Da
Vinci's Demons est une série
américaine créée par M. David S. Goyer, scénariste de Batman begins, Man of steel
et autres blockbusters, produite par
la chaîne Starz, gage d'un budget
confortable, d'acteurs talentueux et de
réalisateurs inventifs, et dont le héros est Léonard de Vinci.
Nous
connaissons fort mal la vie de Léonard; en dehors d'indications fragmentaires
fournies par des manuscrits anonymes, quelques témoignages de contemporains et diverses
confidences laissées par Léonard
lui-même, notre source essentielle est le chapitre que lui a consacré Giorgio
Vasari (1511-1574) dans les Vies des peintres ( édition française
aux Belles Lettres, 2 vol.).
"Vraiment
admirable et céleste fut Léonard, fils de Ser Piero da Vinci", écrit
Vasari qui nous montre ce génie incomparable et insurpassé étudiant et
maîtrisant toutes les connaissances
(mécanique, astronomie, physique, anatomie etc. ) , excellant dans tous les
arts ( peinture, architecture, sculpture, musique, chant ...) , homme d'une
beauté exceptionnelle, d'une force physique prodigieuse, habile aux armes, et
dont la conversation charmait , séduisait, convainquait tous ceux qui avaient
le bonheur de l'approcher.
Vasari,
dont les récits sont souvent assez chaotiques, nous donne peu d'informations
sur les années que passa Léonard à Florence, d'abord auprès d'Andrea del
Verrochio puis comme maître reconnu, et c'est dans cette lacune que s'est
engouffrée M. David S. Goyer pour construire une œuvre de pure fiction ( et
même, parfois, de science-fiction...) flirtant avec le fantastique.
Nous ne
demandons pas à un divertissement romanesque , même ancré dans un cadre
historique, d'être véridique, mais nous pouvons souhaiter qu'intrigue et
péripéties soient vraisemblables et, malgré l'utilisation d'anecdotes puisées
dans les sources ( l' achat d'oiseaux en cage pour les libérer, le milan se
posant sur le berceau, l'accusation calomnieuse de sodomie...), l'imagination
du scénariste , prisonnière de routiniers clichés ( méchant pape, méchants
prêtres, etc. ) se montre à la fois paresseuse (sempiternelle quête d'un livre
contenant tous les secrets du monde ) et désagréablement ignorante des
mentalités de la Renaissance.
N'ayant vu
que quatre épisodes , sur huit, de la série, je corrigerai peut-être mon
jugement quand je serai arrivé ( demain soir...) à la fin de cette première
saison ( il y aura donc une suite...) et préfère aujourd'hui livrer quelques
citations d'un Léonard méconnu – le Léonard auteur de ces Prophéties facétieuses ( édition bilingue aux Belles Lettres,
traduction élégante et précise de M. Pierre Laurens , réunie aux Fables sans morale de Leon Battista
Alberti ) qui, sous une forme oraculaire, sont en fait des énigmes , dont l'auteur
fournit la solution , laquelle, triviale, démystifie l'énoncé apocalyptique.
" Les
animaux des mers mourront dans les eaux surchauffées. ( Poissons bouillis)."
"Il y
aura de nombreux chasseurs d'animaux qui, plus ils en prendront, moins ils en
auront et inversement moins ils en prendront
et plus ils en auront. ( Chasse aux poux)."
"Les
animaux volants soulèveront les hommes sur leurs propres plumes. (Le duvet des
lits).
"Beaucoup, en expirant trop vivement perdront la vue et bientôt
toute conscience. ( Souffler la bougie pour aller au lit ).
"Les
propriétaires mangeront leurs propres laboureurs. ( Des bœufs que l'on
consomme).
"On
verra les hautes murailles des grandes cités renversées au creux de leurs
fossés. (Reflet des murailles dans l'eau
des fossés) .
"Beaucoup seront employés à enlever une chose qui s'accroîtra
d'autant qu'on lui enlève. (La fosse).
"Les hommes jetteront leurs propres
provisions. ( Semailles).
"Les
forêts donneront le jour à des fils qui seront cause de leur mort. (Manche de
hache).
Le
recueil contient plusieurs dizaines de ces "prophéties" et, comme les
Fables d'Alberti sont également fort
amusantes, c'est là une lecture qui divertit des tristes affairesdu monde...
Vos Da Vinci's Demons ne seraient-ils pas largement inspirés des romans de Dan Brown ? Le dernier paru, Inferno, que j'ai bien entamé, démarre justement avec une mauvaise interprétation des héros du roman d'une phrase de Vasari " Cerca Trova ", cherche et trouve...
RépondreSupprimerDan Brown ? Je ne le pense vraiment pas.
SupprimerParlant de Leonardo da Vinci, une chronique de Saint-Marcelin apporte de nombreuses informations sur son "Saint Marcelin bouffant des frites". Il faudra que je pense à la publier un de ces jours.
RépondreSupprimerVite vite Jacques -- et il semble que Léonard ait été végétarien.
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