david in winter

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Editeur. Ecrivain. Dilettante

mardi 18 mars 2014

La Crimée et le monstre américain



   Sur le fond de l'affaire, il est inutile de longuement épiloguer.
   La réalité  est que les Etats-Unis d'Amérique sont la plus grande puissance militaire mondiale, une puissance qui leur permettrait de détruire tout adversaire, ainsi que la plus grande puissance financière, industrielle et technologique, et que cette puissance leur donne le droit –car entre nations, il n'est que droit du plus fort – d'être les maîtres du monde.
  C'est là un droit que les gouvernements américains exercent fort curieusement.
  Tantôt, ils se livrent à de meurtrières agressions , comme au Vietnam, en Irak, en ex-Yougoslavie, en Afghanistan etc., contre des frères humains qui ne leur ont rien fait, qui n'ont pas envahi leur territoire, ni exterminé leurs citoyens, ni commis quelque méfait de ce genre, puis ils s'en vont, laissant derrière eux cadavres et ruines (et parfois, sacs de dollars...), tantôt, ils se complaisent à de surprenantes gesticulations, comme hier pour la Syrie et demain la Crimée, discours menaçants et menaces discoureuses, que ne suit aucun effet, mais toujours agressions et gesticulations sont accompagnées de retentissantes invocations de principes, dont la seule justification est leur affirmation.
  Contrairement aux conquérants cohérents, César, Timür, Babur etc., les chefs d'Etat américains se croient obligés de prétendre qu'ils agissent conformément à une morale universelle (un peu de Kant, un peu de Declaration de 1776, beaucoup de phrases creuses) dont les axiomes dissimulent assez mal ce qui n'est que brutale soif de domination et perception médiocre de leurs propres intérêts.
   Ce mélange de cupidité impérialiste et de bons sentiments mal définis explique la constante incohérence de la politique étrangère américaine depuis que Theodore Roosevelt rejeta la saine et sage doctrine de Monroe, politique brouillonne, cahotante, mais dont, l'un dans l'autre, les effets désastreux sont supportés, non par le peuple américain, mais par des peuples autres (Hongrois, Tchèques, Polonais, Roumains etc. livrés à l'horreur soviétique, nombreux autres exemples, et plus récents).
   Il explique aussi pourquoi les gouvernements américains n'utilisent , dans leurs agressions, que partiellement leur puissance militaire, s'enlisant ainsi dans des opérations sans issue (sauf dans la seconde invasion de l'Irak, où la victoire des armes fut suivie d'un profit nul).
   Comme le degré de violence que peuvent utiliser les gouvernements américains est aussi aléatoire qu'imprévisible, et que même un faible degré de cette violence peut entraîner d'immenses dommages, certains gouvernements autres ont, par une prudence peut-être excessive, accepté de se conduire en serviles vassaux de l'oncle Sam (au hasard :le gouvernement français), d'autres lui résistent, à ce jour, ils ne s'en portent pas plus mal.
   De la forme de l'affaire, relevons seulement le commandement de l' intangibilité des frontières contre la volonté des populations concernées, c'est là un étrange axiome, et il est difficile de trouver au nom de quoi, de quelle vérité éternelle, il peut être formulé, ni même de deviner quel peut être l'intérêt, pour une nation, que ne soient jamais modifiées les frontières de pays fort éloignés, mais cela est proféré, martelé, déclamé, puis viendra un vent qui l'emportera, comme toutes choses humaines.
  Et ne reste d'éternel que la littérature (j'y retourne).
  PS. J'ai passé de longs mois à étudier, dans les textes du temps, la Révolution américaine, l'élaboration de la Constitution, les débuts de la Cour suprême et les Présidences des Virginiens (Jefferson, Madison, Monroe), j'avais alors l'ambition d'écrire (à mon iconoclaste façon) une Histoire des Etats-Unis, j'y ai renoncé, je le regrette, parfois.

7 commentaires:

  1. Intangibilité des frontières dont se seraient bien contentés les Serbes du Kosovo. Malheureusement pour eux, Américains et Européens préférèrent la partition au profit de la mafia Albano-musulmane de l'UCK.

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    1. C'est toujours la loi du plus fort -- ne cherchez là ni droit, ni justice, ni morale.

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  2. Je ne sais pas si tout est aussi simple, dans l'ouvrage que je suis en train de lire, on se rend compte à quel point il est important pour les russes l’accès aux mers chaudes pour cela ils ont combattu les ottomans, jouaient avec le nationalisme des slaves du sud afin d'obtenir un mouillage sûr pour leurs navires, leur soutien à Assad pouvant s'expliquer par la base russe à Tartous.

    Les américains quant à eux ont tout intérêt à ce que la Russie reste une puissance continentale, ils pratiquent donc le jeu de Go comme ils ont essayé de le faire avec les chinois et leur tentative d'alliance avec la Mongolie ou encore avec l'Iran chiite ici avec le soutien des pays sunnites qui voient d'un très mauvais œil l'établissement d'un croissant chiite au Moyen orient.

    Notre poussah hollandais ne pourra être que le bouffon de service ce qu'il fait le mieux.

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    1. Nous ne sommes plus (hélas?) dans les siècles passés.
      Et le prétendu "intérêt pour les Américains que..." est une illusion.

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    2. Certes , nous ne sommes plus au siècle dernier mais l’accès au mers chaudes reste pour les russes une priorité absolue, même si votre marine est la plus puissante du monde si elle ne peut circuler librement quelle est l'intérêt.

      Même pour les américains dans une moindre mesure, l'importance de sécuriser certain passage stratégique est la condition sine qua non pour qu'ils puissent garder leur avantage de maître des mers,un exemple le canal de Panama.

      Savez vous que les porte-avions américains ne devaient pas dépasser la largeur de canal pour pouvoir passer de l'Atlantique au Pacifique par ce chemin.

      Les chinois qui se construisent une nouvelle grande flotte, sont entourés de puissance qui leurs sont défavorables, Japon, Corée du Sud, Vietnam qui tous détiennent des chapelets d'îles et sont les alliés ou amis des américains .
      Quand j'écris que l’intérêt des américains est laisser les russes entant que puissance militaire continentale n'est pas illusoire mais réel. Les forces armées européennes sont sur place comme force terrestre et il n' y a rien qu'un homme qui défend son pays.

      Il y a bien sur les sous-marins mais même dans ce cas là, les grandes oreilles sous marines peuvent les repérer surtout que les sous marins n''étaient pas jusqu'à une époque des champions de discrétion.

      Il faudrait un commentaire bien plus long pour comprendre tous les enjeux mais pour faire court quand on des muscles il faut les montrer si c'est impossible, cela ne sert à rien.

      La politique d la canonnière est toujours d'actualité

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  3. Koltchak91120 a parfaitement écrit ce que je comptais dire à propos du Kosovo. Qu'il en soit remercié.

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    1. Ce que Américains et laquais européens ont fait au Kosovo est une abomination.
      Sur les débuts de ce drame, je fus alerté tôt par mon ami Dimitrijevic (L'Age d'Homme), je me souviens de ce qui fut prédit --et arriva.

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