david in winter

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Editeur. Ecrivain. Dilettante

lundi 13 janvier 2014

Le droit à la santé



   Petite cause grands effets, la facétie d'une jument espiègle a ce matin coupé le sifflet du chroniqueur.
   Un peu d'Histoire.
   Ce dimanche, madame ma femme, qui est une excellente cavalière, a omis, par simple étourderie, de maîtriser sa monture, et chuta bêtement à terre.
  Depuis cet incident, dont le premier effet fut de priver la jument de toute gâterie, ma femme, qui souffre d'un assortiment de douleurs, second effet, ne peut se déplacer qu'à quatre pattes, avec moins de grâce et de vélocité que le plus pataud des équidés.
   La situation, qui me contraignit hier à faire cuire un bout de viande sous directives conjugales (on apprend à tout âge), se prolongeant ce matin, décision fut prise d'appeler un médecin afin de faire prescrire à ce quadrupède improvisé quelque drogue calmante.
  Ainsi entrepris-je, troisième effet, de faire venir à notre domicile un enfant d'Hippocrate. Et me suis-je heurté à un systéme issu d'une logique kafkaïenne moulinée par un Big Brother à la cruauté satisfaite.
  Car pour qu'un médecin habitant à trois kilomètres de chez nous vienne voir un candidat patient, il faut que celui-ci ait déclaré ce médecin à quelque cerbère administratif comme médecin traitant. Sinon, il ne vous connaît pas, et  ne se risquera pas à visiter un individu qu'il ne connaît pas.
  --Mais, tentai-je d'expliquer téléphoniquement à une revêche secrétaire domiciliée en un pays exotique (car, lorsque je l'implorais de m'informer sur d'autres médecins locaux, elle me répondit qu'elle ne pouvait me répondre n'étant pas sur place), que le médecin vienne, ainsi nous ferons connaissance et il pourra voir madame ma femme.
  --Non, il faut qu'il vous connaisse d'abord.
   Je raccrochai. Grâce à  internet, je trouvai le téléphone d'un autre médecin établi au village voisin, après quelques conversations avec des répondeurs et un long jeu de piste, j'entendis une voix humaine et murmurai mon désir...
   --Ah non, je ne suis pas médecin, mais infirmière (Merci, internet-où-on-trouve-tout).
    Faute de grives...
  --Si vous voulez venir, madame...
  --Ah non, je ne peux me déplacer que si cela est ordonné par un médecin.
   --Merci madame, au revoir madame.
   Un peu énervé, et après d'autres portes claquées au nez, je me résolus très-stupidement à appeler le 15 , un service entre  urgences et  pompes funèbres, et, après une cohorte de répondeurs, j'obtins un médecin-régulateur (ce n'est sans doute pas la même chose que ce que les horlogers nomment un régulateur), individu autoritaire qui parut tenir à nous envoyer une ambulance contenant un médecin privé de tout droit d'examiner un être humain, ergo d'émettre un diagnostic et de prescrire de l'aspirine, mais en revanche habilité à expédier autoritairement quelques kilos de chair humaine vers un hôpital, sorte de caserne dévoreuse de budgets où l'on entassait jadis miséreux faméliques et agonisants anonymes, et hier amantes délaissées.
   Je chipotai, le ton du régulateur se fit menaçant, je raccrochai.
   Dois-je remercier le Ciel auquel je ne crois pas? L'avisé pharmacien du village, que j'aurais pu interroger plus tôt..., nous donna le téléphone d'une dame médecin ici nouvelle. Cette personne vient de s'établir, semble en plus étrangère ( et dans notre campagne les indigènes se méfient des allogénes) , j'en déduisis que , contrairement à ses confrères de souche, elle ne refuserait pas un client, et   ... ding ding! fait la sonnette. La voici.
   Cette longuette aventure me fit négliger de scruter attentivement ce qui se passe dans le monde (dernier effet , pour le moment, d'un caprice équin). Aussi,  sur les derniers tumultes agitant le harem présidentiel, juste une citation, cette phrase de Paul Morand écrivant à Jacques Chardonne:
   "Je déteste ces suicides de midinettes. Surtout ratés."

9 commentaires:

  1. Cher michel, j'espère qu'à l'heure qu'il est Agnès aura retrouvé la station debout et que ses douleurs auront disparu ou se seront atténuées. Dans le cas contraire, transmettez-lui nos vœux de prompt rétablissement.

    Comme de tout mal peut naître un bien, je souhaite que cette aventure soit pour vous le point de départ vers une parfaite maîtrise de l'art culinaire...

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    1. michel desgranges13 janvier 2014 à 19:02

      Merci Jacques.
      Agnès demeure obstinément quadrupéde, mais l'aimable dame médecin , jeune, souriante et faisant d'es efforts touchants pour apprivoiser la langue française, lui a ordonné diverses potions.

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  2. Tous mes voeux de bon rétablissement à votre épouse.

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  3. Autrement, c'est à la mode, vous pouvez vous faire prescrire un remplacement d'épouse. Bon et prompt rétablissement à elle, quoiqu'il advienne.

    Amicalement.
    Al.

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  4. Je vous envoie Julie Gayet immédiatement (au moins pour s'occuper de la cuisine).

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  5. Tout d'abord, j'espère que Madame votre épouse se rétablira rapidement, peut être auriez du vous dire que votre épouse de nommait Valérie T.

    Pour moi, c'est le service des urgences de certains hôpitaux qui m'agacent un peu.

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  6. michel desgranges14 janvier 2014 à 07:23

    Merci à tous!
    La jument, reposée de ses efforts, se porte fort bien.

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  7. Prompt rétablissement ! Le cheval est la plus noble conquête gastronomique de l'homme, mais pas plus.

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  8. Cuisinez des lasagnes avec Rossinante, c'est tendance !
    Votre mésaventure me rappelle celle contée par Marina Vlady dans "Vladimir ou le vol arrêté". Un soir, Vladimir Vyssotsky, feu son époux et grand alcoolique devant l'Eternel, fait une hémorragie interne, elle appelle donc les secours (rappelons que cela se passe en URSS, rien à voir avec le merveilleux système de santé français que le monde-entier-nous-envie). Arrivés sur place, les urgentistes décident de le laisser crever chez lui, et sans soins, car... ils ont déjà atteint le nombre de morts à l'hôpital prévu par le Plan pour le mois en cours. Marina réussit à le faire hospitaliser de justesse en jouant de tous les pistons (il était célèbre).
    Prompt rétablissement à Madame votre épouse, caresse à la Bête.

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