david in winter

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Editeur. Ecrivain. Dilettante

mardi 19 novembre 2013

En souvenir de Leonarda, et autres misères enfantines



   Un examen attentif de l'activité du Président, actuellement occupé à distribuer Jerusalem aux quatre vents tout en souffletant l'hydre raciste, semble montrer que ce vaillant chef d'Etat a totalement oublié sa promise – la plantureuse Leonarda.
   Pendant que la pauvre créature pleure sur ses rêves évanouis d'étreintes élyséennes, un moraliste ne manquerait pas d'épiloguer sur la roche Tarpéienne et la fragilité de la gloire, et peut-être même sur l'ingratitude des grands, pour moi, j'ai eu la bonne fortune de tomber sur une étude publiée ce matin  par une organisation onusienne qui m'a toujours paru plus que suspecte et nommée unicef.
   Publiée...,  plus exactement à peu près publiée, car sur le site de ce repaire de fonctionnaires internationaux n'apparaît que le résumé de ladite étude , et lorsque l'on clique pour accéder au rapport complet apparaît une page s'exclamant joyeusement : "Oups ! La page que vous demandez n'existe plus" .
    Ce résumé, dont nous nous résignerons à nous contenter, est assez long et fort jargonnant, donc d'une lecture pénible, et  nous apprend que " un enfant sur cinq [en fait, il ne s'agit , comme précisé plus loin, que d'un moins chic  17% ] est en situation d'intégration sociale précaire", que "17% sont en situation de profond mal-être social" et que " 7% sont pris dans un processus  de disqualification sociale ".
   Ces situations et processus sont déterminés par les réponses à un certain nombre de questions, dont la formulation, naviguant le plus souvent entre à-peu près et approximations, se voudrait toute scientifique , et dont l'addition fait basculer l'enfant-sondé dans telle ou telle case; quant à ce qu'elles expriment, l'abstraction de leurs  énoncés élimine gaiement toute possibilité d'une appréciation concréte , mais on devine que les mots en ont été choisis pour provoquer une émotion, un trouble, peut-être même une indignation, car la vision d'un attendrissant bambin broyé dans un "processus de disqualification sociale", cela interpelle – et fait ouvrir les porte-monnaie.
  Cela permet aussi de nourrir les medias de communiqués satisfaits ( pour le caractère pionnier de l'étude )  et pleurnichards ( pour les appels à agir ) , offrant prêts à l'emploi des accroches de Une ( et effectivement, cette précarité, ce mal-être, cette disqualification ont apparu en première page des gazettes ce matin), des thèmes de discours pour les politiciens et de lamentations pour les associatifs au cœur perpétuellement saignant.
  L'insolent qui aurait la curiosité de lire plus avant l'étude découvrirait que, globalement, plus d'un enfant sur dix est satisfait de son sort, et même plutôt content, même si quelques défavorisés ne possèdent pas encore de smartphone ou sont, à l'école, ennuyés (?) par des camarades insensibles, mais satisfaction et contentement ne sont pas vendeurs, et sont très justement relégués en queue de chapitre.
  Une problèmatique plus vaste, et certainement essentielle, effleure les droits de l'enfant , qu'exprime catégoriquement une charte dont le survol prouve une nouvelle fois que, selon le mot de Schiller, les Dieux eux-mêmes ne peuvent rien contre la bêtise , charte mêlant les fameux et criminels droits à aux pétitions de principe les plus farfelues et malintentionnées, oubliant qu'un enfant, mineur par excellence, n'a et ne peut avoir de droits qu'il serait incapable d'exercer  ( en attendant, bien sûr, que de nouvelles lois permettent à des marmots de traîner en justice des parents coupables de les avoir obligés à faire leur devoir, ou même, horreur !, à être polis).
   La grande vertu de cette étude , dirigée et commentée par un sociologue et une dame psy, tous deux bien en cour, est de fournir à peu de frais un nouveau volume au vaste sottisier de notre temps.
   Et... Leonarda ?
   Comme le Président, je l'avais oubiée, pourtant, elle est par son âge, selon les critères de l'unicef, une enfant , mais des droits qu'elle possède à ce titre, je ne la vois aujourd'hui bénéficier, nolens volens, que du droit à l'oubli.

2 commentaires:

  1. Bonjour Michel, c'et Nicolas Bonnal, je ne peux plus vous joindre sur Yahoo. je lis votre blog depuis quelque temps et j'aimerais bien reprendre contact. nbionnal@yahoo.es. J'ignore l'actu française ce qui est le meilleur moyen de ne plus s'énerver. Il ne fallait pas acheter du General Motors sinon en 2001, mais du Renault en 2009... Sinon pour Léon Bloy le lecteur a raison : archive.org. A bientôt de vous lire !

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  2. et que " 7% sont pris dans un processus de disqualification sociale ".

    Ça n'est en aucun cas le cas de Léonarda.
    Il se dit même qu'on l'aurait vue pas plus tard que ce soir vendant des saucisses à l'entrée 8 du Stade de France.
    Où les gens qui jouaient pour nous ont gagné le droit d'aller faire grève à Rio.

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