Oublions les
futures victimes des frappes morales,
démocratiques et humanitaires qui doivent punir quelques chevrières et bergers
syriens coupables de se trouver in the
wrong place at the wrong time,
selon l'expression qu'aiment à employer les faucons
de Washington (DC), pour commenter avec désinvolture les images de cadavres qui
n'auraient pas dû se trouver là ( en privé : shit happens), et divertissons-nous
plutôt en lisant les propos de M. John Kerry , Secretary of State du sieur
Obama et va-t'en-guerre en chef.
Dans une
longue interview donnée hier au Huffington
Post, M. Kerry rappelle qu'il a été un vaillant opposant aux guerres du
Vietnam et d'Irak, et qu'il a ainsi pu constater à quel point les agences de
renseignement et les militaires racontaient des mensonges.
Fort de
cette expérience, il est donc très logiquement aujourd'hui persuadé de la
véracité des rapports des agences de renseignement affirmant que le vilain
dictateur syrien asperge de gaz ses propres sujets.
M. Kerry
s'est également empressé d'annoncer que
le sieur Obama passera outre à un refus du Congrès de l'autoriser à bombarder le féroce ennemi syrien, et il en
justifie son employeur par l'exigence de préserver la "sécurité nationale" , citant
même un précédent : c'est sans avoir demandé l' autorisation du Congrés que Bill Clinton, a
décidé, tout en gémissant de plaisir sous les langoureuses caresses de Monica
la stagiaire, d'intervenir au Kosovo pour, répète M. Kerry, "préserver la
sécurité nationale". (Il est en effet certain que les chrétiens du Kosovo
s'apprêtaient à envahir le Nevada et l'Oregon, et depuis qu'ils ont été chassés
de leurs maisons par d'excellents mahométans, les Américains peuvent dormir
tranquilles).
M. Kerry ne
remarque pas que "agir sans autorisation" n'est pas exactement la
même chose que "agir malgrè un refus de l'autorisation demandée", mais quand il
est question de sécurité nationale,
foin de ces arguties.
Et ensuite ?
Quand le très-méchant M. Bachir Assad ( dans cette interview, M. Kerry a
d'abord appelé le Président syrien Saddam
Hussein, mais, sans doute sur un petit signe de son interlocuteur, il a
ensuite rectifié ) aura été renversé, et sans doute pendu puis équarri, que se
passera-t-il ( car M. Kerry est passé, sans en avoir l'air, des frappes
limitées et inoffensives à la chute de M. Assad) ?
Eh bien, M.
Kerry est très conscient de la présence dans l'opposition de bad guys , de militants de cette
Al-Qaida que les Américains ont décidé d'exterminer depuis une douzaine
d'années avec un succès tout relatif, mais, heureusement, les rapports des
agences de renseignement (intelligence,
en v.o. et pour rire ) l'ont précisément informé sur le nombre de ces méchants
: 25% des rebelles ( ou gentils combattants de la démocratie), nous apprend le
Secretary of State.
M. Kerry est
donc tranquille pour l'avenir, 25% , c'est moins que les 75% d'opposants qui ne
sont pas encartés chez Al-Qaida. Certes, M. Kerry ne semble pas se demander si
ces 25% ne pourraient être mieux armés, mieux organisés et plus déterminés que
les 75% de good guys et il n'a aucune
idée de la façon dont pourrait s'effectuer le partage du pouvoir entre ces deux
groupes mais l'arithmètique est du côté du bien, et cela suffit.
Pour le
peuple syrien, un avenir radieux se dessine.
J'en ai bien peur.
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