Un joyeux troupeau de politiciens, conduit par
un frétillant Président, vient de présenter avec fierté un projet de budget du gouvernement français pour l'an 2014, lequel
budget se soldera, excellente nouvelle, par un déficit de 3,1 % du P.I.B.
Analysons
cette souriante prophétie.
Lorsqu'un
quelconque individu, entrepreneur ou particulier, établit un projet de budget
pour un prochain exercice, il compare ses recettes et ses dépenses, et en établit le
solde, positif ou négatif, par rapport à ces recettes.
Ce n'est pas
ce que fait un individu qui se trouve être ministre ou chef d'Etat. Une fois
qu'il a fait le calcul assez simple consistant à soustraire les dépenses des
recettes, et obtenu ainsi un résultat fortement négatif, il le compare à toute
autre chose , ici le fameux P.I.B. qui est (très approximativement ) le montant
total de la production du pays, un peu comme si un éditeur s'apercevant que son
projet de budget est désagréablement déficitaire comparait ledit déficit, non à
son propre chiffre d'affaires, mais au chiffre d'affaires global de tout le
secteur de l'édition.
Cette
présentation a l'évident avantage de réduire considérablement l'apparence du déficit, dire : "je ne
vais perdre que 3% d'un montant (qui ne m'appartient pas mais est plus gros que
ce qui m'appartient)" fait plus soucieux de ses sous que : "je vais
perdre 6 (ou 8, ou 10, je n'ai pas fait le calcul) pour cent par rapport au
montant que je percevrai réellement."
Que le bon
peuple citoyen, solidaire et éclairé depuis les Lumières, semble être dupe de cette grossière entourloupe
servilement propagée par les medias laisse rêveur.
Autre point
remarquable, que l'on compare ce déficit au P.I.B. ou à l'âge du capitaine, il
n'en reste pas moins que, puisqu'il y aura déficit, les dépenses seront supérieures aux recettes , ce qui
provoque ce qu'experts et chercheurs nomment un trou, et que ce trou ne peut être comblé qu'en empruntant.
Et continuer à emprunter alors que l'on est déjà (assez fortement) endetté, a
pour résultat... d'augmenter la dette.
Je répète :
tout nouveau budget en déficit, même d'un infime chouïa par rapport à l'âge de la lune, accroît l'endettement de l'Etat.
Et
accessoirement, pour ceux qui s'inquiètent de l'avenir, accroît également la
charge de la dette, donc les dépenses futures... qui entraîneront à leur tour un nouveau déficit, de nouveaux emprunts, etc.
Conclusion:
les citoyens n'ont aucune raison de se faire
le moindre souci-- si la dette (bien copieuse) de l'Etat était
dangereuse, ou simplement embêtante, les très-intelligents individus qui
gouvernent n'annonceraient pas comme une victoire son nouveau grossissement.
Vu par le bout de votre lorgnette, c'est très amusant mais quand la douloureuse passera,tout cela sera beaucoup moins drôle mais grâce à votre joli texte on aura pu en rire.
RépondreSupprimerC'est l'essentiel...
SupprimerJ'ai bien envie d'envoyer vos lecteurs là, tiens, pour la peine. Ça pique les yeux -un peu- mais ce doit être la typo.
RépondreSupprimerBravo pour ce billet.
Merci.
SupprimerJ'avais déjà apprécié ces chiffres qui défilent gentiment, mais il est bon de les montrer...
Comme dirait l'ami H16 : ce pays est foutu.
RépondreSupprimerExcellente démonstration.
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