david in winter

david in winter

Editeur. Ecrivain. Dilettante

mercredi 6 novembre 2013

Scoop ! Le véritable et vertueux propriétaire d'Ecomouv



   Un matin quelconque, sous l'Ancien régime.
   Le Président de ce temps s'était levé , méditatif; depuis deux jours, il cherchait quel cadeau il pourrait faire aux remuants et bruyants adorateur de Gaia..., soudain, en ajoutant un second sucre durable et sans saccharine à son café durable et sans caféine , il s'écria : Eurêka !, puis se regarda dans la glace, sourit à son reflet rayonnant d'intelligence et de ruse, satisfait d'avoir trouvé la solution à son petit tourment : il allait créer un nouvel impôt.
   Après les coutumières réunions avec de fringants conseillers et onéreux marketers, il fut décidé  d'appeler cet impôt ecotaxe , eco en hommage aux fidéles de la religion qui prône, dans le confort de bien bourgeois logements, le retour à un édenique âge de pierre, taxe parce que ecoimpôt heurtait l'euphonie.
   Un petit tour au service de l'enregistrement, ou Parlement, un discours télévisé, et voilà l'ecotaxe bien établie parmi la nombreuse famille des ressources fiscales.
   Hélas, un hic se manifesta : Président et conseillers s'aperçurent que, pour de stupides raisons techniques, leurs diverses administrations étaient incapables de percevoir le bel  impôt destiné à sauver la planète, la jungle tropicale et les insectes protégés.
  Passons sur la nouvelle tournée de réunions qui s'ensuivit et arrêtons-nous à son résultat : le Président décida d'affermer l'ecotaxe ( sur ce retour au fermage de jadis, cf. le chapitre premier et prémonitoire de mon roman Une femme d'Etat, dont j'ai l'immodestie de recommander la lecture à quiconque veut connaître les rouages cachés du gouvernement ), c'est-à-dire de confier à un fermier le recouvrement de l'impôt en échange du versement d'une certaine somme, fixe et garantie, à M. Etat, l'éventuel surplus perçu allant dans la cassette du fermier.
   Restait à trouver une entreprise capable de remplir cette fonction. Il n'en existait pas en Gaule, il fut donc fait appel à une société étrangére, italienne, d'ailleurs la seule en Europe sachant maîtriser les machins techniques, et fut bricolée une nouvelle entité appelée EcomouvEco pour réaffirmer l'allégeance aux amis des cloportes en voie de disparition, mouv pour indiquer le mouvement transférant les sous de la poche des sujets vers celles de M. Etat et de ses amis.
   Puis les choses traînérent, Ecotaxe et Ecomouv furent un peu oubliés, jusqu'à ce beau matin d'automne où le Président du nouveau régime décida, afin de se distraire du chagrin provoqué par les rebuffades de la vindicative ( mais bien nourrie) Leonarda, de réactiver le machin et de faire entrer en vigueur l'impôt écolo.
  Inutile de rappeler les mouvements imprévus qui s'ensuivirent, cette sorte de révolte fiscale dont la vivacité troubla le Président, et l'étrange promesse de suspension sans suppression (???), notons plutôt que, dans un vaste brouhaha fait d'accusations de malhonnêtés mutuelles, d'échanges de noms d'oiseaux et d'épithétes malsonnantes, la société Ecomouv devint une pestiférée, synonyme de corruption, pots-de-vin , dessous de table et assiette au beurre.
   Dans leur élan vertueux, les défenseurs du bien public et de la morale outragée n'hésitèrent pas, selon un vieux procédé rhétorique , à confondre les recettes (espérées ) d'Ecomouv avec son bénéfice (éventuel) afin d'en grossir la cupidité, et la transalpine malfaisance.
   Mais qui est Ecomouv ?
   Cette société a cinq actionnaires, cinq vilains exploiteurs du peuple qui sont :
   *Steria, SSII qui appartient à 51% à son fondateur et pour 21% à ses salariés, mais qui, avec  3% du capital est plutôt ici pour faire joli;
   * SFR , iconique incarnation du capialisme de connivence, avec un maige 6%;
   *SNCF ( qui est le plus gros transporteur routier de Gaule et a oublié que son métier est le fret ferroviaire), avec un joli 10%, et appartient à M. Etat;
    *Thales, dont le plus important actionnaire est M. Etat,  a 11% d'Ecomouv.
    Ainsi, au cas où Ecomouv ferait des bénéfices et les distribuât, M. Etat en récupérerait une partie en tant qu'actionnaire – ce qui s'ajouterait à sa redevance.
   Enfin, nous trouvons, avec une participation de 70% qui lui assure la maîtrise théorique de l'affaire, l'affreux ogre et spécialiste de la chose : Autostrade per l'Italia.
   Et qui posséde cet Autostrade ? Une Atlantia , qui appartient à une Sintonia – qui appartient elle-même à Edizione Benetton, holding de ... la famille Benetton.
   Eh oui! Une fois franchies les cascades de participations, voici que se montre dans sa flamboyante nudité le véritable propriétaire ( aux côtés de M. Etat gaulois) d'Ecomouv  : Benetton!
  Ce Benetton promoteur obstiné de la diversité enrichissante, du multiculturalisme égalitaire et des sexualités innovantes ! Ce Benetton pourfendeur révéré du racisme, du sexisme, de l'homophobie , adepte du blasphéme envers le christianisme et de la prosternation envers les superstitions exotiques ! Ce Benetton qui incarne toutes les avancées du politiquement correct et obligatoire !
   Ne doutons pas que, quand ils seront mieux informés, politiciens et gazetiers arrêteront leurs attaques contre Ecomouv pour en chanter les louanges, et aller y porter leur obole citoyenne.

* Sources : sites internet des sociétés concernées.

9 commentaires:

  1. Robert Marchenoir6 novembre 2013 à 13:48

    On remarquera que la SNCF est actionnaire d'un machin destiné à prélever une taxe dont le but, tout à fait officiel, est d'inciter les entreprises à choisir le train pour leur transport de marchandises.

    C'est beau, le socialisme : c'est un peu comme si Renault avait le droit de prélever une taxe sur chaque acheteur de Peugeot. Diriger une entreprise dans ces conditions, je suis preneur.

    Si les éleveurs, dégoûtés par la taxe, finissent par se rabattre sur le train pour transporter leurs cochons, malgré le service de merde de la SNCF, eh bien c'est tout bénéfice pour cette dernière.

    Et si la SNCF continue à fournir un service de merde, faisant en sorte que les éleveurs s'en tiennent au camion malgré la taxe, eh bien c'est encore la SNCF qui encaisse.

    Pile je gagne, et face tu perds. C'est ça, la "justice sociale". Mais heureusement que nous avons le "service public", hein ? Que ferions-nous sans les nobles cheminots-fonctionnaires qui ont vaincu les nazis et se dévouent sans compter pour nous autres ? Brétigny, vous en voulez encore ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. "C'est beau, le socialisme : c'est un peu comme si Renault avait le droit de prélever une taxe sur chaque acheteur de Peugeot."

      Ça existe.

      Pas pour les voitures, mais pour le cinéma, ça existe.

      Prélèvement de taxes sur les films qui marchent, majoritairement made in USA, pour "financer" le cinéma made in France qui ne marche pas.

      Avec bien entendu diatribes anti-hollywoodiennes à l'entracte

      Supprimer
  2. Il y a comme un flou entre la fiction et la réalité. Je peine à croire qu'une vindicative Leonarda existe. Quand au Président du nouveau régime, a-t-il un cœur, au moins ?

    RépondreSupprimer
  3. "le Président décida d'affermer l'ecotaxe ( sur ce retour au fermage de jadis, cf. le chapitre premier et prémonitoire de mon roman Une femme d'Etat, dont j'ai l'immodestie de recommander la lecture à quiconque veut connaître les rouages cachés du gouvernement ), c'est-à-dire de confier à un fermier le recouvrement de l'impôt en échange du versement d'une certaine somme, fixe et garantie, à M. Etat"

    Je ne pige pas trop cette soudaine levée de boucliers contre cette méthode.
    C'est exactement comme ça que la TVA est perçue par l'Etat, cette taxe passée de fournisseur en commerçant jusqu'à paiement par le client final.

    C'est le pénultième de la chaine qui prélève sur le dernier et verse l’impôt à l'Etat.
    Et qui le fait gratos, en plus.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Robert Marchenoir6 novembre 2013 à 15:32

      C'est différent. Ecomouv est une entreprise, constituée dans le but de percevoir une taxe. C'est un "partenariat public-privé". Vincent Bénard a fait une bonne analyse des effets pervers de ce système.

      La perception de la TVA par les entreprises est un bon système. Il est indolore et n'offre pas de possibilité de corruption. Les seuls effets négatifs de la TVA sont ceux ceux de l'impôt lui-même, la hausse des prix, le travail administratif imposé aux entreprises, et, seul effet pervers possible, la fraude, qui peut être massive et active (obtenir frauduleusement de l'argent de l'Etat, et non s'abstenir simplement de lui en donner).

      L'affermage des impôts est un très vieux système, que beaucoup de civilisations ont pratiqué, et qui produit d'énormes effets pervers. En gros, il consiste pour l'Etat à se décharger de la collecte de l'impôt sur des personnes privées. L'Etat dit aux candidats fermiers : je veux tant par an, la façon dont vous les obtenez ce n'est pas mon problème, je ne veux pas le savoir.

      Le résultat, bien entendu, est que le fermier s'enrichit considérablement sur la bête, perçoit beaucoup plus que ce qu'il rend à l'Etat, et emploie des méthodes tyranniques qui le font haïr des populations.

      Dans l'empire ottoman, une façon de s'enrichir était ainsi d'être le chef des douanes dans un port de commerce actif.

      Le système du fermage est l'une des causes historiques de l'antisémitisme, les Juifs ayant souvent rempli ce rôle, à différentes époques et dans différentes régions du monde. Etant de surcroît, et par définition, d'une ethnie différente de celle de leurs victimes contribuables, ils n'éprouvaient aucun sentiment de solidarité naturelle avec elles qui aurait pu atténuer leur rapacité. Les contribuables, de leur côté, toutes choses égales par ailleurs, étaient d'autant plus furieux d'être rançonnés par des exploiteurs qu'ils les percevaient comme des étrangers.

      La rémunération d'Ecomouv (20 % des sommes collectées, il me semble) est, selon les normes contemporaines, aussi exagérée que pouvait l'être la commission des fermiers du Moyen-Age. Et aussi mal perçue.

      Le commerçant qui perçoit la TVA n'en met pas une partie dans sa poche. C'est toute la différence.

      Supprimer
  4. Je ne suis pas devin mais je suis prêt à parier que de scandale Ecomouv, il n y aura pas. Sauf à ce que la gauche veuille se tirer une balle dans le pied.

    les 6 autres pays européens ayant mis en place l ecotaxe l'on fait avec exactement le même système. L'actuel gouvernement français ne pouvait pas ne pas savoir puisqu'il a lui même, dès son arrivée, il y a 15 mois, renégocié le dit contrat dans les termes, la date butoir de mise en place et la durée. La rétribution d'Ecomouv est conforme à ce qui se fait dans les autres pays ( 13% en Allemagne, 21% en Italie, et je crois 18% en Slovaquie) Enfin, cette écotaxe, et donc son application, a été votée à l unanimité des deux chambres en février et avril 2013.

    La seule chose qui pourrait étre contesté c'est " l affermage ", sauf qu aucun Etat n'étaient capable techniquement de mettre en application cette taxe. Et que quand un Etat n est pas capable, il est fréquent d utiliser le partenariat public/privé.

    Pour finir, tout député ou sénateur qui crierait au scandale ferait la preuve qu'il vote des lois sans en connaitre les tenants et les aboutissants, pas surprenant en soi, mais peu reluisant.

    RépondreSupprimer
  5. Que l'on me permette d'en rajouter une couche. Devinette: Qui a désigné par arrêté officiel de la République Ecomouv comme " fermier général " le 17 juillet dernier?

    *tada*...

    http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=917F6A74A4520F7E65EBC96C87317984.tpdjo15v_2?cidTexte=JORFTEXT000027721936&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id&idJO=JORFCONT000027721593

    Bernard Cazeneuve, actuel ministre du Budget !

    RépondreSupprimer
  6. Robert Marchenoir6 novembre 2013 à 17:31

    "Aucun Etat n'était capable techniquement de mettre en application cette taxe."

    Waouh. Donc, avec ses 5 millions de fonctionnaires (allah louche) et ses finances en pratique illimitées, l'Etat ne serait même pas capable de compter des camions sur les routes ? Alors qu'au XIXème siècle, il savait le faire, d'ailleurs ça s'appellait l'octroi ? Alors que l'Etat invente la bombe atomique et exploite des centrales nucléaires ? Alors qu'il est capable d'espionner l'Internet mondial et de décrypter les mots de passe ? Alors qu'il sait très bien mettre des radars partout quand ça l'arrange ?

    Entendons-nous bien, je ne milite pas pour un élargissement du périmètre de l'Etat, et peut-être y a-t-il de bonnes raisons pour confier la perception de l'impôt au secteur privé comme en Suède, mais l'argument du "on sait pas", "on est trop cons pour ça", si c'est vrai... eh ben ça fait peur.

    Après tout, le secteur privé, il ne "savait pas faire" non plus. Ecomouv est une entreprise bricolée à partir de rien spécifiquement pour fournir cette prestation, en collant ensemble plusieurs sociétés déjà existantes (dont des entreprises publiques...). Ce n'est pas comme si le comptage de camions était une invention absolument révolutionnaire, un savoir-faire fabuleux qui réclame cinquante ans d'expérience et que seul monsieur Einstein possède.

    Et faire la différence entre leur nez et leur trou du cul, ils en sont "techniquement capables", les fonctionnaires qui nous gouvernent ?

    RépondreSupprimer
  7. Il me semble que mes aimables commentateurs prennent bien au sérieux cette farce...

    RépondreSupprimer