Petite cause grands effets, la facétie d'une
jument espiègle a ce matin coupé le sifflet du chroniqueur.
Un peu
d'Histoire.
Ce
dimanche, madame ma femme, qui est une excellente cavalière, a omis, par simple
étourderie, de maîtriser sa monture, et chuta bêtement à terre.
Depuis cet
incident, dont le premier effet fut de priver la jument de toute gâterie, ma
femme, qui souffre d'un assortiment de douleurs, second effet, ne peut se
déplacer qu'à quatre pattes, avec moins de grâce et de vélocité que le plus
pataud des équidés.
La
situation, qui me contraignit hier à faire cuire un bout de viande sous
directives conjugales (on apprend à tout âge), se prolongeant ce matin,
décision fut prise d'appeler un médecin afin de faire prescrire à ce quadrupède
improvisé quelque drogue calmante.
Ainsi
entrepris-je, troisième effet, de faire venir à notre domicile un enfant
d'Hippocrate. Et me suis-je heurté à un systéme
issu d'une logique kafkaïenne moulinée par un Big Brother à la cruauté
satisfaite.
Car pour
qu'un médecin habitant à trois kilomètres de chez nous vienne voir un candidat patient,
il faut que celui-ci ait déclaré ce médecin à quelque cerbère administratif
comme médecin traitant. Sinon, il ne vous connaît pas, et ne se risquera pas à
visiter un individu qu'il ne connaît pas.
--Mais,
tentai-je d'expliquer téléphoniquement à une revêche secrétaire domiciliée en
un pays exotique (car, lorsque je l'implorais de m'informer sur d'autres
médecins locaux, elle me répondit qu'elle ne pouvait me répondre n'étant pas sur place), que le médecin
vienne, ainsi nous ferons connaissance et il pourra voir madame ma femme.
--Non, il
faut qu'il vous connaisse d'abord.
Je
raccrochai. Grâce à internet, je trouvai
le téléphone d'un autre médecin établi au village voisin, après quelques
conversations avec des répondeurs et un long jeu de piste, j'entendis une voix
humaine et murmurai mon désir...
--Ah non,
je ne suis pas médecin, mais infirmière (Merci, internet-où-on-trouve-tout).
Faute de
grives...
--Si vous
voulez venir, madame...
--Ah non, je
ne peux me déplacer que si cela est ordonné par un médecin.
--Merci
madame, au revoir madame.
Un peu
énervé, et après d'autres portes claquées au nez, je me résolus très-stupidement à appeler
le 15 , un service entre urgences et pompes funèbres, et, après une cohorte de
répondeurs, j'obtins un médecin-régulateur
(ce n'est sans doute pas la même chose que ce que les horlogers nomment un
régulateur), individu autoritaire qui parut tenir à nous envoyer une ambulance contenant un médecin privé de tout droit d'examiner
un être humain, ergo d'émettre un diagnostic et de prescrire de l'aspirine,
mais en revanche habilité à expédier autoritairement quelques kilos de chair
humaine vers un hôpital, sorte de
caserne dévoreuse de budgets où l'on
entassait jadis miséreux faméliques et agonisants anonymes, et hier amantes délaissées.
Je
chipotai, le ton du régulateur se fit menaçant, je raccrochai.
Dois-je
remercier le Ciel auquel je ne crois pas? L'avisé pharmacien du village, que j'aurais
pu interroger plus tôt..., nous donna le téléphone d'une dame médecin ici
nouvelle. Cette personne vient de s'établir, semble en plus étrangère ( et dans
notre campagne les indigènes se méfient des allogénes) , j'en déduisis que ,
contrairement à ses confrères de souche, elle ne refuserait pas un client,
et ... ding ding! fait la sonnette. La
voici.
Cette
longuette aventure me fit négliger de scruter attentivement ce qui se passe
dans le monde (dernier effet , pour le moment, d'un caprice équin). Aussi, sur les derniers tumultes agitant le harem
présidentiel, juste une citation, cette phrase de Paul Morand écrivant à
Jacques Chardonne:
"Je
déteste ces suicides de midinettes. Surtout ratés."
Cher michel, j'espère qu'à l'heure qu'il est Agnès aura retrouvé la station debout et que ses douleurs auront disparu ou se seront atténuées. Dans le cas contraire, transmettez-lui nos vœux de prompt rétablissement.
RépondreSupprimerComme de tout mal peut naître un bien, je souhaite que cette aventure soit pour vous le point de départ vers une parfaite maîtrise de l'art culinaire...
Merci Jacques.
SupprimerAgnès demeure obstinément quadrupéde, mais l'aimable dame médecin , jeune, souriante et faisant d'es efforts touchants pour apprivoiser la langue française, lui a ordonné diverses potions.
Tous mes voeux de bon rétablissement à votre épouse.
RépondreSupprimerAutrement, c'est à la mode, vous pouvez vous faire prescrire un remplacement d'épouse. Bon et prompt rétablissement à elle, quoiqu'il advienne.
RépondreSupprimerAmicalement.
Al.
Je vous envoie Julie Gayet immédiatement (au moins pour s'occuper de la cuisine).
RépondreSupprimerTout d'abord, j'espère que Madame votre épouse se rétablira rapidement, peut être auriez du vous dire que votre épouse de nommait Valérie T.
RépondreSupprimerPour moi, c'est le service des urgences de certains hôpitaux qui m'agacent un peu.
Merci à tous!
RépondreSupprimerLa jument, reposée de ses efforts, se porte fort bien.
Prompt rétablissement ! Le cheval est la plus noble conquête gastronomique de l'homme, mais pas plus.
RépondreSupprimerCuisinez des lasagnes avec Rossinante, c'est tendance !
RépondreSupprimerVotre mésaventure me rappelle celle contée par Marina Vlady dans "Vladimir ou le vol arrêté". Un soir, Vladimir Vyssotsky, feu son époux et grand alcoolique devant l'Eternel, fait une hémorragie interne, elle appelle donc les secours (rappelons que cela se passe en URSS, rien à voir avec le merveilleux système de santé français que le monde-entier-nous-envie). Arrivés sur place, les urgentistes décident de le laisser crever chez lui, et sans soins, car... ils ont déjà atteint le nombre de morts à l'hôpital prévu par le Plan pour le mois en cours. Marina réussit à le faire hospitaliser de justesse en jouant de tous les pistons (il était célèbre).
Prompt rétablissement à Madame votre épouse, caresse à la Bête.