david in winter

david in winter

Editeur. Ecrivain. Dilettante

mercredi 18 septembre 2013

Donnez-nous, ô Seigneur, nos lois quotidiennes!



   Alors que, grâce au réchauffement climatique décrété par les experts, chercheurs et sorciers adorateurs de Gaïa, une température audacieusement hivernale me pousse à tapoter sur un clavier afin de réchauffer mes doigts ( et mes orteils ? "ce qui ne tue pas rend plus fort"...), comment va le monde ?
  Comme hier et avant-hier, quelques six milliards d'êtres humains s'occupent de leurs petites affaires et, de cette activité routinière qui s'appelle vivre, ne se détachent , par l'éclat de leur ambition et l'audace de leur pensée, qu'un échantillon de parlementaires de nationalité française et de faible notoriété qui concoctent ou votent de nouvelles et ingénieuses lois destinées à faire passer les citoyens des ténèbres du mal aux illuminations du bien.
  Pour les uns, soucieux de répondre aux attentes de tout un peuple qui ne pouvait plus tolérer l'intolérable, il s'est agi d'interdire –et faut-il que le précédent gouvernement ait été complice de l'horreur pour avoir négligé d'établir cette heureuse prohibition ! —ce que les medias nomment concours de mini-miss , c'est-à-dire des concours de beauté dont les concurrentes se distinguent non par une taille réduite, comme le seraient des concours de naines, mais par leur âge, inférieur à seize ans révolus.
  Un mauvais esprit observera que se contenter d'exclure de semblables compétitions les demoiselles âgées de quinze ans et onze mois laisse subsister la véritable abomination – car qu'y a-t-il de plus discriminant qu'un concours, et de beauté par surcroît? Mais nul ne doute que, très bientôt, d'autres parlementaires plus sensibles aux inégalités imposeront un quota de laides ( ou de : autrement belles, ou de : resplendissantes de beauté discrétement intérieure) parmi les candidates victorieuses.
  Poursuivant le nettoyage des écuries d'Augias laissées toutes cochonnées par l'ancien régime, d'autres vaillants parlementaires ont décidé d'envoyer les hétaïres chez M. Polemploi en proposant de condamner leurs clients à de lourdes amendes assorties d'emprisonnement; cette mesure hautement morale et soucieuse de la condition féminine qui ne s'épanouit qu'en recevant le médiocre salaire du fonctionnariat syndiqué avait déjà fait il y a deux ans un tour d'hémicycle , pour se dissoudre dans la masse des projets avortés, la revoilà—car cent fois sur le métier remettons notre ouvrage ou point n'est besoin d'espérer pour entreprendre etc. La persévérance des ennemis du plus vieux métier du monde sera-t-elle enfin récompensée ? Wait and see.
  Pour une autre bande d'austères législateurs, c'est contre leur vieil adversaire , la liberté d'expression, que se dirige leur ardeur purificatrice. Il s'agit ici de purger internet des propos sexistes, rétrogrades et discriminatoires que pourraient tenir des internautes sexistes, rétrogrades et discriminatoires, la mesure projetée est habile, car d'effet oblique –elle vise à punir , non l'insolent parfois difficile à identifier, mais le fournisseur d'accés qui aura omis de le dénoncer aux foudres de la justice, le tout assorti de finasseries juridiques dont il est à craindre que la complexité pratique ne détruise l'efficacité théorique. Ici, il semble que le mieux soit l'ennemi du bien, et que les misogynes qui bravent la parité, comme ces messieurs barbus qui enveloppent leurs épouses dans des tapis made in Bangladesh lorsqu'elles se promènent dans la rue, pourront, malgré la trop rusée nouvelle loi continuer à promouvoir leurs mœurs sur les réseaux sociaux.
   Ainsi va le monde, et... ah oui... , à chaque seconde, la Dette continue de grossir, avec des rots de satisfaction.

4 commentaires:

  1. Bientôt les seuls accès internet seront les sites du P.S et des blogger de gouvernement dont certains nous apprendront de pédiquer les girafes.

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  2. Vous avez une fois de plus tout à fait raison : ce n'est pas très "pour tous" l'exclusion de putatives miss aux concours idoines. Je ne parle donc même pas du plus vieux métier du monde, qui punirait les clients. Une commission, vite !

    A moins que le "pour tous" ne soit l'affaire que de certains.

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  3. Vous êtes responsable de tout ça ! Si votre dernier roman n'était pas devenu le livre de chevet de nos bons ministres (et députés aspirant à le devenir), ils légifèreraient moins.

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