Sur les routes et dans les villes, des
clameurs sont poussées et des banderoles déployées pour réclamer la démission du Président.
Cette demande fait naître un
espoir dans les cœurs d'un certain nombre de citoyens.
Est-il permis de penser que cet espoir se
transformera en fait accompli ?
Un peu d'Histoire.
Jusqu'au XIXème siécle, d'Hugues Capet à
Louis XVI, aucun souverain français n'a jamais abdiqué.
Ensuite, nous découvrons un renversement de
tendance, une sorte d'accélèration de l'Histoire, avec, en 1814, 1815, 1830 et
1848 les abdications successives de Napoléon Ier ( par deux fois, un habitué),
Charles X et Louis-Philippe. (Napoléon III n'a pas abdiqué : il a été déchu par
une Assemblée).
Ces abdications
ont été provoqués, non par une fatigue du pouvoir, ou l'envie de se consacrer
au jardinage, mais par des évènements violents – déroute militaire en 1814 et
1815, émeutes et refus inconsidéré de faire verser le sang de la part du
souverain, en 1830 et 1848.
Remarquons
que ces monarques ont abdiqué, plus ou moins expréssément, en faveur de leur
fils et légitime héritier (de leur point de vue ) : si leur personne
s'effaçait, leur lignée subsistait. De
plus, Charles X revint sur son abdication et se considéra jusqu'à sa mort comme
le légitime roi de France.
Au siècle
suivant, abdiquérent, en 1920 , M. Paul Deschanel , ( pour cause d'aliénation
mentale, ce qui ne l'empêchera pas d'être ensuite élu sénateur ), en 1940, tout
le gouvernement et le Parlement (invasion étrangère), en 1945 le Maréchal
Pétain ( arrivée de troupes franco-alliées), en 1946 et 1969, M. De Gaulle
(autre habitué), quant au Président Coty, il fut, en 1958, fermement poussé
vers la sortie en des formes que le coup d'Etat militaire de mai 1958 rendit
d'apparence légales.
Ces faits permettent à un statisticien
frotté de mathématiques de tracer une courbe des abdications : fixée assez
longtemps sur la ligne zero, cette courbe se dresse avec vigueur à partir de
1814, connaît une période d'horizontalité, et reprend de la hauteur au siécle
dernier.
En choisissant une échelle adéquate, cette
courbe montrera une nette tendance à la croissance
des abdications lorsque nous approchons de notre époque; si, selon les théories
exposées par M. Nicholas Taleb dans Antifragile
nous pouvons déduire la probabilité d'un évènement futur de la fréquence et
de la permanence d'un tel évènement dans le passé , il serait possible d'en
déduire que la probabilité d'une abdication du souverain est plus grande
aujourd'hui qu'elle ne l'était en 1613.
En revanche,
si nous regardons les causes provoquant une abdication , nous trouvons:
l'irruption d'armées diverses sur le territoire national, des émeutes
victorieuses, un grain de folie, et, pour M. De Gaulle, d'avoir été vexé par la
manifestation d'une opposition à ses projets.
Qu'en est-il aujourd'hui ? La conquête de la
capitale par une forte armée de djihadistes maliens ne paraît pas imminente,
les manifestations ne sont pas des émeutes, l'actuel Président ne descend pas
du train en pyjama et en pleine nuit pour aller se promener dans les champs
comme M. Deschanel, en revanche, il existe une opposition à ses projets, mais
en est-il vexé au point de renoncer à son palais élyséen ?
Jusqu'à
maintenant , et à l'exception d'une ou deux affaires médiatisées mais de faible
conséquence, le Président n'a renoncé à aucun
de ses projets, et les a fait revêtir de la majesté de la Loi, qu'il s'agisse
de prodigieuses augmentations de la fiscalité ou de questions "sociétales".
Certes, le Président peut être déçu de la descente vers zéro de son
indice de popularité -- mais combien de
souverains glorieux ont été confrontés à l'ingratitude du peuple !
Pourrait-il
alors être vexé ? Il faut, pour
éprouver ce sentiment, avoir une certaine rigidité de caractère, de cela, nous
ne voyons nulle trace chez ce Président.
Tirons les
leçons de l'Histoire : elles nous enseignent que sont aujourd'hui absentes
toutes les causes connues d'une abdication, et que toutes les demandes de
démission tomberont dans l'oreille d'un sourd -- un sourd bien décidé à
demeurer sur son trône républicain.
Sauf si un
nouveau Maurice Barrès lançait un nouvel Appel
au soldat, et que cet appel soit entendu...
Vous avez prononcé le nom de Barrès : vous serez roué, écartelé et brûlé en place de Grève !
RépondreSupprimer@ Didier : je vois que nous avons la même conception d'un juste châtiment.
RépondreSupprimer@ Michel : A quoi servirait qu'il démissionne si personne n'est prêt non pas à prendre le relais mais à mettre en œuvre une politique alternative ? Et accessoirement à obtenir, ce faisant, un soutien populaire.
Une politique "alternative", Jacques ?
RépondreSupprimerOù ça où ça ?
C'est justement parce que je n'en vois pas qu'une démission ne me paraîtrait ni souhaitable ni utile.
SupprimerEt bien sauf le commentaire de Jacques le rabat-joie (smiley), voilà une courbe que l on souhaiterait ne pas voir s'inverser.
RépondreSupprimerUn président de la République qui démissionne, ce ne serait pas une nouveauté. C'était même une tradition sous la IIIe et la IVe république (huit cas). Sans parler de ceux qui sont morts assassinés (trois) ou qui sont mort en court de mandat (deux). Présider la France comporte un certain risque. Il faut tenir compte de la pénibilité du travail pour le calcul de la retraite.
RépondreSupprimerListe des présidents de la République française
Les français ont bien décapité un Roi qui n'était pas un méchant homme alors pourquoi ne étêter un petit président aussi falot mais ce serait en faire une icône et cela il ne le mérite point.
RépondreSupprimerQuant à démissionner, il est bien imbu de sa misérable personne pour y penser.