Pendant que
le monde d'aujourd'hui suit paresseusement sa petite routine –sous le regard
indulgent des hiérarques socialos, de turbulents jeunes détroussent les cadavres projetés hors un train déraillé;
les propriétaires d'un réseau social livrent
à la rigueur des juges ( rouges?) les naïfs crétins qui avaient cru pouvoir y
user de leur constitutionnelle liberté
d'expression, de nouvelles lois vont empêcher les artisans de céder leur petite
entreprise à l'acheteur de leur choix, de fines persécutions s'abattent sur les
déjà fort malmenés fumeurs et automobilistes, etc. etc. – oui, pendant donc que
ce monde dans lequel je tente encore de vivre devient chaque jour plus abject,
je retrouve l'air pur de la civilisation (il faut que je me dépêche d'en
profiter, car toute civilisation disparaîtra en juillet 1789) en continuant de
lire Mme de Genlis qui, hélas, commence à me singulièrement énerver par ses
mensongères omissions, ses proclamations vertueuses et son amour-propre
hypocrite.
Dont je me
vais me venger en citant quelques vers de cette chanson , trouvée dans les Mémoires secrets du pseudo-Bachaumont,
en février 1782 :
"Saint-Aubin [nom de naissance de Mme
de Genlis] dans sa patrie
Ne vivait que d'industrie;
Elle était assez jolie,
Ses nuits payaient ses jours (...)
Genlis, époux digne d'elle
De ses vices le modèle
Brûlant d'une ardeur fidèle
Vient lui présenter sa main:
Dans l'espoir du cocuage,
Il conclut son mariage,
Fondant son honteux ménage
Sur une épouse catin. (...)".
Autres vers:
" Aujourd'hui prude, hier galante,
Tour à tour folle et docteur (...)
On peut bien être pédante
Sans cesser d'être catin."
Et quand elle est nommée gouverneur (sic) des enfants de Mgr le
duc d'Orléans:
"En physique je suis du genre
féminin;
Dans le moral je suis du masculin
(...)
Le matin ma tête est sensée,
Elle devient faible le soir;
Je suis monsieur dans le lycée
Et madame dans le boudoir."
Enfin, ces deux vers d'un long poème cité
dans la Correspondance de Grimm :
"Je déchiffre un peu la musique,
Et la harpe est mon instrument."
Meister, le continuateur de Grimm, y mit
cette note : " On rappelle ici, en jouant sur les mots, l'accusation
portée contre Mme de Genlis d'avoir M. de La Harpe pour teinturier."
Car non seulement on répandait que La
Harpe, un des Quarante de l'Acadèmie
, était l'amant de Mme de Genlis, mais aussi qu'il polissait et repolissait les
ouvrages de la Comtesse...
C'est fou ce que les gens peuvent être méchants.
RépondreSupprimerMais informés ?
RépondreSupprimerMa foi, on dit qu'il n'y a pas de fumée sans feu...
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