Beaucoup de
brouhaha ces temps-ci autour d'un malheureux qui, maintenu en vie artificiellement depuis des années, vient d'être privé de
nourriture par les médecins et qu'il est désormais question de cesser d'hydrater afin de le
faire mourir de soif -- pourquoi ne pas le décapiter,
ou l'écarteler, ou, mieux l'utiliser pour des expériences (scientifiques,
bien sûr) ? Je l'ignore.
Aux
habituelles imprécisions, approximations et francs mensonges des medias
s'ajoutent en l'affaire les cris de commentateurs tranchant selon leurs
convictions et non en étudiant les faits, aussi me faut-il écrire avec
prudence.
Si j'ai
bien compris, il y a une dispute de famille, certains approuvant la volonté
mortifère des médecins, d'autres s'y opposant, d'où chose portée devant une
juridiction, laquelle est une cour inférieure, donc aux jugements susceptibles
de multiples appels , et en la matière, il ne semble pas que les magistrats
puissent ordonner une éxécution
provisoire.
Ayant déjà
consacré un billet aux questions de
principe que fait naître le mot euthanasie,
je n'y reviendrai pas, et me contente de relever que depuis bien des années M.
Etat a créé tout plein de comités, d'observatoires, de hautes autorités d'éthique afin d'éclairer l'opinion, le
parlement, le gouvernement, peut-être même le Président (quand il ne court pas
le guilledou) pour que puisse être adoptée
une position -- malgré rapports, discours (et commentaires) les choses
n'ont pas avancé d'un pas.
Si empressé
à légiférer dans tous les domaines, à intervenir dans la vie privée des citoyens afin de leur dicter les conduites les plus
intimes, M. Etat ici renâcle, et s'il annonce une prochaine loi, dont la très éventuelle adoption n'est pas imminente car son sens est encore indéterminé, il faut
en attendre plus de difficultés nouvelles que de clarification.
Il est des
domaines où les progrés de la science, sans éliminer les dilemmes moraux, rendent
caducs les aspects sociaux, ainsi de l'avortement : l'efficacité des méthodes
contraceptives (pour les femmes, car, en dépit des diktats égalitaires, ce sont
toujours les femmes qui courent le
risque d'être enceintes) est telle que le souci de l'élimination d'un fœtus ne
devrait plus être qu'un évènement rare, relevant de la conscience individuelle.
Ici, les progrès de la science créent, au
contraire, le dilemme moral. Des machines permettent de conserver --indéfiniment ?-- l'existence d'êtres
humains que, il y a quelques années, la mort eût vite emportés, ce sont là des
progrés que l'on ne peut rejeter a priori car il est vrai que tant qu'il y a de
la vie il y a de l'espoir, mais l'espérance est une vertu théologale, non une
connaissance rationnelle.
Il existe
pourtant des médecins qui, confrontés à ces situations, en ont tiré des leçons
et les ont correctement exprimées, cela ne signifie pas que leurs conclusions
soient nécessairement justes (au sens moral), mais elles ont plus de valeur que
les discours fondés sur des préjugés, aussi y sont-elles mêlées dans le bruit
médiatique, de sorte que tout s'embrouille, sans solution.
Pour
l'affaire que j'évoque, si des membres de la famille se querellent, que l'on tire au sort le nom de celui d'entre eux
qui pourra décider de la vie, de la mort, ou je ne sais quel état
intermédiaire, de son parent, qu'il écoute sa conscience, et sur ce qu'elle lui
conseillera, que se taisent les voyeurs et donneurs de leçon (et les tribunaux,
et M. Etat).
j ose espérer que, suite à mon billet d hier , vous ne m'avez pas intégré parmi ces "commentateurs qui crient "
RépondreSupprimerCertainement pas.
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