Un député-maire
vient de tenir un propos d'une remarquable stupidité, ce qui, comme il se doit,
a déclenché l'ire des cohortes politico-médiatiques, lesquelles ont, toujours
comme il se doit, étalé leur profonde ignorance du sujet abordé.
En
2003, dans la collection Histoire,
que Pierre Vidal-Naquet me faisait le plaisir de diriger à mes côtés, fut
publié La persécution des Tsiganes par
les Nazis de l'éminent historien
américain Guenter Lewy; l'édition originale avait été publiée en anglais par
Oxford U.P., c'est dire qu'il s'agit d'un ouvrage scientifique, où toutes les sources sont citées avec leurs
références et qui tient compte des discussions tenues sur des points
controversés.
"
Mein Kampf , écrit Guenter Lewy, ne
mentionne pas les Tsiganes, qui n'intéressaient apparemment pas Hitler. Il les
considérait tout au plus comme des gêneurs sans importance. Pendant les douze
années où il dirigea l'Allemagne, Hitler ne mentionna les Tsiganes qu'à deux reprises, à propos de
leur service militaire."
Ce ne fut pas dans des discours publics mais,
en 1940, lors d'une séance de travail avec son aide-de-camp ( qui l'a consignée
dans son Journal) et, le 10 février 1941, lors d'un dîner avec Heydrich.
Himmler, pour sa part, séparait les Tsiganes
"métis" des Tsiganes "purs", qu'il semblait croire être
d'origine "germano-indienne" et parlant, ou ayant parlé..., une
langue "indo-aryenne" et exprimant une "pensée aryenne
pure". Le 16 septembre 1942, il donna l'ordre que soit établi " un
contact plus étroit et très positif avec les Tsiganes (...) de manière à
étudier la langue tsigane et, en outre,
à connaître les coutumes tsiganes". Et fut prise une directive pour que les
Tsiganes ( "purs") puissent "vivre selon leurs mœurs et coutumes
et avoir une occupation traditionnelle appropriée".
Cependant,
les Tsiganes furent réellement persécutés, nombre d'entre eux furent stérilisés
de force, et beaucoup périrent dans des camps.
Pourquoi ?
Comment ? Et peut-on dénombrer les victimes ?
Le livre de
M. Guenter Lewy répond à ces questions, et nous dit aussi quels sont les points
sur lesquels l'absence de documents fiables ne permet pas de se prononcer.
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