Rififi à
Paname.
Dressés sur
leurs ergots, Président et ses commis glapissent qu'ils ont été insultés,
calomniés, et qu'il a été attenté à un honneur dont nous ignorions qu'ils
fussent pourvus.
N'ont-ils
pas été scandaleusement et mensongèrement accusés d'employer des méthodes
rappelant les heures les plus sombres
du communisme triomphant ? De se conduire tels des argousins au service de la
victoire du prolétariat, du matérialisme dialectique et de l'avenir radieux?
Mais ne
serait-ce pas dans leur nature (dans leur
ADN, en novlangue)? Ne sont-ils pas les dévoués alliés, suppôts et
complices d'un parti communiste
qu'ils comblent de faveurs, privilèges et prébendes, à qui ils distribuent
places, emplois et sinécures, à qui ils versent généreusement de grasses
subventions quand ils ne s'empressent pas à lui accorder des remises de dettes?
Et les a-t-on jamais entendu condamner la terreur
rouge, ou faire qualifier par leur
parlement de crime contre l'humanité les massacres commis
par les maîtres de ce parti communiste
français dont ils serrent chefs et
militants contre leur cœur, si sensible pourtant à de très antiques, et révolues,
horreurs?
De son côté,
ancien-Président est irrité : ses conversations téléphoniques ont été écoutées.
Dans
l'excellente série de HBO The wire,
écrite par David Simon, de jeunes commerçants en substances divertissantes sont
écoutés par des policiers. Méfiants,
ils cherchent et trouvent assez vite des méthodes , aisées et peu onéreuses,
pour converser téléphoniquement entre eux sans que leurs propos soient
interceptés par leurs adversaires étatiques, pourtant largement dotés en technologies sophistiquées.
Ces
commerçants sont des adolescents, enfants de ghetto à peine alphabétisés.
Ancien-Président, lui, homme de bonne famille bourgeoise et correctement
diplômé, a pendant cinq ans, gouverné un
Etat et a été le chef de tout ce que
cet Etat compte d'agences de renseignements, services d'espionnage et de
contre-espionnage, officines de basse police et fabrication de coups tordus.
Eh bien, il
semble que durant cette semi-décennie, ancien-Président n'ait pas songé un
instant à s'informer des moyens qui existent (et il en existe, de toutes
sortes...) pour téléphoner à l'abri des indiscrets.
Négligence
due à un emploi du temps trop chargé (discours, tourisme, mariage, etc.) ?
Simple étourderie ? Ou conviction qu'un homme tel que lui ne risquerait jamais
d'être traité comme un dealer?
Quel que
soit le mobile de son imprudence, celle-ci est révélatrice soit d'un manque certain
d'élémentaire intelligence, soit d'une arrogance qui n'est pas plus la marque
d'un grand esprit.
D'autant
que dans ce tumulte, ancien-Président n'a qu'une demande, bien modeste : être
traité comme un citoyen normal.
Dans le
vrai monde, dans la réalité, un ancien chef d'Etat n'est pas un citoyen normal, pas plus que ne l'est une vedette de
cinéma,un multimilliardaire ou un très-fameux joueur de ballon –ce sont là des
gens qui ont été élevés, à tort ou à raison, hors (au-dessus, en l'occurrence)
de la norme de leurs concitoyens, il peut en résulter des inconvénients.
Et ne
faut-il pas quelque toupet pour regretter de ne pas être traité en citoyen normal?
A moins
d'ignorer, ou de refuser de voir..., ce qu'il advient à un citoyen normal
lorsqu'il tombe entre les griffes des juges et argousins?
Faut-il
rappeler le cas, récent, de ce malheureux citoyen
normal qui, victime d'une
dénonciation extravagante et à l'innocence depuis totalement reconnue, fut
soumis pendant quatre jours aux
outrages de la garde-à-vue, pendant que son domicile était saccagé sous
prétexte de perquisition et que les medias , renseignés par les enquêteurs, déversaient sur lui les plus
infamantes calomnies tandis que son
employeur le chassait? Ou ces autres normaux
innocents jetés sans raison en détention dite provisoire puis condamnés à une
peine qui couvre la préventive à
seule fin que M. Etat n'ait pas à les dédommager?
Un gros volume
ne suffirait pas à recenser les injustices (peu médiatiques...) dont furent
victimes tant de citoyens normaux
alors qu'ancien-Président était Président, il ne s'en est jamais préoccupé, et
dans le sort dont aujourd'hui il se plaint nous voyons quelque justice.
Immanente.
Voilà qui remet très clairement les choses dans le bon sens, soit tête en l'air et pieds au sol.
RépondreSupprimerUtile mise au point. On ne dira jamais assez à quel point la "justice" sous influence ou pas (en a-t-elle vraiment besoin ?) peut piétiner les "droits les plus fondamentaux" de tous.
RépondreSupprimerLa justice sert avant tout les intérêts du parti au pouvoir. C'est en cela qu'elle fait preuve d'indépendance, car elle le fait d'elle même.
RépondreSupprimerA ces trois amis : Relisez "La tête des autres", chef d'oeuvre de Marcel Aymé.
RépondreSupprimerNil novi sub sole...
J'adore la chute de la première phrase. Et le reste, à l'avenant. Merci, merci.
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