Les
Français grognent.
De ces
grognements , j'exclus l'affaire du mariage sodomite, et des manifestations
qu'elle a provoquées, et qui sont, tant cette originale union que son opposition,
d'une nature différente des faits que je veux évoquer.
D 'abord,
nous avons vu l'extraordinaire ampleur du soutien
spontanément apporté au bijoutier de Nice, ce courageux M. Turk, persécuté par
les magistrats du pouvoir, la révélation médiatique de l'identité du bourreau de la petite Fiona, puis l'ouverture dominicale, malgrè la loi,
de magasins de bricolage, enfin, un amusant procès dont les vedettes sont des
romanichels.
Que
signifient ces faits ?
Dans le cas
de M. Turk, un million six cent mille citoyens se sont élevés contre une
décision de justice -- la garde-à-vue
puis l'inculpation de l'agressé -- , contestant ainsi un acte légal du pouvoir.
Pour le
meurtre de la fillette, nous étions habitués à ce que les medias gardassent le silence sur l'origine et les
croyances de certains criminels, ici, nous avons lu le nom, nous avons appris
la religion -- ce qui, d'ailleurs,
n'a nulle pertinence , la brute naissant de tous peuples et toutes croyances – je
veux seulement remarquer que les gens de medias semblent avoir senti que le
"peuple" souhaitait qu'il fût dit ce qu'ils étaient accoutumés de
taire.
Quant aux
échoppes pour bricoleurs, l'élèment remarquable est que des dirigeants d'une grande entreprise – gens qui, sauf
exception, ne parviennent à leur place qu'en raison de la souplesse
révérencieuse de leur caractère et de leur prosternation envers les pouvoirs
politiques et syndicaux – ont ouvertement décidé de se mettre hors-la-loi, loi
certes scandaleuse, liberticide, injuste etc. , mais loi en vigueur, loi dont
l'infraction entraîne nécessairement
condamnation, ces dirigeants se sont donc rebellés, et ils ne l'ont fait,
rompant ainsi avec leurs serviles routines, que parce qu'ils ont vu, ou cru
voir, que l'opinion publique les
soutenait.
Enfin, sont
aujourd'hui jugés vingt-sept romanichels coupables d'envoyer leurs enfants
commettre des cambriolages. Ce qui est
ici nouveau n'est pas que des romanichels cambriolent, ni qu'ils soient
arrêtés, ni même, bien que plus rare, qu'ils soient jugés, mais que les medias
se fassent l'écho du procés, précisant, avec ensemble, et dans leur langage au
code de plus en plus transparent, que "les accusés sont tous des
Roms".
Les
Français ( et les Françaises, et peut-être même, elles, en majorité ) ont donc
grogné, grogné contre le traitement en coupables des victimes, contre les
atteintes à la liberté du travail, contre les privilèges accordées aux
maraudeurs nomades ou contre certains silences médiatiques -- et cette grogne a été perçue, et
l'attitude des faiseurs d'opinion commence (semble commencer...) à se modifier.
Les
détenteurs du pouvoir, eux, paraissent décidés à faire comme si ils avaient entendu, et vont donc faire comme si ils agissaient, en modifiant
tangentiellement une loi, en annonçant des mesures destinées à n'avoir nul
effet et, bien sûr, en discourant à la télévision.
Le peuple sera-t-il dupe comme d'habitude ?
Ou sa grogne
deviendra-t-elle révolte ?
Ce matin, un
buraliste marseillais qui a tiré sur le malfaiteur qui l'avait agressé et
blessé a été placé en garde-à-vue.
Nous observerons les réactions.