Il était une
fois, entre flots et monts, un pays d'anciennes civilisation et traditions sur
lequel régnait un Président revêtu de l'autorité absolue que donnent la
maîtrise des medias et la miraculeuse faculté de pouvoir toujours emprunter
plus, sans souci de remboursement, afin de distribuer largesses et prébendes à
de quémandeurs sujets.
Tout pétri
de doctrines et de dogmes assemblés sous le nom d'humanisme solidaire,
compassionnel et citoyen, ce Président avait entrepris de favoriser, par des
caresses pour les uns et le fouet pour les autres, un groupe de population
d'origine allogène adepte d'une croyance née en des sables lointains au
détriment d'une autre population, dont le caractère indigène laissait soupçonner qu'elle pouvait être
réfractaire aux valeurs d'ensemblisme arc-en-ciel désormais dominantes.
Comme il
fallait désigner par le langage ces agglomérats humains, on prit l'habitude,
aussi commode qu'approximative, de nommer les uns mahométans , qui représentaient le bien, et les autres chrétiens,
qui, dans un univers binaire ou manichéen, ne pouvaient être que le mal.
Il en
résulta, non véritablement des conflits, mais des tensions qui, à terme,
risquaient de séparer du pouvoir un Président qui lui était fort attaché.
Diverses
solutions furent envisagées pour remédier à cette fâcheuse perspective, et dans
le seret de son cœur, le Président finit par se dire qu'il dormirait d'un
sommeil plus doux s'il pouvait se débarrasser des chrétiens.
Au même
moment, sur un continent d'anciennes traditions, mais que la civilisation ne
fit qu'effleurer, se déroulaient, entre désert, savanes et bidonvilles des
affrontements entre diverses tribus, que les chercheurs en géopolitique
appelaient , pour un camp, mahométanes,
pour l'autre, chrétiennes.
L'esprit
fertile du Président, et les suggestions de ses conseillers, virent dans
l'évènement une heureuse coïncidence porteuse d'opportunité , et la décision
d'agir fut vite prise. Bien persuadé de la relativité de la morale et des
convictions, car il avait lu quelque part cet aphorisme que "vérité ici,
erreur au-delà " (et inversement), ce monarque , après avoir préparé les
esprits par la diffusion sur divers écrans d'images horrifiques (cadavres de
nourrissons dévorés par des vautours famèliques, femmes violées par une
soldatesque en rut, puits asséchés et smartphones privés de connexion ),
annonça l'envoi de sa grande armée sur cette terre lointaine afin de sauver les chrétiens et d'éliminer les
vilains mahométans, le changement de latitude suffisant à justifier l'inversion
des troupeaux du mal et du bien (et inversement).
La première
phase de l'opération se déroula comme le laissait prévoir la disparité des
armements, les corps des mahométans nourrirent les charognards, et le pays fut
déclaré à la fois chrétien et pacifié.
La seconde
phase consista à demander poliment à la population chrétienne du pays d'entre
flots et monts d'avoir l'amabilité d'aller s'établir sur cette terre riante que
dominaient maintenant sans partage ses frères en sa foi.
Aux hésitants, il fut dit que dans leur pays
d'accueil ils seraient revêtus de la qualité éminente d'immigrés, toujours
propice à l'attribution de bienfaits par les desouche.
Il y eut donc un fort mouvement de
population, qui enrichit compagnies aériennes et de navigation, ce qui fut bon
pour l'économie, et les sondages, le Président se vit régner pour les décennies
à venir, et fut assez désagréablement surpris quand ses sujets mahométans
décidèrent de s'emparer du pouvoir pour établir des institutions conformes aux
enseignement du Prophète, et lui coupérent le cou pour avoir envoyé trop tôt au
paradis leurs fréres en leur foi.
Cette espèce de "lettre persane" est ma foi fort réjouissante et sa prophétie finale assez désopilante. Enfin si l'on veut bien voir le côté drôle de la chose.
RépondreSupprimerSi je savais quelque chose utile à ma famille et qui ne le fût pas à ma patrie, je chercherais à l’oublier. Si je savais quelque chose utile à ma patrie, et qui fût préjudiciable à l’Europe, ou bien qui fût utile à l’Europe et préjudiciable au genre humain, je le regarderais comme un crime.
Comme s'est bien dit mais j'espère que cette lettre n'est point prophétique.
RépondreSupprimerRemarquez, la Centrafrique doit avoir un climat très agréable.
SupprimerOui, nous avons là une belle plume ! Billet bien pensé et bien écrit. Désolée @Grandpas, pour moi, ce ne sont pas de vaticinations, c'est inéductable.
SupprimerWait and see, qui vivra verra etc.
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