La première saison de Da Vinci's Demons s'est achevée sur un flamboyant cliffhanger, la dernière image montrant
Léonard et Laurent de Médicis, fort blessé et couvert de sang, réfugiés dans une
sacristie dont leurs poursuivants font exploser la porte. Pour les derniers
épisodes, les scénaristes s'étaient enfin décidés à abandonner avec franchise
leurs faibles prétentions au moindre réalisme historique, et j'ai apprécié sans
arrière-pensée la rencontre, sanglante, entre Léonard et ... Dracula.
Cet amusant
spectacle me donna envie de ne pas quitter la Renaissance italienne, et je
sortis d'une pile la saison Trois ( and the last one ) de The Borgias —the original crime family.
Par un
hasard prouvant que les grands esprits se rencontrent, deux séries sur les Borgias s'offrirent en même temps aux spectateurs
avides de sang, de sexe, et de poison, toutes deux tournées en anglais, et avec
des distributions cosmopolites.
L'une,
sobrement titrée Borgia, est une
coproduction de divers pays européens avec une prééminence tchèque, et il
semble que le premier souci de ses promoteurs a été de rafler toutes les
subventions s'offrant à leur cupidité – ils y sont fort bien parvenus. Le
produit , lui, est construit sur d'usés clichés anticléricaux puisés dans les
manuels scolaires répulicains, les personnages sont conformes à cette routine,
l'acteur qui joue le Pape Borgia est bon, la malheureuse interprète, russe ? ,
de Lucrèce Borgia exécrable – mais l'écriture du rôle est épouvantable de
niaiserie moderne--, les autres acteurs... couci couça. Malgrè ces légères
réserves, la saison Un se laissait
regarder, sans plus, l'attention se réveillant grâce à ces divers
anachronismes et incohérences qui font toujours sursauter quiconque a une vague
familiarité avec ces temps enfuis. La saison deux ( et dernière ) dégage, elle,
un tel ennui que je n'ai pu dépasser le deuxième épisode ( et donc la chose est
allée reposer sous une pile, pour l'éternité...).
The Borgias
, dont le sous-titre affirme hautement la volonté de se référer au Godfather et à toutes les épopées
mafieuses, est une coproduction nord-américaine ( beaucoup de Canada, un peu
d'Hollywood ), créée par Neil Jordan, réalisateur estimable, et avec Jeremy
Irons dans le rôle du Pape, ce qui permet d'espérer une certaine qualité.
Disons avec
indulgence que cette série est, faible exploit, un peu meilleure que sa rivale
européenne, que les décors ( tournés en Hongrie) sont superbes et habilement
utilisés, ainsi que les costumes, et si la splendeur visuelle de la Renaissance
est présente, de son esprit il ne nous est offert qu'une caricature primaire et
vulgaire.
Pourquoi,
me demandais-je souvent en regardant des séries historiques, les auteurs de ces productions à gros budget, qui sont
des gens de talent,qui savent lire et s'entourer de réels historiens, se
montrent-ils obstinément incapables de restituer les mentalités, les mœurs et
coutumes de l'époque où se déroule leur récit ?
Je crois
qu'il ne faille pas incriminer une paresseuse ignorance, mais la volonté consciente
de montrer des situations et des actions
acceptables pour le public de cadres moyens et très-moyens qui est la cible
des chaînes cablées, public lecteur des journaux et magazines les plus
conformistes et politiquement corrects, public frotté de fausse culture et
prisonnier des préjugés de notre siècle, public qui n'accrocherait pas au spectacle si lui étaient montrés hommes et
femmes de jadis tels qu'ils furent véritablement, vivant et agissant selon des
normes impensables aujourd'hui, mais
qui se sent à la fois agréablement dépaysé par le décor et le vêtement, comme
un touriste en voyage organisé, et rassuré en voyant des scènes d'homosexualité
masculine, des Noirs dans des cours royales ou des prêtres pédophiles, et en entendant les héroïnes se tourmenter de questions
qui tarabustent les lectrices de Elle.
Ainsi sont
fâcheusement modernes les séries historiques.
Seul
échappa à ce vice le chef d'œuvre de John Milius, Rome, qui sut recréer sans faute ni concession le temps de César et
d'Auguste.
Aussi, la
troisième saison, annoncée, de Rome, ne fut-elle jamais tournée...
C'est effectivement le problème des séries historiques, mais aussi des romans.
RépondreSupprimerTenez, j'achève péniblement la lecture d'un fastidieux "Mordred", de Justine Niogret. J'espérais une relecture intéressante du mythe arthurien.
L'auteur a pris le parti de rendre sympathique le fameux traître de la matière de Bretagne. Elle procède en le dépeignant comme un gentil paumé, un écolo aimant les arbres, philosophant sur les horreurs de la guerre, voire un peu libre penseur, dans un monde arthurien brutal et obscurantiste.
C'est atterrant, et même pas assez involontairement drôle pour que j'en tire le billet sarcastique que je prévoyais.
Une vraie perte de temps.
Quelle drôle d'idée que lire ces bêtises quand attendent de petits travaux d'écriture....
RépondreSupprimerC'est vrai, ça : feriez mieux d'écrire, fainéant !
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