Il existe un
bel organisme international qui a acquis, ces dernières années, une enviable
notoriété auprès des lecteurs de la presse pipole grâce aux aventures galantes
de son président (destitué) et aux lettres de midinette écrites à un frétillant
chef d'Etat par sa présidente en service.
Cet
organisme se nomme "FMI" et a pour mission de secourir les plus
criantes misères financières de la planète, c'est-à-dire les soucis de
trésorerie de divers gouvernements ( soit tous les gouvernements existants moins
les Chinois, les Qataris et autres états qui ont plus de pétrole que de
population). Ce FMI dispose de beaucoup de jolis bureaux où sont logés une nuée
de fonctionnaires internationaux
nommés analystes, prévisionnistes et même pour certains économistes, sans doute pour faire rire quiconque s'est donné la
peine d'apprendre ce qu'est la science économique en lisant les œuvres de
Ludwig von Mises ou de Hayek.
L'autre
jour,en bavardant à la cafeteria entre collègues tout en feuilletant de vieux
dossiers et autres rapports de synthése,
certains de ces analystes etc. ont découvert que divers Etats qualifiés d'
"avancés" – autrement dit : Etats-Unis et Europe – étaient non
seulement endettés, mais même beaucoup endettés, et que leurs monceaux
de dettes représentaient un danger.
Cette
révélation entraîna réunions, déjeuners de travail et nuits de brainstorming,
et de l'activité de toutes ces cellules grises est né un document publié hier,
intitulé Taxing times (l'américain
simplifié est la langue de l'institution) et qui propose une solution simple et
efficace pour réduire le méchant endettement étatique : piquer dix pour cent de
l'épargne des citoyens.
Concrétement
: vous avez dix mille pistoles sur votre compte en banque, et hop! soudain vous
n'en avez plus que neuf mille, les mille manquantes étant parties dans les
caisses de votre vénéré gouvernement.
Les FMI
boys ( and girls, maybe ? ) ont entouré cette proposition de précautions oratoires afin d'en
atténuer un caractère que certains pourraient qualifier de désinvolte, d'abord
en demandant à un universitaire californien de recenser des précédents
historiques, afin de montrer que la pratique antérieure d'une telle ponction
n'a pas empêché la terre de tourner, ensuite en affirmant qu'il ne s'agirait
que d'un one off, ou en français coup
unique, chacun sachant que lorsqu'un impôt est institué il n'est jamais
renouvelé ni prolongé, mais aboli sitôt que perçu.
Je ne sais
pourquoi a été omis l'exemple, pourtant récent, des citoyens chypriotes dont
les comptes en banque ont été victimes d'un élégant hold-up étatique sans que
leur île ne s'engloutît dans la Méditerranée , ce fut là un ballon d'essai dont
le succès annonçait de plus vastes entreprises, les voici, revêtues cette fois
du sceau d'une autorité prestigieuse.
Mais,
remarquerons les optimistes, il ne s'agit là que d'une proposition, et sans doute ne sera-t-elle pas adoptée en l'état,--
de cela je ne doute pas, je pense même qu'elle n'entrera en vigueur qu'après
une phase de concertation avec d'habituels
complices, au terme de laquelle le taux de 10% pourrait être ramené à un taux acceptable de 9,9 ou même 9,8%.
Maintenant,
que faire pour préserver les sous que vous avez économisés pour vos vieux
jours, dans la crainte que le gouvernement ne vous verse pas la retraite promise en échange de vos cotisations
forcées?
Ces sous
sont confiés à votre banque où vous pouvez aller les échanger contre du
liquide, opération qui, conformément aux lois en vigueur, sera aussitôt
dénoncée au fisc, qui saura bien venir chez vous pour prendre vos billets.
Pas de
billets, donc, mais... de l'or ? Hélas, les transactions sur ce métal sont
férocement surveillées, et vous pouvez être certain que vos louis ou napoléons
n'échapperont pas aux griffes des prédateurs étatiques.
Des diamants ? C'est plus discret (
quoique...) mais pourrez-vous payer votre café ou votre salade à l'épicier
voisin en échange d'une jolie pierre ?
Les objets de collection ? Des cuillères à
absinthe ou des bébés Jumeau que vous revendrez sur e-bay au fur et à mesure de
vos besoins ? Eh non! Les comptes Paypal sont tout autant surveillés que les
comptes bancaires nationaux, comme le montre la mésaventure récente d'un
semblable collectionneur condamné en
justice à une amende pour avoir détenu quelque monnaie chez Paypal.
Résignez-vous, habituez-vous à voir votre patrimoine amputé, et
surtout , consolez-vous : la dette, cette vilaine verrue sur les comptes de la
Nation, ne sera plus dangereuse.
Grâce à votre aimable contribution, elle sera même, selon de très scientifiques
calculs de nos experts internationaux, réduite de 1.927 milliards d'euros , son
niveau actuel, à seulement 1.700 milliards de ces euros (environ), et ne sera
ainsi plus que clopinettes.
Ensuite,
toujours selon nos charitables analystes,
le gouvernement, redevenu vertueux, pourra,
satisfaisant désormais aux comiques critères
européens qui lui permettent de dépenser plus qu'il n'encaisse ( à hauteur
d'environ 6% de déficit par rapport à
ses revenus ), continuer à distribuer allègrement l'argent qu'il n'a pas -- et recommencer avec une parfaite bonne
conscience à faire de nouveau grossir et grossir notre amie la Dette.
je viens de découvrir votre livre, grâce à mon ami Corto, j'ai hâte de le lire car il m'en a dit grand bien
RépondreSupprimerMerveille et miracle ! .... Une lectrice ! Merci merci !
Supprimer(et merci aussi à Corto).
Un coup unique, ce ne serait pas plutôt un one shot ?
RépondreSupprimerPour dire :, tirer un coup ?
RépondreSupprimerLes comiques du FMI emploient bien one off pour marquer le caractère unique, non-répétitif du hold up projeté -- hi hi !