Dans ses Mémoires, écrits vers 1720 et publiés en
1778, le maréchal de Berwick trace ce portrait de Louis XIV :
" Il
faut avouer que jamais Prince n'a été si peu connu que celui-ci. (...) J'ai eu
l'honneur d'en avoir souvent audience & de le voir très-familièrement,
& je puis assurer qu'il n'y avoit de fier en lui que l'apparence. Il étoit
né avec un air de majesté, qui en imposait tellement à tout le monde, qu'on ne
pouvoit en approcher sans être saisi de crainte & de respect; mais dès
qu'on vouloit lui parler, son visage se radoucissoit, & il avoit l'art de
vous mettre dans l'instant en pleine liberté avec lui : il étoit l'homme de son
Royaume le plus poli; il savoit sa langue en perfection; & dans ses
réponses il y mettoit tant de choses obligeantes, que, s'il accordoit quelque
chose, on croyoit recevoir le double; & s'il refusoit, on ne pouvoit s'en
plaindre. Depuis la Monarchie, vous ne trouverez pas de Roi plus humain."
Qui était
le maréchal de Berwick?
Fils
naturel du duc d'York ( bientôt roi sous le nom de Jacques II ) et d'Isabella
Churchill, il naquit le 21 août 1670 et fit ses études en France, chez les
Jésuites.
A seize ans,
pour sa première campagne, il participe au siège de Buda, contre les Turcs.
Quand son père, chassé par l'usurpateur Guillaume d'Orange, se retire en
France, il combat en Irlande avec l'armée loyaliste.
Après
diverses campagnes au service de Louis XIV , il est naturalisé français et sera
d'une loyauté absolue envers la Couronne de France. A partir de 1704, il est
placé à la tête des armées espagnoles et il sauvera la Couronne de Philippe V.
En 1709, il organise , de Monaco à Genève, la défense du Dauphiné. Jamais
l'ennemi ne pourra franchir la frontière. Il combattit aussi en Flandre et sur
le Rhin, et fut gouverneur de Guyenne.
Il fut tué,
la tête emportée par un boulet de canon, au siège de Philipsbourg, le 12 juin
1734.
Duc de
Berwick en Angleterre, il fut fait duc et pair, et marèchal de France, par
Louis XIV, duc et grand d'Espagne de première classe par Philippe V.
Il fut reçu
dans les trois Ordres majeurs des monarchies européennes : le Saint-Esprit, la
Toison d'Or et la Jarretière.
Lord
Bolingbroke et le Président de Montesquieu ont écrit son éloge, soulignant
qu'en lui les vertus privées égalaient les rares talents du général, c'est
aussi le jugement du duc de Saint-Simon, qui fut également son ami.
Le maréchal
de Berwick fut un grand homme.
Remarquable personnage ! Et votre citation semble confirmer quelque chose que j'ai déjà lu ailleurs, à savoir que Louis XIV était étonnamment accessible et courtois.
RépondreSupprimerLouis XIV savait être Roi, Louis XV en eut encore la majestè, quant au malheureux Louis XVI, il ne savait ni accorder, ni refuser ( nombreux témoignages de courtisans pourtant favorables à ce monarque).
SupprimerAccessible et courtois. Il est vrai que la révolution et la république ont tracé de tels portraits de l'ancien régime— pour des raisons de propagande faciles à imaginer, que l'on a du mal à croire que nos rois n'étaient pas les "monstres" et que l'ancien régime n'était pas la tyrannie que l'on décrit partout.
RépondreSupprimerIl faut lire, encore et toujours, les textes contemporains ( et se mèfier de mon cher Saint-Simon )
SupprimerLes mémoires en question furent écrits directement en français ?
RépondreSupprimerBien sûr ! Il était français et avait été élevé en France.
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