david in winter

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Editeur. Ecrivain. Dilettante

samedi 23 novembre 2013

Immigrés : anges ou démons ?



     Divers news magazines, en mal d'actualité chaude et d'ailleurs étrangers à toute information  (news),  consacrent cette semaine leur couverture, annonce d' un dossier, à un sujet tout neuf : l'immigration et, surprise, les immigrés.
   Il va de soi que je n'ai ni acheté ni lu ces publications, mais une longue revue de presse m'en a livré la substantifique moëlle, matériau dont la flasque consistance s'accorde à merveille au contenu de ces articles. Lesquels , s'appuyant sur des sondages, enquêtes, études et statistiques enrobés de commentaires de faible pertinence, mélangent allègrement des objets ( ici traités en sujets ) qui peuvent se recouper mais n'ont entre eux nul lien nécessaire.
   Le premier d'entre eux traite de la criminalité, et nous apprend, avec de prudentes circonlocutions, que la proportion de criminels ( confondant d'ailleurs parmi ces derniers les innoffensifs auteurs de crimes sans victime avec les véritables agresseurs ) est plus élevée chez les immigrés que chez les indigènes. Il y a belle lurette que les historiens sérieux de l'immigration aux Etats-Unis ont expliqué pourquoi il en était ainsi, et pour quelles raisons, lesquelles n'ont rien à voir avec une race ou une religion, mais avec le seul déracinement (qui, outre-atlantique, s'évanouira dans le melting pot ). De la situation en Gaule, retenons que si un certain nombre d'immigrés sont des malfaiteurs, l'immense majorité d'entre eux ne le sont pas, et que cette criminalité n'existe que, d'une part, par la prolifération de lois créant des crimes qui n'en sont pas, et d'autre part et surtout, par l'obstinée incapacité de M. Etat à assurer l'ordre public.
   Second sujet : le coût des immigrés. Ici, statistiques et études se livrent des combats vides de sens, additionnant des poireaux et des enclumes pour les diviser par des asperges et des réfrigérateurs, tant il est impossible de déterminer ce que reçoivent exactement les immigrés et ce qu'ils rapportent ; il est vrai et évident que certains immigrés enrichissent la communauté indigène, tout aussi vrai et évident que d'autres la pillent et l'appauvrissent, mais... le solde, comment le calculer? Trouvera-t-on un individu qui a apporté sans rien recevoir ( par ex., qui a payé des impôts sociaux et ne s'est jamais fait rembourser un médicament) ? Ou qui a reçu sans rien donner ( même la famille de la plantureuse Leonarda payait l'impôt nommé TVA sur ses achats ) ? Qu'il y ait un grand nombre d'immigrés venus sur le sol gaulois afin de recevoir des sous sans travailler est certain, mais quel nombre ? Et qui ira déterminer ce qui est pour les uns volonté définitive et pour les autres situation provisoire ? Comment faire entrer dans des statistiques des intentions, qui peuvent être fluctuantes ?
   Ensuite, la masse des immigrés. Là, des commentaires relèvent que les indigénes la surestiment, puisque, selon les chiffres officiels, elle ne représente que neuf pour cent de la population. Ô charmes des statistiques globales ! Dans mon canton, cette masse est proche de zéro, dans certains quartiers elle atteint soixante-dix ou quatre-vingts pour cent, et il est légitime que les habitants de ces quartiers ne considèrent pas le nombre des immigrés conformément aux statistiques d'ensemble  -- eux ne surestiment pas, mais disent ce qu'ils voient et vivent.
   Quant à la religion, si le silence règne sur l'hindouisme des Tamouls installés près de la parisienne gare du Nord, sur le confucianisme des Chinois ou le bouddhisme d'autres asiatiques,  une autre croyance, elle fortement protégée par M. Etat qui l'a élevée à la dignité sacrée de race ( qui n'existe pas, affirme par ailleurs M. Etat ), semble heurter certains indigénes. Mais tous les immigrés sont-ils mahométans ? Tous les mahométans sont-ils immigrés ? N' y aurait-il pas là une sorte de confusion ?
   Cette confusion, également présente dans les sujets enrichissement/appauvrissement, criminalité et masse, est le résultat, ici inéluctable, de l'utilisation du duo immigration-immigrés comme cri de ralliement et slogan par divers politiciens et intellectuels engagés ( à gauche, pour la soupe). Pour les uns, la célébration béate de l'immigration, fondée sur des absurdités et des mensonges,   semble un excellent outil pour obtenir des voix d'électeurs et assurer leur pouvoir, pour d'autres le rejet de l'immigration, reposant sur des a priori et des amalgames,  paraît être le meilleur marchepied vers les voluptés ministérielles et présidentielles, certains enfin adoptent tour à tour, au gré du vent, une position et son contraire.
   Peut-être l'immigration  ( et les immigrés ) est-elle un problème ( un mal ), peut-être est-elle un atout ( un bien ), mais dans le pseudo-débat actuel, qui est surtout un échange d'invectives,  je ne vois qu'une bouillie mélangeant chiffres sans contexte et jugements faussement moraux, bouillie d'où il ne sortira nulle lumière.
   Quant à la question de l'identité, ce sera pour un autre billet.

5 commentaires:

  1. Curieuse interrogation que celle de votre titre ! Bien plus manichéiste que ce qui suit. Mais, vu que vous posez la question, répondons-y. Admettons qu'il s'agisse d'anges. Ceux-ci auraient bien du mal à s'assimiler à une population peu angélique. Il en irait de même s'ils étaient des démons. La question, à mon sens, est de savoir le quota d'anges ou de démons qu'une société peut accueillir sans en être profondément transformée. Ce qui amène à se demander si une transformation provoquée par des allogènes est souhaitable ou non et/ou préférable à une inévitable évolution interne.

    Quant à l'identité française, je pense qu'il est impossible d'atteindre un consensus sur le sujet.

    Au passage, je crains que le melting pot américain relève davantage du vœu pieux que de la réalité. Il semblerait que des communautés vivent sur un même territoire sans s'y fondre ou s'y mélanger même si elle se trouvent unies par un sentiment d'appartenance à une même nation.

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  2. Le melting pot, cher Jacques, c'était vers 1900...
    Times are a-changing...

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  3. Robert Marchenoir24 novembre 2013 à 00:01

    Vous avez mal regardé.

    La criminalité immigrée n'est évidemment pas liée au déracinement. Sinon, pourquoi expliquez-vous qu'on n'ait pas remarqué de criminalité particulière parmi les nombreux Français ingénieurs ou PDG installés dans la Silicon Valley ?

    Pourquoi les Asiatiques, aux Etats-Unis, présentent-ils un taux d'incarcération massivement inférieur à celui des Blancs pour tous les types de crimes et délits, alors que la quasi-totalité des autres races présentent un taux d'incarcération massivement supérieur pour la quasi-totalité des crimes et délits ?

    La race la plus délinquante et la plus criminelle étant, bien évidemment et conformément aux stéréotypes les plus moisis et aux préjugés les plus nauséabonds, la race noire ?

    http://fr.scribd.com/doc/122745894/Color-of-Crime

    Voir figures 9 et 10.

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  4. Je proteste de vous lire énoncer froidement que la famille de Leonarda acquittait fort civilement la TVA. A l' époque de cette pantalonnade, nous apprîmes de l' entregent des gazettes que le géniteur d' icelle vivait principalement de menus larcins. Depuis quand un voleur de poules acquitte-t-il la TVA sur ses rapines?

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