourquoi a été omis l'exemple, pourtant récent, des citoyens chypriotes dont les comptes en banque ont été victimes d'un élégant hold-up étatique sans que leur île ne s'engloutît dans la Méditerranée , ce fut là un ballon d'essai dont le succès annonçait de plus vastes entreprises, les voici, revêtues cette fois du sceau d'une autorité prestigieuse.
  Mais, remarquerons les optimistes, il ne s'agit là que d'une proposition, et sans doute ne sera-t-elle pas adoptée en l'état,-- de cela je ne doute pas, je pense même qu'elle n'entrera en vigueur qu'après une phase de concertation avec d'habituels complices, au terme de laquelle le taux de 10% pourrait être ramené à un taux acceptable de 9,9 ou même 9,8%.
  Maintenant, que faire pour préserver les sous que vous avez économisés pour vos vieux jours, dans la crainte que le gouvernement ne vous verse pas la retraite  promise en échange de vos cotisations forcées?
  Ces sous sont confiés à votre banque où vous pouvez aller les échanger contre du liquide, opération qui, conformément aux lois en vigueur, sera aussitôt dénoncée au fisc, qui saura bien venir chez vous pour prendre vos billets.
    Pas de billets, donc, mais... de l'or ? Hélas, les transactions sur ce métal sont férocement surveillées,  et vous pouvez être certain que vos louis ou napoléons n'échapperont pas aux griffes des prédateurs étatiques.
   Des diamants ? C'est plus discret ( quoique...) mais pourrez-vous payer votre café ou votre salade à l'épicier voisin en échange d'une jolie pierre ?
   Les objets de collection ? Des cuillères à absinthe ou des bébés Jumeau que vous revendrez sur e-bay au fur et à mesure de vos besoins ? Eh non! Les comptes Paypal sont tout autant surveillés que les comptes bancaires nationaux, comme le montre la mésaventure récente d'un semblable collectionneur condamné en justice à une amende pour avoir détenu quelque monnaie chez Paypal.
   Résignez-vous,  habituez-vous à voir votre patrimoine amputé, et surtout , consolez-vous : la dette, cette vilaine verrue sur les comptes de la Nation, ne sera plus dangereuse. Grâce à votre aimable contribution, elle sera même, selon de très scientifiques calculs de nos experts internationaux, réduite de 1.927 milliards d'euros , son niveau actuel, à seulement 1.700 milliards de ces euros (environ), et ne sera ainsi plus que clopinettes.
   Ensuite, toujours selon nos charitables analystes, le gouvernement, redevenu vertueux, pourra,  satisfaisant désormais aux comiques critères européens qui lui permettent de dépenser plus qu'il n'encaisse ( à hauteur d'environ 6% de déficit par rapport à ses revenus ), continuer à distribuer allègrement l'argent qu'il n'a pas  -- et recommencer avec une parfaite bonne conscience à faire de nouveau grossir et grossir notre amie la Dette.

4 commentaires:

  1. je viens de découvrir votre livre, grâce à mon ami Corto, j'ai hâte de le lire car il m'en a dit grand bien

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merveille et miracle ! .... Une lectrice ! Merci merci !
      (et merci aussi à Corto).

      Supprimer
  2. Un coup unique, ce ne serait pas plutôt un one shot ?

    RépondreSupprimer
  3. Pour dire :, tirer un coup ?
    Les comiques du FMI emploient bien one off pour marquer le caractère unique, non-répétitif du hold up projeté -- hi hi !

    RépondreSupprimer