En
décembre 1908, Marcel Proust écrit à son ami Georges de Lauris:
"(...)
voulez-vous que je vous prête quelques ouvrages scandaleux que j'ai fait
acheter à la vente de M. Mirabaud
[président de la banque de même nom et régent de la Banque de France, mort l'année
précédente], mais c'est tellement immonde que c'est presque difficile à prêter.
Ah! ces banquiers protestants membres de la Société Evangélique !"
Dans une
lettre suivante au même, Marcel Proust précise :
"Je ne
voulais pas Georges vous envoyer des livres "troublants" mais de
cette pornographie qui mortifie les sens. Ce sont deux Verlaine secrets,
immondes et stupides."
Les
"Verlaine secrets" sont les recueils Femmes et Hombres, que
je me suis empressé de relire. Cette relecture a fait naître en moi des pensées
de pure philosophie, dont la nature érudite et un peu ardue trancherait
vilainement avec la nature primesautière de ces chroniques.
D'autant
qu'à côté de ces histoires de cul et de
con, pour employer les termes mêmes du délicat et charmant poète de Crimen amoris, le verdict des urnes a créé une situation qui tantôt réjouit
("par ici, la bonne soupe") , mais parfois désole, et effraye, au
point que le festival d'Avignon se
prépare à être enfin pleinement off en
émigrant aux Minguettes ou à la Courneuve.
Cette
situation trouble la digestion du Président, qui a trop copieusement banqueté
avec l'Empereur de Chine, inquiète des commis qui entendent vrombir à leurs
oreilles le mot de fusibles et
provoque, dans les toilettes des palais nationaux et les soupentes des
opposants, la tenue de maints conciliabules.
Vaste
agitation dont l'examen demande du
recul, il vous faudra donc, délicieuses lectrices et fidèles lecteurs, attendre
un peu pour que vous soit ici livrée l' analyse politique pertinente et argumentée
nécessaire à l'élaboration d'une synthèse adéquate.
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