Il est aisé de reconnaître qu'une loi
est particulièrement scélérate, liberticide et malfaisante : son adoption à l'unanimité le décèle infaillilement.
C'est donc à l'unanimité, l'Opposition officielle
prouvant, une fois de plus..., que rien, hors des querelles de personne et de
lutte pour des places, ne la distingue , moralement ou idéologiquement, de
l'actuelle Majorité, que le Parlement a voté, afin de satisfaire un lobby corporatiste,
une loi visant à détruire le commerce de la librairie par correspondance, ce
qui a, comme de bien entendu, été salué avec enthousiasme par le
quotidien-vespéral-de-référence et autre organes ejusdem farinae.
M'étant
battu, absolument en vain, contre la loi imposant le prix unique du livre, grâce à laquelle, affirmaient les augures
socialistes, les librairies allaient se multiplier et prospérer, et dont
l'effet le plus certain fut de faire péricliter ou disparaître ces mêmes
librairies, se lamentent aujourd'hui les mêmes augures sans accepter de voir la
cause évidente de ce regrettable effet, ayant dit, tant à l'instigateur de la
mesure, feu M. Jérôme Lindon, qu'aux commerçants concernés ce qu'il résulterait
de cette atteinte à la liberté des échanges, et dit sans jamais être écouté, je
ne m'étendrai pas sur ce nouveau diktat, ses inévitables conséquences et les
comiques difficultés que présentera son application ( car si je commande en même temps , comme cela m'arrive
assez souvent, au diable AMZN cinq films, trois disques ( port gratuit) et un
livre (port désormais obligatoirement
payant) comment faire, pour un unique paquet, payer exactement le port d'un seul élément ?
etc.).
Je
m'étendrai d'autant moins sur le sujet que si l'élaboration de cette loi par
les habituels pitres politiciens relève du genre
comique, ce qu'elle cherche à produire est la destruction d'un métier
–la publication de livres et leur
commerce – auquel j'ai consacré l'esssentiel de mon existence et demeure
fortement attaché, nous tombons alors dans le genre triste (je n'ose écrire
tragique).
Ce genre ne
convient guère à mon humeur, non que je l'ignore, mais parce que, en ce
domaine, tout discours nécessaire a déjà été tenu, et fort bien, aussi ai-je le
sentiment que toute phrase que l'on peut y ajouter est comme faire pipi dans
un violon ou combattre les moulins à vent.
Et aussi efficace que rappeler des évidences au
sujet de feue la liberté d'expression.
Préférons
donc rire, d'autant que le fringant Président et ses séides subventionnés en
ont multiplié les occasions, du roman picaresque de l'émouvante Leonarda aux
bananes nauséabondes en passant par le tireur-fou
qui eut l'insolence de n'être ni Viking ni membre des SS, sans oublier les
frétillements de la Courbe ou la conquête de la Syrie, asseyons-nous
paisiblement dans un fauteuil, cigarette au bec, et suivons les rebondissements
de la chasse au Mbala mbala, désormais accusé de blanchiment en dépit (ou à cause de) de sa noire fourrure.
Réjouissons-nous, car cela prolongera le spectacle, de la malignité de la bête
qui a su se décolorer pour mieux échapper à la traque, et le plus habile des
chasseurs, cherchant une grosse masse sombre, passera sans la voir devant une
forme chlorotique.
Le suspense
continue.
La masse, jusque là impavide, se gave du spectacle de cette scène de chasse médiatisée à outrance, et devient hystérique... signe incontestable que nous vivons dans une époque décadente, bornée et sans perspective. Il faut amuser et exciter la masse, là est l'essentiel. L'objectif est atteint. Valls, l'homme à la morgue vaine, s'y emploie.
RépondreSupprimerMais quelle engeance liberticide a bien pu ordonner cette chasse improbable, et vouloir inscrire la noire fourrure du M'Bala à son tableau pour en faire une descente de lit ? Cruelle question.
Le suspense demeure, c'est une certitude, cela d'autant plus que la légalité du procédé utilisé à l'encontre du M'Bala semble contestée, même dans le camp du Bien.
En attendant de nouvelles péripéties rocambolesques et pour rester dans la note, j'irai revoir avec plaisir en soirée « La chasse du comte Zaroff », une ancienne réminiscence de mes premiers émois cinématographiques.
Nous en sommes arrivés à ce stade, hélas :
« La gloire a été remplacée par la célébrité, la flamboyance par l'exhibitionnisme, et le panache par la dépression nerveuse. »
Olivier Bardolle, La vie des hommes, chez L'Éditeur. 2013.
Le titre original de ce chef d'oeuvre --The most dangerous game-- en dit mieux le sujet, car nul gibier n'est plus dangereux que l'homme...
RépondreSupprimerDanny, il ne faut pas exonérer ladite masse ; elle participe elle-même à l'hallali. Il suffit de voir tous les charognards de Twitter chasser leurs contemporains avec encore plus d'imbécilité et d'ignominie que les journalistes pour comprendre que la masse est encore plus chienne que les chiens des journaux.
RépondreSupprimerPour revenir au message de M. Desgranges, le plus comique dans tout ça c'est que l'état crache sur Amazon, qui vient encore de créer quelques centaines d'emplois en France, pour porter aux nues ceux qui en détruisent (les libraires). Et au final, on voit bien que les lecteurs ne comptent pas, ni l'accès à la connaissance - puisqu'une diminution du prix des livres favoriserait la lecture et donc la démocratie, et partant empêcherait le retour du fascisme sous les oripeaux de l'humour non pas noir, mais mulâtre.