Apportée par cette écume du monde qui vient
s'échouer ( à ma demande) sur l'écran de mon ordinateur, cette information : "une décision de justice
enflamme la toile", traduisons : sur les dizaines, ou centaines, de
millions de messages diffusés chaque jour sur
internet et ses merveilleus réseaux
sociaux, quelques milliers, exprimant tous la même pensée, traitaient de
l'affaire en question.
Cette
décision de justice, rendue par un tribunal français, concerne une affaire de streaming (lecture en transit, en québecois ) dont les implications juridiques
et techniques sont complexes – le législateur a beaucoup pataugé avant de
produire des lois que l'évolution
technologique a aussitôt rendu inadaptées à leur objet...--, en bref, il s'agit
d'un procédé permettant à tout possesseur d'ordinateur, téléphone ou tablette connecté de lire (voir ou écouter ) un
contenu jeté sur le web par un site
entré en possession de ce contenu.
Un tel site peut
être créé par un propriétaire légitime de ce contenu ( le plus souvent, film, série TV,
morceau de musique ) qui l'a acheté ou produit, ou être un malfaiteur
qui l'a volé, ou encore un acquéreur qui
ne possède pas un droit de transfert à autrui.
La gratuité , ou pseudo-gratuité...,
d'internet a entraîné , ou libéré, chez beaucoup de ses utilisateurs des
conduites que l'on peut juger, avec pessimisme, inhérentes à la nature humaine,
ou, avec optimisme, n'être que péchés de jeunesse.
Trivialement
, la technologie a fait naître des sites
qui transmettent des contenus volés à des individus qui , en les regardant, les
écoutant ou les enregistrant, sont eux-mêmes , plus que des receleurs, des
voleurs.
Il est
tout-à-fait remarquable que parmi ces voleurs se trouvent des libéraux, et
même, hélas, des libertariens, adorateurs extatiques du dieu internet, qui
serait le démiurge de nouvelles et étranges normes morales abolissant cette
propriété même qui fonde la philosophie libérale. Cette perverse construction
intellectuelle a pour fin de justifier hypocritement à leurs propres yeux
l'infraction qu'ils commettent par simple avarice. Ils ne méritent que mépris
et dégoût, assez à leur sujet.
Revenons aux
sites et individus ( les adeptes du peer-to-peer ) qui diffusent des contenus volés, et le font,
conformément au dogme, gratuitement.
Quelles
peuvent être leurs motivations, pourquoi des êtres humains consacrent-ils une
partie de leur temps , ce qui a un coût, à une activité qui semble ne rien leur
rapporter ? Parce qu'ils en tirent, ô charmes de l'évidence !, une satisfaction qui, pour ne pas être
matérielle (quantifiable ) n'en est
pas moins réelle ; il en est ainsi de toute activité dite bénévole, l'individu
qui la pratique ne s'y livre que parce qu'il en reçoit un gain, et que celui-ci
ne s'exprime pas en monnaie, mais en contentement, n'en fait pas moins un gain.
Mais je vois
une autre raison à l'activité de ces voleurs
(qui aiment se nommer plus convivialement pirates). Les producteurs de contenus barricadent ceux-ci de
multiples sécurités qui ne peuvent être brisées que par d'ingénieux efforts et
réussir à surmonter une difficulté, que ce soit gravir une montagne ou déchiffrer
une énigme, etc., contient pour l'être
humain sa propre récompense, d'autant plus élevée que le défi paraît
insurmontable.
Ainsi, plus les propriétaires de contenu
barderont leurs biens de barbelés informatiques, plus ils exciteront
l'ingéniosité et l'ardeur des casseurs de codes, le législateur courant loin
derrière avec ses lois et jurisprudences, chaque jour mollement réédictées,
chaque jour plus désuétes et hors sujet.
Ce jeu de chat et souris, dans lequel le
félin rage mais ne peut dévorer, verra bientôt arriver de nouveaux participants
– mes confréres qui ont cru malin de livrer à l'éther des textes sous forme de
fichiers informatiques; ceux-ci , ce matin, attirent peu les cambrioleurs du
net, plus avides d'images et de sons que de mots, et encore moins de pensée,
mais cela viendra (cela a même commencé grâce à M. Etat et ses aigrefins de la
"bnf") , pour mon vif amusement.
Toute
cette affaire se place dans la droite
logique de l'inversion du bien et du mal propre à notre époque, elle n'en est qu'une
illustration de plus, que l'observateur des sociétés déliquescentes ajoutera à
l'immense matériau destiné au récit des temps
corrompus.
Au sujet des livres électroniques, même si j'avoue ne pas avoir votre expérience de l'édition, certains aspects me semblent intéressants pour les éditeurs, à savoir : réduction drastique des coûts d'entreposage (et des risques qui y sont liés), d'impression et de distribution ; disparition des problèmes d'approvisionnement et de pilon. Cette baisse de coût permettrait d'augmenter le nombre de titres nouveaux, de laisser des titres anciens en catalogue (qui ne seraient pas viables sur support physique), de vendre facilement dans le monde entier et de tenter des coups plus risqués, sachant que les conséquences d'un échec éventuel seraient bien moindres.
RépondreSupprimerDes fichiers informatiques ne sons pas des livres, et n'ont nul besoin d'éditeur pour être diffusés...
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