david in winter

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Editeur. Ecrivain. Dilettante

vendredi 21 mars 2014

Communistes, et normal-écouté



  Rififi à Paname.
  Dressés sur leurs ergots, Président et ses commis glapissent qu'ils ont été insultés, calomniés, et qu'il a été attenté à un honneur dont nous ignorions qu'ils fussent pourvus.
   N'ont-ils pas été scandaleusement et mensongèrement accusés d'employer des méthodes rappelant les heures les plus sombres du communisme triomphant ? De se conduire tels des argousins au service de la victoire du prolétariat, du matérialisme dialectique et de l'avenir radieux?
  Mais ne serait-ce pas dans leur nature (dans leur ADN, en novlangue)? Ne sont-ils pas les dévoués alliés, suppôts et complices d'un parti communiste qu'ils comblent de faveurs, privilèges et prébendes, à qui ils distribuent places, emplois et sinécures, à qui ils versent généreusement de grasses subventions quand ils ne s'empressent pas à lui accorder des remises de dettes? Et les a-t-on jamais entendu condamner la terreur rouge, ou  faire qualifier par leur parlement de crime contre l'humanité les massacres commis par les maîtres de ce parti communiste français  dont ils serrent  chefs et militants contre leur cœur, si sensible pourtant à de très antiques, et révolues, horreurs?
  De son côté, ancien-Président est irrité : ses conversations téléphoniques ont été écoutées.
  Dans l'excellente série de HBO The wire, écrite par David Simon, de jeunes commerçants en substances divertissantes sont écoutés par des policiers. Méfiants, ils cherchent et trouvent assez vite des méthodes , aisées et peu onéreuses, pour converser téléphoniquement entre eux sans que leurs propos soient interceptés par leurs adversaires étatiques, pourtant largement dotés en technologies sophistiquées.
   Ces commerçants sont des adolescents, enfants de ghetto à peine alphabétisés.
   Ancien-Président, lui, homme de bonne famille bourgeoise et correctement diplômé, a pendant cinq ans, gouverné un Etat  et a été le chef de tout ce que cet Etat compte d'agences de renseignements, services d'espionnage et de contre-espionnage, officines de basse police et fabrication de coups tordus.
   Eh bien, il semble que durant cette semi-décennie, ancien-Président n'ait pas songé un instant à s'informer des moyens qui existent (et il en existe, de toutes sortes...) pour téléphoner à l'abri des indiscrets.
   Négligence due à un emploi du temps trop chargé (discours, tourisme, mariage, etc.) ? Simple étourderie ? Ou conviction qu'un homme tel que lui ne risquerait jamais d'être traité comme un dealer?
   Quel que soit le mobile de son imprudence, celle-ci est révélatrice soit d'un manque certain d'élémentaire intelligence, soit d'une arrogance qui n'est pas plus la marque d'un grand esprit.
   D'autant que dans ce tumulte, ancien-Président n'a qu'une demande, bien modeste : être traité comme un citoyen normal.
   Dans le vrai monde, dans la réalité, un ancien chef d'Etat n'est pas un citoyen normal, pas plus que ne l'est une vedette de cinéma,un multimilliardaire ou un très-fameux joueur de ballon –ce sont là des gens qui ont été élevés, à tort ou à raison, hors (au-dessus, en l'occurrence) de la norme de leurs concitoyens, il peut en résulter des inconvénients.
  Et ne faut-il pas quelque toupet pour regretter de ne pas être traité en citoyen normal?
  A moins d'ignorer, ou de refuser de voir..., ce qu'il advient à un citoyen normal lorsqu'il tombe entre les griffes des juges et argousins?
  Faut-il rappeler le cas, récent, de ce malheureux citoyen normal  qui, victime d'une dénonciation extravagante et à l'innocence depuis totalement reconnue, fut soumis pendant quatre jours aux outrages de la garde-à-vue, pendant que son domicile était saccagé sous prétexte de perquisition et que les medias , renseignés par les enquêteurs, déversaient sur lui les plus infamantes calomnies tandis  que son employeur le chassait? Ou ces autres normaux innocents jetés sans raison en détention dite provisoire puis condamnés à une peine qui couvre la préventive à seule fin que M. Etat n'ait pas à les dédommager?
  Un gros volume ne suffirait pas à recenser les injustices (peu médiatiques...) dont furent victimes tant de citoyens normaux alors qu'ancien-Président était Président, il ne s'en est jamais préoccupé, et dans le sort dont aujourd'hui il se plaint nous voyons quelque justice.
  Immanente.

5 commentaires:

  1. Voilà qui remet très clairement les choses dans le bon sens, soit tête en l'air et pieds au sol.

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  2. Utile mise au point. On ne dira jamais assez à quel point la "justice" sous influence ou pas (en a-t-elle vraiment besoin ?) peut piétiner les "droits les plus fondamentaux" de tous.

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  3. La justice sert avant tout les intérêts du parti au pouvoir. C'est en cela qu'elle fait preuve d'indépendance, car elle le fait d'elle même.

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  4. A ces trois amis : Relisez "La tête des autres", chef d'oeuvre de Marcel Aymé.
    Nil novi sub sole...

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  5. J'adore la chute de la première phrase. Et le reste, à l'avenant. Merci, merci.

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