Dans le roman
publié en 1956 de l'écrivain anarcho-écolo et grand amateur de whiskey Edward
Abbey ( 1927-1989) The brave cowboy , adapté
au cinéma par Dalton Trumbo sous le titre Lonely
are the brave (1962, de David Miller, avec Kirk Douglas), le héros, arrêté
par un policier qui lui demande des papiers
d'identité , répond :
--Je n'en ai pas, je sais qui je suis.
Moi aussi, je sais qui je suis, et, tout en
refusant d'être mis en carte comme
une pute de jadis, je connais mon
identité.
Cette identité, identité personnelle, se
fonda sur les vices et les vertus de ma naissance, mon éducation, mes
rencontres, les legs du passé et mes expériences (etc. ...), se corrigeant,
s'accroissant, se modifiant sans cesse au fil des années, mais plus j'avançais
en âge, de plus en plus marginalement , et s'il arrivait qu'à l'automne de ma
vie quelques Tartares envahisseurs me réduisissent en esclavage, de ce
changement de condition résulterait peut-ête quelque chagrin, mais non un grand
bouleversement de mon identité, désormais fermement construite.
Il en est ainsi pour tout être humain.
Mais qu'en est-il d'une supposée identité collective, ou nationale ?
Cette telle identité serait formée de
l'addition d'un certain nombre d'identités individuelles, regroupées par leur
état-civil, ou le territoire qu'elles occupent.
A-t-elle un sens ?
Regardons une époque de civilisation française, vers l'an 1670, et ce qu'ont alors en
commun les règnicoles.
Ils partagent une commune fidélité envers
une religion alors unique, dont ils acceptent les dogmes, et qui imprégne leur
vie quotidienne par des rites, des cérémonies, des fêtes ( et des prêches qui
enseignent ), une égale fidélité envers le seigneur-Roi qu'ils respectent et
servent, une soumission à un ordre social inégalitaire et juste car il est
voulu par le Dieu qu'ils adorent et craignent, ils s'enorgueillissent
d'appartenir à un grand royaume ( qu'ils croient être le plus grand du monde ) d'où découle la fierté d'être français, ils partagent enfin, et plus
subtilement, le fait de posséder des
particularismes, des identités
locales et très-personnelles, patois,
architecture, institutions même (etc. ...) mais ces particularismes, ces
diversités s'inscrivent dans une unité
supérieure en contribuant à la construire.
La catastrophe de 1789 balaya tout, détruisit
tout, et ce qu'elle tenta de reconstruire fut une unité forcée, non par le lent
effet des apports des siècles, mais par la violence du glaive, en abolissant
ces particularismes et ces diversités
qui sont le socle d'une vie commune.
Vint aussi un temps de patriotisme, celui-ci n'était pas jadis absent de cette "identité
nationale", mais il n'en était qu'un élément parmi tant d'autres, devenu élèment
unique, il ne fut plus qu'une conviction, qui perdit sa force, se dilua et ne
survit guère qu'en ce grotesque et misérable avatar appelé chauvinisme.
Et aujourd'hui ? Quelle identité nationale
ou collective ?
Je n'ai abordé cette question que parce
qu'elle surgit ici et là avec une
envahissante insistance, d'autant plus virulente qu'elle sous-entend une menace, menace qui ne m'émeut, car je
juge que la question débattue n'a aucun sens.
Pour l'excellente raison qu'il n'existe d'identité que personnelle , et que ce qui
est collectif se nomme peuple, nation, ou autrefois : civilisation.
Dans mon bref survol des temps révolus, il
m' a fallu, malhonnête ruse, courber le sens des mots pour faire croire qu'il
eût existé dans le passé un concept né ces jours derniers...
Et à qui, préférant le verbe à l'agir,
disserte sur cette "identité nationale " ( qu'elle soit heureuse
ou malheureuse, peu me chaut), ne pourrait-on conseiller de plutôt tenter ,
abandonnant haines et préjugés, de chercher à poser les premières pierres,
modestes ou glorieuses selon l'étendue de ses talents, d'une nouvelle civilisation?
Que renaisse une telle civilisation, et nous
verrons s'y fondre de déraciné allogènes.
Mais de cela, je crains que nous ne soyions bien
loin.
D'accord avec vous sur l'essentiel.
RépondreSupprimerPour ce qui est de créer une nouvelle civilisation au sens où vous l'entendez, n'est-ce pas le but que M. Peillon assigne à l'école afin d'achever l’œuvre de 1789 ?
Humm humm...
SupprimerUne civilisation du goulag ?
"une unité forcée, non par le lent effet des apports des siècles, mais par la violence du glaive."
RépondreSupprimerTiens, fait amusant, lorsqu'on consulte l'actuel et très socialiste site de l'Elysée, on peut voir, ornant le frontispice, un des symboles de la république, d'ailleurs décrit ainsi :
"La partie centrale du motif représente des faisceaux constitués par l'assemblage de branches longues et fines liées autour d'une hache par des lanières.
Les faisceaux sont recouverts d'un bouclier sur lequel sont gravées les initiales RF (République française). Des branches de chêne et d'olivier entourent le motif. Le chêne symbolise la justice, l'olivier la paix.
Le faisceau de licteur est un emblème très souvent utilisé pour représenter la République française, même s'il n'a aujourd'hui aucun caractère officiel."
Le faisceau des licteurs, moyen d'avertir le bon peuple qu'il subira les verges et/ou la décapitation s'il s'avise de jouer au con. Accessoirement, l'emblème adopté par la bande à Mussolini, ces fameux fascistes.
Hasard ? Hi hi hi...
Ceci dit, je suis Auvergnat avant d'être Français, n'en déplaise aux grincheux républicains. Et ma diversité se nomme bretons, alsaciens, berrichons,lorrains, provençaux, normands, etc.
RépondreSupprimerBien dit !
RépondreSupprimerC'eût été marrant, Michel, une pièce de Molière sur l'identité française. Préfacé par Lady Ashton Martin et les femmes savantes...
RépondreSupprimerPour le reste, faire ce que font des copains qui ne veulent pas de cage à latins. Des enfants, des écoles et des catholiques parcs.