Est-ce le temps gris, tristement automnal? La
victoire dans un canton varois du candidat de la Bête immonde ne me procure pas
tout le plaisir escompté, plaisir qui serait né, non d'un succès électoral qui
m'indiffère, mais des discours apocalyptiques que j'espérais entendre s'élever
urbi et orbi.
Hélas, je
n'ai trouvé qu'un mécontentement mou, un rabachage désenchanté de "mauvais
coup pour la république et la démocratie" ou des appels tremblotants à la
"nécessité de se ressaisir" mais aucune de ces grandes envolées
apocalyptiques qui saluaient naguère chaque conquête ( un poste de conseiller
municipal, un point de gagné dans un éphémère sondage...) de la Bête..
Mais que
font les nègres auteurs des inspirés discours des politiciens autorisés ? Seraient-ils
devenus, par l'usage prématuré des superlatifs les plus superlatifs, incapables
de dénicher la moindre épithète qui ait encore quelque force ? Ou sont-ils trop
ignorants pour puiser dans les textes sacrés, pourtant riches en dénonciations
cataclysmiques, les mots de l'horreur à venir ? Où sont ces voraces nuées de
sauterelles frontistes prêtes à dévorer les champs citoyens, ces grenouilles
fascistes submergeant les terres, ces
maladies surnaturelles faisant périr le bétail de male mort... ( à compléter
par la lecture de Exode, IX) ? Ne
pouvaient-ils chercher dans le récit flamboyant de la destruction de Sodome et
Gomorrhe les images propres à terrifier ce Marais, tout-Paris des arts , de
la mode et des plus tendres expressions
corporelles ?
Eh non...Chez
les socialistes chassés du pouvoir, ne m'a fait sourire que l'affirmation d'un
hiérarque mal éveillé qui voit en la défaite de sa candidate "de
droite" une... défaite de la gauche, chez les socialistes détenteurs
du pouvoir, je me suis un peu amusé qu'un commis ministériel lançât qu'il
fallait "maintenant montrer aux Français que l'on est proche de leurs
préoccupations", et que ce propos fût tenu dans un avion l'emmenant avec
son employeur faire du tourisme aux antipodes, là où il fait beau et chaud en
notre froide saison.
Et
pourtant... les rues de l'emblématique commune provençale ne retentissent-elles
pas déjà du choc de talons ferrés sur leur pavé, ne sont-elles pas livrées au
défilé démoniaque d'hommes bottés, le torse ceint d'un baudrier, le chef
couvert d'un casque qui ne dissimule pas l'aryenne blondeur de leur chevelure,
ni n'obscurcit le bleu (comme l'acier des armes ) de leur regard qui traque le
métèque, tous héritiers, disciples, épigones de l'absolue horreur disparue il y a près de trois quarts de siècle
mais maintenue en vie zombiesque par les documentaires d'Arte, les
comiques-de-Canal+ et les manuels
scolaires?
Nulle image
de ces hordes aux JT? Nul reportage sur le vif, et au risque de la vie, dans
les colonnes citoyennes du quotidien-vespéral-de-référence? Même pas de grève
générale de protestation ?
De ce
silence à peine troublé de murmures sans éclat, faut-il déduire que la Bête
immonde nous a déjà dévorés-- sans que le Ciel nous tombât sur la tête ?
Il y a peut-être un créneau à occuper dans le commerce brignolois : marchand nocturne de cristal.
RépondreSupprimerIl se peut que vous jubiliez moins aux salmigondis des journaleux parce que le FN serait finalement moins subversif qu'autrefois, non?
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