Des
évènements survenus en une contrée européenne et orientale, dont les
conséquences ne sont pas exactement
ce qu'en espéraient les laudateurs, ont fait resurgir sous la plume de certains
commentateurs, comme réapparaît le monstre serpentin du Loch Ness en temps de
disette médiatique, l'imprescriptible
droit des peuples à disposer d'eux-mêmes.
Cette suite
de mots , qui voudrait se ranger parmi les sacro-saints impératifs
catégoriques, n'est pourtant qu'une phrase, une triviale affirmation, dont il
n'est pas inutile d'examiner le sens, si l'on en trouve un.
Le droit à , on le sait, de sens, n'en a
pas (contrairement au droit de ), il
n'est soit que le déguisement de privilèges accordés à certains groupes au
détriment d'autres groupes, soit, ne s'exerçant sur rien ni sur quiconque, une
parole en l'air, un propos de fin de banquet.
Le peuple est une collection d'individus,
dont il est rare qu'elle se soit formée par la volonté nettement exprimée de
ces mêmes individus, mais est le plus souvent, sinon toujours, née d'un
héritage – les aléas de l'histoire, et il est impossible que ce peuple parle
d'une seule voix, tant divergent ou diffèrent les intérêts et aspirations des
humains qui le composent.
Disposer de lui-même, loin de signifier
que les individus constituant ce peuple puissent librement choisir leur destin,
trouve son sens en fonction de certaines circonstances qui étaient le temps de la colonisation, et ne veut
rien dire d'autre que s'affranchir de la domination d'une puissance étrangère
(et occidentale).
Ce droit à qui, comme tous ses semblables
se pare d'un déguisement de justice, a eu des effets, regardons-en deux.
En son nom, l'Angleterre
accorda l'indépendance à l'Inde,
c'est-à-dire qu'elle remit les clefs du gouvernement au parti du Congrès et à
son chef le pandit Nehru (qui était l'amant platonique (?) de l'épouse du
vice-roi des Indes, lord Mountbatten, lequel préférait les garçons...), au
détriment d'autres partis, puis il se présenta une difficulté , cette Inde
n'existait que par la conquête anglaise qui avait rassemblé, et enfermé dans
des frontières nouvelles, des peuples aux croyances antagonistes. Cette
difficulté fut résolue par la partition,
qui créa deux Pakistan (nom inventé à
cette occasion) , il en résulta des massacres qui firent des centaines de milliers de victimes,
centaines de milliers de cadavres qui avaient, selon les droits de l'homme, disposé d'eux-mêmes...
Quinze ans
plus tard, pour des raisons à peu près semblables, un Président négligent avec
la vie d'autrui remit les clefs du gouvernement de l'Algérie aux tueurs et
tortionnaires du FLN, il en résulta des massacres qui firent des dizaines de milliers de victimes
(l'Algérie est mois peuplée que l'Inde) prises tant parmi les indépendantistes
du MNA que parmi les musulmans fidèles à cette France qu'ils appelaient leur
mère-patrie, dizaines milliers de cadavres qui avaient disposé d'eux-mêmes.
Je pourrais
multiplier les exemples de l'application pratique
de ce droit à qui ignore les réalités des hommes et des femmes, mais
veut imposer une abstraction globalisante (holistique), ce qui est le propre de
l'esprit démocratique, ou suggérer que l'on proclame et respecte , pour les
individus, un droit de disposer de
soi-même (qui pourrait être le droit
d'ignorer l'Etat de Spencer...), attendons plutôt de voir si, après le
sanglant dépeçage de la Yougoslavie, les grandes consciences internationales
(et germanopratines) le feront mettre en œuvre entre Kiev et Sebastopol, puis
nous compterons les morts.
Impeccable démonstration.
RépondreSupprimerSeriez-vous à court de superlatifs, cher Didier ?
SupprimerRéaction piquée chez Jacques Étienne : super-excellent !
RépondreSupprimerMerci, aimable chapardeur!
SupprimerCiseleur de vos textes, il serait opportun d' ajouter un QU' à (...) une parole en l' air et un DE à (...) une dizaine milliers de cadavres. La clarté de votre texte n' en souffrira pas, bien au contraire.
RépondreSupprimerNon.
SupprimerCe sont des appositions, et c'est ainsi qu'il me plaît d'écrire.
En revanche, une faute de frappe ( "mois" au lieu de "moins") vous a échappé.
Il se peut qu'elle ne soit pas unique.
Ah, tiens! Il n' est (...) une parole en l'air ? Apposition vraiment bizarre, si je vous suivais, ce que je ne tiens pas à faire en ce défilé. Quant au de, il manque alors une virgule, si votre voeu d' apposition s' impose. Les fautes de frappe simples bénéficient de mon indulgence, car, lecteur rapide, mon oeil myope ne les distingue pas toujours en dépit de son acuité.
SupprimerLe peuple, le plus souvent, n'aime rien tant que ceux qui pratiquent le reniement de soi et remettent leur triste sort entre les mains de l'État. Voilà la raison, parmi d'autres, pour laquelle agitateurs professionnels, démagogues et boutefeux peuvent continuer à prospérer et exercer leur tyrannie sanglante.
RépondreSupprimerÀ mon sens, disposer de soi-même serait se passer le plus possible de l'État, tant il est difficile voire impossible de l'ignorer.
« L'égalité démocratique tue les peuples » écrivait Maurras dans « Jarre de Biot », il était bien placé pour le savoir.
Le texte de Spencer (Ignorer l'Etat) mériterait un commentaire pour notre temps...
SupprimerEt l'égalité démocratique tue toute civilisation.