Il y a cent quatre-vingt sept ans, le 4
juillet 1826 , jour du cinquantième anniversaire d'une très fameuse Déclaration d'Indépendance mourait à
Monticello, en Virginie, son rédacteur
Thomas Jefferson, troisième Président des Etats-Unis d'Amérique – il était une
heure de l'après-midi .
A six heures de l'après-midi de ce même 4
juillet, à Quincy , Massachussetts, mourait John Adams, deuxième Président des
Etats-Unis d'Amérique, après avoir murmuré : "Thomas Jefferson survives
" , nous ne savons si c'est là une question, ou une affirmation.
La coïncidence de ces deux morts ( et James
Monroe , le cinquième Président, et dernier des Virginiens, mourut également un
4 juillet, de 1831... ) m' a toujours ému, parce que ces deux hommes furent
unis d'une longue et belle amitié – coupée d'une violente période de haine .
Ils étaient très dissemblables.
John Adams , né en 1735, était un lawyer du
Massachussetts, puritain et pieux, conservateur, de fortune moins que médiocre,
mais économe.
Thomas Jefferson, de huit ans son cadet, était
propriétaire d'une vaste plantation et de nombreux esclaves, déiste, pour ne
pas dire athée, philosophe dans le
sens français de ce temps, dilettante et esthéte, prodigue et ruiné en ses
dernières années.
John Adams était de taille moyenne,les yeux
noirs, un peu gros et tôt chauve, Thomas Jefferson était grand, mince, les yeux
noisettes, le cheveu roux, et était un excellent cavalier, Adams faisait
bourgeois, Jefferson aristocrate.
Founding
fathers, ils avaient combattu côte-à-côte pour l'Independance, s'étaient
estimés, et liés intimement quand, en 1788, tous deux furent en Europe, Adams
ambassadeur à Londres, Jefferson à Paris.
La politique les sépara. En 1796, pour
succéder à George Washington, John Adams fut élu Président contre Thomas
Jefferson – 71 voix pour l'un, 68 pour l'autre.
La présidence d'Adams ne fut pas paisible,
les partisans de Jefferson l'attaquèrent avec férocité, au point qu'Adams promulgua
des lois scélérates pour faire
supprimer les gazettes d'opposition.
A l'élection de 1800, Thomas Jefferson battit
John Adams , lui infligeant l'humiliation du refus par le peuple d'un second
mandat. Réélu, Thomas Jefferson quitta la Présidence le 4 mars 1809, la
laissant à son disciple James Madison, le deuxième des Virginiens .
Dois-je dire qu'il n'y avait plus aucun
rapport entre les deux ennemis ?
Le premier janvier 1812, John Adams écrivit
à Thomas Jefferson ( "Dear Sir" ) pour accompagner l'envoi de deux
pièces de tissu faites par une personne que protégea Jefferson, et lui
souhaiter la bonne année. " I am,
Sir, with a long and sincere Esteem your Friend and Servant " terminait la
lettre. Thomas
Jefferson répondit vite ( "Dear Sir" ) , longuement, chaleureusement,
et ayant enfin assuré son vieil adversaire qu'à aucun moment il ne lui avait
retiré sa sincère estime, il terminait ainsi : " I now salute you with
unchanged affections and respect."
S'ensuivirent 158 lettres ( 109 d'Adams, 49 de
Jefferson ) -- la dernière est d'avril
1826 (Adams) – traitant essentiellement de littérature, de philosophie, et
d'amitiè.
Dans aucune de ces lettres, ils ne
s'appelèrent autrement que 'Dear Sir".
PS. A lire : The
Adams-Jefferson letters ( University of North Carolina Press, 1959).
Born un 4 juillet : ma fille a 40 ans aujourd’hui.
RépondreSupprimerHappy birthday !
SupprimerBelle présentation ; et on est saisi (le monoglotte que je suis, en tout cas) du regret que ces lettres, apparemment, ne soient pas traduites.
RépondreSupprimerAh Didier: je voulais vous remercier de m'avoir fait reprendre le train, un vieux train à la Simenon.
SupprimerY'a pas à dire vous écrivez bien.