Dans son Poor
Richard's Almanack , qui parut de 1733 à 1758 et fit sa première fortune,
Benjamin Franklin livre cet aphorisme : Trois
peuvent garder un secret si deux sont morts, autrement dit, si nous voulons
qu'un secret reste un secret, veillons à ce qu'il ne soit pas divulgué.
Oublieux de cette évidence , une multitude de pleureuses
de tous bords se lamentent des violations
de vie privée, collecte de données
personnelles et autres espionnages
intrusifs dont sont victimes les fidèles du dieu internet.
Du côté gauche criarde, les vaillants ennemis
de toute entreprise commerciale hurlent contre les services marketing de vendeurs par correspondance qui amassent des
informations sur les goûts de leurs
clients, et même sur leur identité,
et en profitent traîtreusement pour leur proposer des produits susceptibles de
leur plaire.
Effectivement, lorsque je musarde sur le site
d'Amzn, achète d'un click le nouvel album de Rush , je vois apparaître comme
pouvant peut-être m'intéresser le dernier disque de Dream theater, ou si je regarde la fiche d'un film de Lucio Fulci,
il me sera suggéré un récent blu-ray de Dario Argento – je m'en sens tout
violé.
Une dame se rendant plusieurs fois dans une
librairie, une vraie , en chair et en
os si j'ose dire, et achetant à chaque fois un ouvrage d'histoire romaine,
pourra, à une prochaine visite, s'entendre dire par le vendeur : " Puisque
vous vous intéressez à l'histoire romaine, j'ai justement reçu une nouveauté
qui...". Horreur! Ce fourbe marchand avait, en observant les choix de sa
cliente, collecté sur elle des données
(data)!
Le monde est cruel.
Du côté libéral soucieux des droits de la
personne humaine, les récriminations s'en prennent à divers MM. Etat qui, au
mépris des textes les plus sacrés, farfouillent dans les ordinateurs des
citoyens lambda, épient leurs touitts
et leurs profils Fbook, piratent
leurs messages électroniques -- et qui,
hypocritement, se votent à eux-mêmes des
lois scélérates afin de légaliser tautologiquement leurs pratiques
criminelles, ainsi de la loi de programmation militaire "discutée" ce
jour au Sénat de l'ex-Gaule.
Il y a bien
longtemps, Denys, tyran de Syracuse de son métier, avait fait traverser les
murs de son palais de tuyaux afin d'entendre les conversations tenues en
diverses pièces (c'étaient ses fameuses "grandes oreilles"); plus
tard, M. de Louvois, grand maître de la Poste, faisait ouvrir les lettres
confiées à ses bons soins, en en brisant (puis rescellant) le cachet
protecteur; aux temps modernes, et dès que la technologie le permit, les
conversations téléphoniques des citoyens furent écoutées et les fax
interceptés, tandis que de minuscules micros et cameras furent disposés dans
les domiciles de citoyens au gré des caprices d'agences policières.
Et certes,
nous pouvons invoquer ce qui est moral ou immoral, bien ou mal, juste ou
injuste, et même, pour continuer de rire, légal ou illégal, licite ou illicite
(etc. ...) mais face à ces discours (bien-intentionnés ) se trouve une réalité : M. Etat aime surveiller les hommes (par une naturelle
curiosité), il en éprouve le besoin ( car les hommes peuvent être dangereux
pour lui ), et ce besoin est né avec l'existence même de M. Etat -- croire qu'il puisse le réfréner est une
pitoyable illusion.
Si M. Etat avoue
ses pratiques , il s'excusera d'impératifs multiples , (si la sécurité nationale ne fonctionne plus, on arguera de lutte contre
les pédophiles, les fraudeurs ou les clients de prostituées), s'il les disimule,
il cherchera surtout à ne pas être pris, s'il l'est, il mentira, ou se
justifiera avec arrogance, mais il continuera , avec plus de prudence, et
ténacité.
Aujourd'hui
il géle, c'est là un temps de saison, protester contre aurait autant de sens
que demander à M. Etat de cesser d'être ce qu'il est nécessairement.
A quiconque
a des secrets qu'il souhaite garder secrets, je conseillerais non
d'en réclamer une inefficace protection
par la loi, mais de ne pas les publier.
Ou de
chasser M. Etat.
Frappé au coin du bon sens, me semble-t-il. De mon côté, je me demandais sir les cris d'orfraie poussés par mes amis progressistes, à propos de ces divers espionnages d'État, ne relèveraient pas tout simplement de la vanité ; et si ces petits personnages ne tomberaient pas de haut (à leur échelle) si on pouvait leur montrer que l'État (ou la CIA ou la NSA ou…), malgré les moyens à sa disposition, ne prend même pas la peine de les espionner.
RépondreSupprimerPour prolonger ce commentaire…
SupprimerEtre fiché en tant que tel n'est pas vraiment un problème. Là où ça devient dangereux c'est quand le système s'écroule (comme le notre est sur le point de le faire) et que ces petites fiches finissent dans les mains de gens qui ne vous veulent pas forcément que du bien. C'est bien pour ça que si j'étais homo le fait de me pacser ou de me marier me foutrait sacrément les jetons puisque cela me mettrait sur une liste facile à utiliser pour quiconque désirerait liquider les gays.
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerEt bien moi même en tant qu'homo, cela ne me dérange pas. Au pire, listé, puis embastillé, j'écrirais une jolie lettre sur mon calvaire de déténu " politique" que l'on lira aux petits enfants des écoles.
RépondreSupprimerComme écrit chez Goux, j aurais aimé que nos socialistes, si prompts à s'exciter il y a peu sur l'entrisme de la NSA dans nos vies, ne se mettent pas à faire la même chose que celle-ci en votant ces jours-ci une loi autorisant les pouvoirs publics a aller fouiller notre intimité numérique.
Quels socialistes ont gueulé à propos de la NSA alors que la France fait à peu près la même chose ? Il y a eu une vague protestation de forme...
SupprimerSeriez-vous soudain naïf, cher Corto ?
Supprimer@Michel Desgranges: Allons , allons, ne soyez pas naîf à votre tour (smiley)
SupprimerOn est d'accord. C'est un de mes chevaux de bataille dans les blogs technos qui parlent de la protection de la vie privée et tout ces trucs. Ils feraient mieux de former les gens à ne pas publier d'âneries...
RépondreSupprimerEt ces ronchons devraient aussi apprendre à relativiser. Par exemple, je raconte mes histoires de bistro dans un blog et on me répond : ah mais tu es vachement intime. Comme si quelqu'un avait le moindre intérêt pour mes cuites... Je vais être fiché en tant que pochetron du Kremlin-Bicêtre. Mon dieu...
Seulement au Kremlin-Bicêtre ?
SupprimerHeu...
SupprimerOn sait qu'il a pochetronné au Plessis-Hébert, aussi. On peut retrouver les preuves sur le blog de Didier. Son compte est bon.
SupprimerJe parie que Google, la NSA et tous ces clowns sont incapables de faire la liste des patelins en France où je n'ai pas picolé. On est vachement vachement surveillés, tiens !
SupprimerL'enjeu est-il là ? C'est s'ils réussissaient à faire l'inverse -répertorier tous les rades où vous vous êtes piqué la ruche- qu'ils forceraient le respect
SupprimerIl me semble que des 2 propositions, "ne pas publier" et "chasser M. Etat", la démesure de la seconde place forcément la première au second degré.
SupprimerDonc il ne s'agit pas d'une recommandation de ne pas divulguer son numéro de carte bleue ou se protéger de propos boomerang, mais de la situation insupportable de refuser de s'exprimer.
Et par conséquent, de l'évidence qu'il faut chasser M. Etat.
Jegoun n'a pas compris. Le secret est un leurre.
Amike
Al,
SupprimerMoi même j'en serais incapable. Mais voilà un VRAI problème.
Amike,
Vous allez un peu trop vite dans la conclusion, voire les conclusions. Je viens d'ailleurs d'en faire un billet (trop long mais je suis au bistro depuis quelques heures)(mais je cherche plutôt, cette fois, à être trollé par des gauchistes).
Pour le reste, mon boulot est aussi de faire en sorte de protéger votre numéro de carte bancaire. C'est un vrai métier. Nous avons trois acteurs : la banque, le commerçant et le client. Je suis banquier...
Il n'empêche que seul l'Etat peut représenter les clients même si nous, banquiers, sommes tenter de démontrer le contraire. Et ce sont bien les directives libérales européennes qui contraignent les banques à protéger les clients. Donc les États...
En ce merveilleux pays qui se nomme France, donne ton numéro se Sécurité Sociale et tu sera surpris, c'est tout juste si les flics ne trouveront le dernier rade où Jegoun s'est pochetronné et je n'évoque m^me pas la carte navigo car là t'es dans la merde grave, je n' écris plus noire depuis une certaine affaire de banane c'est mal vu.
RépondreSupprimerJe suggère à la NSA de se concentrer sur votre blog qui est un concentré de ce qui se fait de pire en matière de fascisme et de communisme.
RépondreSupprimerElle pourrait aussi, dans un geste salutaire et sanitaire, alerter les autorités sur l'alcoolisme partagé et revendiqué par les (rares) commentateurs qui le fréquentent.