david in winter

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Editeur. Ecrivain. Dilettante

lundi 18 novembre 2013

Coups de feu, gazette, démocratie



   D'un côté, les œuvres de MM.  le duc de Saint-Simon, François-René de Chateaubriand, Honoré de Balzac, Marcel Proust.
   De l'autre, les gazettes du jour.
   D'un côté, le génie et la feue civilisation.
   De l'autre, rien qui s'élève au-dessus du psittacisme et du fait-divers  -- pour ce dernier, la breaking news matinale est l'irruption  dans le hall d'un quotidien d'extrême-gauche d'un assassin solitaire qui, avant de prendre une prudente fuite, a grièvement blessé d'un coup de feu un malheureux qui eut, peut-être, la malchance de se trouver à la mauvaise place au mauvais moment.
  Le fait-divers a le rare mérite de nous informer sur l'état de la société grâce aux réactions qu'il provoque.
   Ici, au moment où nous ignorons absolument tout de l'agresseur, de son identité et de ses mobiles, ( et ne sommes guère mieux renseignés sur la victime ),  deux réactions, qui ne se situent pas sur le même plan.
   D'abord, cette déclaration du directeur du quotidien où se déroula le fait-divers : "tirer des coups de feu dans un journal, dans une démocratie, c'est très grave."
   L'invocation à la démocratie est  un automatisme, qui n'a , en l'absence de la moindre connaissance des motivations du tireur, nulle pertinence, je ne chercherai même pas à en déduire le corollaire que "tirer des coups de feu sur un bijoutier est parfaitement acceptable en démocratie ", je ne relève que ceci : dans certaines circonstances, certains individus prononcent nécessairement certains mots sans se préoccuper de leur très éventuel sens, rien de nouveau donc, seule une énième confirmation de l'absence de toute intelligence, de toute tentative de compréhension dans le discours des prétendues élites.
   Ensuite, le fait que, un certain temps après la disparition du tireur qui peut désormais se promener assez loin, la police a sécurisé ( comprendre : a interdit à la circulation ) la rue où se trouve la gazette;  l'absurdité de cette attitude, copiée sur ce que montrent d'innombrables séries policières made in Hollywood et devenue depuis quelque années routinière, ne surprend personne et ce n'est là encore qu'une énième confirmation de l'accoutumance citoyenne à toute absurdité aujourd'hui entrée dans les moeurs.
   Dans les heures à venir, ce fait-divers déclenchera maints discours, nous en connaissons déjà le contenu, car de tout ce qui se produit aujourd'hui, nous pouvons désormais écrire d'avance le récit des suites, tant notre société ne fait plus que rabâcher, déjà elle est gâteuse, bientôt agonisante, après-demain...
  La vie, la vie des hommes qui connaissent et provoquent les passions du cœur et de l'esprit et les ruptures avec les routines et les conformismes, des hommes dont les paroles et les actes epriment une volonté propre, cette vie demeure pourtant toujours présente, dans les pages de M. de Saint-Simon ou de M. de Balzac , et je ne sais quel vilain diable me les fait négliger ne serait-ce que le temps de deux ou trois clicks au profit d'une morte actualité.

20 commentaires:

  1. Je découvre ce fait divers grâce à (ou à cause de) vous : je suis accablé d'avance par ce que je vais en lire sur les blogs de gauche !

    (Vous me direz que personne ne me contraint à y aller…)

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    1. Ni moi à regarder les gazettes...

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    2. N'empêche, Didier, que j'admire votre abnégation (qui, lorsque vous nous rapportez quelques pépites de ces terres arides où l'on n'ose trop s'aventurer, nous permet d'agréables moments de franche rigolade).

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    3. Je suis une sorte de saint Sébastien grassouillet…

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  2. Si jamais le tireur a lu -ne serait-ce qu'une fois- le Figaro dans sa jeunesse, attention aux commentaires argumentés sur la nocivité de "l'extrême droite". Le FN pourrait bien en être dissout!
    Par contre le maire UMP poignardé, rien...Un déséquilibré qu'aurait fait ça. Fermez le ban!
    Le Page.

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  3. @J'allais en faire un billet du même tonneau, tant pis, vous fîtes mieux que je ne saurais faire.
    Il fallait suivre sur twitter, ce matin, les réactions de la corporation des journalistes ou apparentés, c'était à mourir, si j ose dire, de rire. Un vrai festival: c'est la profession qui est visée, la démocratie, la liberté de la presse, tout mon soutien aux jounralistes, mes pensées vont vers ce jeune photographe, le sempiternel " quand on s'en prend à la presse, c'est à la république que l on s'en prend", je vous épargne le reste.
    Mais c'est en cela, que parfois, ce réseau "social" est extra: on y trouve tout ceux qui ont compris que le ridicule ne tuait pas et, à vrai dire, rien qu'à les lire, on se marre, gratos, nettement mieux qu un sketch de qui vous voudrez.

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    1. On se marre ?
      Ne serait-ce pas un peu trop répétitif, prévisible , réchauffé ?

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  4. On pourrait presque penser que le but principal d'Hollywood est d'habituer les gens à trouver normaux des comportements débiles, mais ce serait étonnant puisque l'industrie du cinéma est aux mains de gens qui s'intéressent avant tout à l'argent.

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  5. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  6. BFM a également été visé, il me semble. S'en prendre à la "presse" "libre". Rhô ! Mais comme vous le faites remarquer, c'est beaucoup plus grave qu'un buraliste ou un bijoutier agressé. Et presque autant à l'émotio-mètre qu'une expulsion de Leonarda.

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    1. Tiens, où est passée la belle Leonarda ?

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    2. La belle O_O Leonarda ? Oui, c'est vrai, ça : où ça ?

      O_°

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  7. Je pensais que libération n'existait plus, non je plaisante, un lecteur mécontent si tenté que ce torchon en est encore ou alors un petit coup de pub pour relancer les ventes comme pour la banane.

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  8. Robert Marchenoir18 novembre 2013 à 18:37

    C'est évidemment leulibéralisme qui est visé.

    Libération : le social-libéralisme, les médias chiens de garde du système.

    BFM : le libéralisme de droite, les journalistes aux ordres de l'oligarchie.

    La Société Générale : le libéralisme financier mondialisé.

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    1. Le libéralisme étant totalement étranger à cette anecdote, je pense que vous ironisez....

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    2. Robert Marchenoir18 novembre 2013 à 20:32

      Non, je n'ironise pas du tout. Les trois premiers objectifs choisis par le tireur (en espérant que ça s'arrête là) correspondent tout à fait aux ennemis désignés par les anti-libéraux d'extrême-droite comme d'extrême-gauche, et au libéralisme tel qu'il est théorisé par eux.

      Les médias : c'est, aux yeux des anti-libéraux, l'un des piliers essentiels de l'oligarchie au service du libéralisme mondialisé. Qu'ils soient de droite ou de gauche. Il y a les libéraux "décomplexés", de droite (BFM), et les sociaux-libéraux, les traîtres de gauche, la fausse gauche (Libération). Théorie de Michéa, Mélenchon, Marine le Pen...

      La banque : "l'ennemi, c'est la finance" ; "mettre l'économie au service de la politique" ; "chasser les spéculateurs", etc.

      Je précise que je suis libéral, afin qu'on ne perde pas de temps sur des malentendus (c'est pourquoi je parle du leulibéralisme, et non du libéralisme).

      Je précise aussi (sait-on jamais) que je n'approuve ni l'assassinat ni le terrorisme.

      Nous sommes vraisemblablement en présence d'un mini-Breivik, animé par une cause un peu différente.

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  9. Robert Marchenoir21 novembre 2013 à 01:57

    Voilà, mon intuition était juste, c'était bien un attentat anti-libéral :

    Le tireur est Abdelhakim Dekhar, d'origine algérienne, se revendiquant d'acquointances islamistes, condamné en 1998 pour avoir pris part à l'équipée meurtrière de Florence Rey et Audry Maupin, deux militants d'extrême-gauche qui avaient tué quatre personnes en 1994 lors d'une attaque contre des policiers.

    http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/11/20/01016-20131120ARTFIG00594-traque-du-tireur-parisien-un-homme-place-en-garde-a-vue.php

    A l'époque, il s'agissait de voler des armes aux policiers pour attaquer des banques.

    Aujourd'hui, c'est une attaque contre le "système" représenté par la banque et les médias (dont le journal de gauche Libération, jugé vendu au social-libéralisme, à la finance mondialisée des Rothschild, etc).

    On verra ce qu'il dira aux enquêteurs, mais enfin cela me paraît assez clair.

    Notons une fois de plus le caractère sanguinaire de l'association extrême-gauche et islam.

    Il est intéressant, aussi, de relever le nombre effarants de romans, films, poèmes, bandes dessinées, pièces de théâtre, etc, consacrés à Florence Rey après sa condamnation, suivant ainsi la bonne vieille tradition française de la fascination, voire de la complaisance de l'intellligentsia artistique française pour le crime, pourvu qu'il soit perpétré au nom d'idéaux d'extrême-gauche :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Rey-Maupin

    En cherchant un peu, on devrait bien trouver quelques articles de Libération exprimant compréhension, voire sympathie pour Florence Rey à l'époque. Monsieur Demorand, directeur de la rédaction, qui nous faisait des trémolos pas plus tard qu'hier sur la "profanation" que constituait cet attentat contre son journal, "pilier de la démocratie", consentira-t-il, cette fois-ci, à reconnaître que ce sont l'extrême-gauche, l'islam djihadiste et l'anti-libéralisme militant qui constituent un danger contre la démocratie ? Un danger mortel ?

    Compte là-dessus et bois de l'eau fraîche.

    A moins que cela ne m'ait échappé, je n'ai pas constaté que le sieur Demorand, dans les divers déclarations et écrits solennels qu'il a consacrés à l'affaire, ait eu la décence élémentaire d'associer l'équipe de BFM à ses protestations indignées contre cette intolérable "atteinte à la démocratie".

    La démocratie, elle n'est menacée que lorsqu'on s'attaque aux journaux de gauche. Si BFM, la télé ultra-libérale à la botte du capitalisme international, se fait braquer, eh bien c'est un peu les risques du métier.

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  10. Robert Marchenoir21 novembre 2013 à 03:16

    Audry Maupin, l'un des tueurs de flics complices, en 1994, d'Abdelhakim Dekhar qui vient d'être arrêté pour tentative de meurtre à Libération, était militant de la CNT (anarchiste) et de la SCALP (Section carrément anti-Le Pen).

    Le type qui a failli tuer un homme à Libération, il y a trois jours, était complice d'un "anti-fasciste" qui luttait contre le Front national, en 1994, les armes à la main.

    Aurons-nous des excuses de l'arbitre des élégances démocratiques ?

    http://www.liberation.fr/societe/1998/09/24/toumi-le-censeur-le-cure-qui-nie-etre-le-troisieme-homme_246592

    (Dekhar ne se revendiquait pas de l'islamisme en 1994 : il prétendait traquer les islamistes pour le compte du gouvernement algérien. Mais il est bien d'origine musulmane.)

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  11. Oh, mais depuis le temps, il y a prescription droit à l'oubli toussa, ce n'est donc pas un récidiviste ! (Ceci dit, toutes mes félicitations à Marchenoir qui a été, il me semble, le fin limier de l'affaire.)

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