Puis-je
révéler un petit secret afin de mieux faire comprendre le ressort profond d'une
affaire qui occupait hier tous les medias, parlés ou écrits?
Le voici.
Madame Bête
immonde est une avide fan de la série
américaine ( inspirée d'une série
israëlienne de plus faible diffusion) intitulée Homeland,
dont elle ne raterait aucun épisode,
même pas pour protester contre le bannissement des sandwiches au jambon en
banlieues sensibles (et diverses).
Nicholas
Brody, le héros de Homeland est un marine (ô manes de Freud ! ) fait prisonnier par des djihadistes en Afghanistan ( ou un pays
de ce genre). Durant les huit années de sa captivité , il se convertit à
l'Islam, noue des liens d'amitié avec le chef de ses ravisseurs (syndrome de Stockholm, me souffle-t-on)
et accepte de le seconder dans ses noirs et terroristes desseins.
Effectivement, une fois libéré (sans
versement de rançon ! ) et accueilli en héros aux Etats-Unis, Brody va...
je ne dévoilerai pas ce qui s'ensuit, me contentant de noter que Carrie, l'héroïne ( une dame de la CIA ), sera jetée
dans un asile de fous pour avoir clamé que Brody est un traître.
Dans la
vraie vie, il se trouve que des otages français ont, après une longue
captivité, été libérés, sans versement de
rançon, accueillis, sinon en héros, du moins en grande pompe, par le
Président-que-le-monde-entier-nous-envie lors de leur arrivée sur le sol gaulois, en un
grand moment d'émotion larmoyante retransmis par tout ce qui diffuse des scènes
conviviales et solidaires.
Comme tout
bon citoyen et bonne citoyenne, Mme Bête immonde vit le spectacle sur son
nationalphone et dans son cerveau des séquences de la fiction Homeland se superposèrent aux images de
la vraie vie. Un processus intellectuel s'enclencha... serait-il possible que...
? Mme Bête immonde regarda mieux l'écran... les otages libérés étaient, par la
pilosité de leur visage et leur vêtement, exactement semblables au portrait-robot hollywoodien des
terroristes undercover .
Le sang et
le patriotisme de Mme Bête immonde ne firent qu'un tour, furent convoqués
caméras et micros, et prononcée une déclaration un peu obscure et alambiquée,
suggérant plus que ne disant, comme il se doit lorsqu'il s'agit de débusquer
agents doubles et triples, et surtout des Nicholas Brody bien de chez nous.
De
cette dénonciation, Mme Bête immonde attendait une hausse de sa cote de
popularité (peut-être après un détour à l'asile comme Carrie, mais il faut
accepter de souffrir pour investir l'Elysée ), la légion d'honneur et des
remerciements.
Las, ce
furent d'abord des quolibets qui lui furent prodigués , puis des injures et
ricanements suivis d'une vigoureuse diabolisation,
d'un recul dans les sondages, et de la honte du ridicule.
En cette occurrence, et peu importe le bien
fondé ou non de ses sournoises allégations, Mme Bête immonde avait surtout
montré une pitoyable absence de sens
politique , c'est-à-dire, dans une
démocratie télévisuelle, de maîtrise de
la communication, laquelle tient plus au choix du moment où des propos sont exprimés qu'à leur contenu, car ce moment
conditionne les réactions de leurs auditeurs.
Mme Bête
immonde n'avait pas compris que ce moment était entièrement dominé par une
liesse unanime faisant des otages libérés d'intouchables idoles, et que tout
propos critique à leur égard, même un simple soupçon de suspicion..., serait
traité comme un blasphème passible du bûcher rapidement dressé par les faiseurs
d'opinion.
N'étant
aucunement partisan de Mme Bête immonde , sa maladresse ne me navre point, mais alors que je me préparais, en observateur
assez dilettante, à en tirer des conclusions ethno-sociologiques, un fin
politologue intervint pour me dire que je n'avais pas discerné la véritable
raison de l'intempestive intervention.
Mme Bête
immonde, me fut-il expliqué en cette belle langue pratiquée à Sciences-Po, est
dans une stratégie de normalisation.
Elle a déjà franchi avec succés une première étape en présentant un programme
dont les incohérences et la démagogique imbécillité se situent dans la norme des projets de ses concurrents.
Aujourd'hui, en affichant hautement à la face du peuple sa stupidité, elle se
place ainsi dans la norme des politiciens respectables
et respectés, et sa provisoire rediabolisation
sera nécessairement lavée par une
plus durable dérediabolisation.
Désormais
reconnue en tant que politicienne comme
les autres, Mme Bête immonde, conclut mon savant interlocuteur, n' a plus
qu'à prononcer encore deux ou trois ânerie médiatisées pour se distinguer du
troupeau sans s'en écarter, et voler
vers une victoire bien méritée.
C.Q.F.D.
La sagacité de votre ami est prodigieuse. Je n'aurais jamais deviné.
RépondreSupprimerAh, jeune innocent !
RépondreSupprimerN'avez-vous pas, au moins, ri du vent que s'est pris le Président-que-le-monde-entier-nous-envie sur le tarmac, à Villacoublay ? Ah, ce flan, quelle rigolade !
RépondreSupprimerLa télévision n'étant jamais entrée dans nos foyers, j'ignore ces drôleries...
Supprimerje plussoie à cette idée que l'absence de sens politique serait le pendant d'une absence de maîtrise de la communication.
RépondreSupprimerceci dit quoiqu'elle fasse ou dise, MLP reussit parfaitement son coup à chaque fois : la gauche tire à vue (la droite nettement moins) et son potentiel électoral augmente.
Quo non ascendet !
SupprimerDire que l'attitude des ex-otages ait été (et demeure) curieuse me paraît justifié. J'en ai d'ailleurs donné hier l'explication.
RépondreSupprimerEt donnée avec talent, cher Jacques.
SupprimerCela dit, quelle serait une attitude "normale" à l'issue d'un évènement anormal?
c'est quoi ce mépris pour MLP. Le FN est trop à gauche, mais je voterai néanmoins pour elle ! Evidemment, que ce gouvernement de fantoches, ils le sont tous depuis 50 ans, a raqué pour des otages dont nous n'avons rien à foutre ! Suis-je clair ?
RépondreSupprimerLe problème est moins la rançon que de flinguer les ravisseurs une fois les otages au sec, à la Sarkozy. Cela n'est pourtant pas difficile avec les drones israeliens de Calamité Hollande ! S'il a payé ou fait payé puis laissé partir les ravisseurs, c'est fichu, il va les avoir sur le dos jusqu'à ce qu'il flingue ou qu'il parte. Parce que c'est toujours ainsi quand on raque, le kidnapping devient leur bizness car ils n'en ont point d'autre.
RépondreSupprimerLe meilleur ami international du PS français est le PSOE qui à précédé Hollande dans l'inversion de la doctrine sur les otages, avec à la clé un déluge d'enlèvements, tous payés sans coup férir.
Connaissant la solidarité socialiste jusqu'à l'aveuglement, il n'y aurait rien d'étonnant à ce qu'Hollande s'enferre dans cette voie, pour le plaisir supplémentaire de se démarquer de son prédécesseur.
Hollande aurait quand même introduit la nuance du paiement par procuration, ce qui signifierait une légère prise en compte du résultat catastrophique de cette doctrine, tel qu'on le voit aujourd'hui avec la mort des deux passagers de la Croisière s'Amuse.