david in winter

david in winter

Editeur. Ecrivain. Dilettante

mercredi 17 juillet 2013

Qualité française



   Désireux de me plonger visuellement dans le grand Siècle, je sortis hier d'une pile négligée le film Tous les matins du monde, réalisé en 1991 par M. Alain Corneau et écrit par M. Pascal Quignard, écrivain de l'espèce mondaine et  sentencieuse.
   Comme le sait tout un chacun, et comme je l'ignorais jusqu'à la veille de jour, ce film raconte les relations heurtées entre deux joueurs de viole contemporains de Louis XIV, et compositeurs, M. de Sainte-Colombe et Marin Marais.
   Du premier, nous ne savons que ce que nous disent une dizaine lignes publiées en 1687  , qui semblent fiables, nous possédons également une petite notice de 1732 dont on peut accepter ou mettre en doute les informations pittoresques, mais nous ignorons les dates de sa naissance ou de sa mort, et ne pouvons décider s'il vécut à Lyon, à Paris ou dans le Béarn. Notre connaissance du second est meilleure, sans être fort abondante.
   Sur ce menu matériau, M. Quignard a bâti un squelette d'intrigue, qui ressasse les plus éculés clichés de la relation maître-élève, en l'agrémentant d'une affaire  de sexe plutôt que d'amour; il nous est dit aussi que M. de Sainte-Colombe est janséniste, sans doute afin de justifier l'austérité des décors et de la mise en scène ( et la minceur du budget ? ) car, de tous les fidèles de Port-Royal, ce M. de Sainte-Colombe vu par M.Quignard  est certainement celui qui fut le moins occupé de son salut, et même de religion.
    Les dialogues sont parfois ridicules, plus souvent grotesques, et obstinément bas, ce n'est pas un disciple des Arnaud que nous entendons parler, mais un plumitif d'une actuelle gazette bien-pensante .
   Est proncée cette réplique destinée à préciser le titre : " Tous les matins du monde sont sans retour", ce qui peut se dire aussi bien des soirs, des midis ou des five o'clock teas, mais ici la plus triviale banalité se veut profonde.
   Les acteurs, MM. Marielle et Depardieu, affectent avec componction une mine misérable, quand elle n'est pas sinistre, M. Depardieu junior est transparent, et une actrice exhibe tristement un sein évidemment maigrelet.
   De ce vide prétentieux se dégage l'ennui recherché, ennui que l'on ne peut exprimer qu'au risque d'être traité de béotien, aussi les critiques se prosternèrent-ils devant l' Œuvre, et le public accourut, car les moutons aiment à s'ennuyer.

6 commentaires:

  1. Quitte à visionner un film d'époque avec Marielle, je préfère nettement Que la fête commence.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Pas vu, mais ai entendu dire que c'était fort mauvais -- historiquement, comme divertissement avec femmes nues, c'est peut-être mieux.

      Supprimer
    2. Je confirme : c'est très mauvais. C'est du Tavernier, quoi ; qui est un peu le Delannoy de notre époque, c'est à dire la bienpensance faite homme. Et grand rafleur d'argent public, évidemment.

      Supprimer
  2. Que pensez-vous de "L'Allée du Roi" ? Je l'ai vu il y a fort longtemps et j'en garde un bon souvenir, mais j'aurais peur d'être déçu en le revoyant. D'ailleurs, notre ami le vicomte détestait tellement Mme de Maintenon que j'aurais du mal à porter sur elle le même regard qu'auparavant.

    En France, on n'est pas très doués pour les films historiques. Mais le pire, ce sont encore les téléfilms. Je me souviens notamment d'une adaptation des "Trois mousquetaires", passée sur une chaîne publique, avec un d'Artagnan au phrasé banlieusard, très "quartier sensible au XXIème siècle". Je n'avais pas pu tenir jusqu'au bout.

    RépondreSupprimer
  3. J"ai cette Allée, mais pas regardé.

    Le pire, c'est le Borgia franco-tchèque, ai arrêté la saison 2 après deux épisodes, l'américain est "moins pire".

    RépondreSupprimer