david in winter

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Editeur. Ecrivain. Dilettante

lundi 14 octobre 2013

Brignoles : les carottes sont-elles cuites ?



    Est-ce le temps gris, tristement automnal? La victoire dans un canton varois du candidat de la Bête immonde ne me procure pas tout le plaisir escompté, plaisir qui serait né, non d'un succès électoral qui m'indiffère, mais des discours apocalyptiques que j'espérais entendre s'élever urbi et orbi.
  Hélas, je n'ai trouvé qu'un mécontentement mou, un rabachage désenchanté de "mauvais coup pour la république et la démocratie" ou des appels tremblotants à la "nécessité de se ressaisir" mais aucune de ces grandes envolées apocalyptiques qui saluaient naguère chaque conquête ( un poste de conseiller municipal, un point de gagné dans un éphémère sondage...) de la Bête..
  Mais que font les nègres auteurs des inspirés discours des politiciens autorisés ? Seraient-ils devenus, par l'usage prématuré des superlatifs les plus superlatifs, incapables de dénicher la moindre épithète qui ait encore quelque force ? Ou sont-ils trop ignorants pour puiser dans les textes sacrés, pourtant riches en dénonciations cataclysmiques, les mots de l'horreur à venir ? Où sont ces voraces nuées de sauterelles frontistes prêtes à dévorer les champs citoyens, ces grenouilles fascistes submergeant les terres,  ces maladies surnaturelles faisant périr le bétail de male mort... ( à compléter par la lecture de Exode, IX) ? Ne pouvaient-ils chercher dans le récit flamboyant de la destruction de Sodome et Gomorrhe  les images propres à terrifier ce Marais, tout-Paris des arts , de la mode et des plus tendres expressions corporelles ?
  Eh non...Chez les socialistes chassés du pouvoir, ne m'a fait sourire que l'affirmation d'un hiérarque mal éveillé qui voit en la défaite de sa candidate "de droite" une... défaite de la gauche, chez les socialistes détenteurs du pouvoir, je me suis un peu amusé qu'un commis ministériel lançât qu'il fallait "maintenant montrer aux Français que l'on est proche de leurs préoccupations", et que ce propos fût tenu dans un avion l'emmenant avec son employeur faire du tourisme aux antipodes, là où il fait beau et chaud en notre froide saison.
  Et pourtant... les rues de l'emblématique commune provençale ne retentissent-elles pas déjà du choc de talons ferrés sur leur pavé, ne sont-elles pas livrées au défilé démoniaque d'hommes bottés, le torse ceint d'un baudrier, le chef couvert d'un casque qui ne dissimule pas l'aryenne blondeur de leur chevelure, ni n'obscurcit le bleu (comme l'acier des armes ) de leur regard qui traque le métèque, tous héritiers, disciples, épigones de l'absolue horreur  disparue il y a près de trois quarts de siècle mais maintenue en vie zombiesque par les documentaires d'Arte, les comiques-de-Canal+  et les manuels scolaires?
  Nulle image de ces hordes aux JT? Nul reportage sur le vif, et au risque de la vie, dans les colonnes citoyennes du quotidien-vespéral-de-référence? Même pas de grève générale de protestation ?
   De ce silence à peine troublé de murmures sans éclat, faut-il déduire que la Bête immonde nous a déjà dévorés-- sans que le Ciel nous tombât sur la tête ?

2 commentaires:

  1. Il y a peut-être un créneau à occuper dans le commerce brignolois : marchand nocturne de cristal.

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  2. Il se peut que vous jubiliez moins aux salmigondis des journaleux parce que le FN serait finalement moins subversif qu'autrefois, non?

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