Toujours
soucieux d'offrir à ses chers électeurs et chères électrices un divertissement
nouveau et authentiquement citoyen , le Président avait décidé d'ouvrir la
chasse au M'bala m'bala.
Instruit
par une expérience malheureuse, qui l'avait vu s'exposer en première ligne
courageusement, mais assez imprudemment, lors de l'annonce de ses futures noces
avec une romanichelle juste nubile, le Président avait cette fois choisi de
rester dans l'ombre, plaçant aux avant-postes son ministre de la police, élevé
pour l'occasion à la dignité de grand veneur.
Gros animal
d'origine mi-indigène mi-exotique au poil abondant et réche et d'odeur nauséabonde, le M'bala m'bala avait
jusqu'alors vécu , et prospéré, dans la relative obscurité de scénes théatrales
réservées aux happy few venus de la diversité, mais il s'était ensuite aventuré
dans les fourrés des réseaux sociaux, où il s'était distingué par l'émission de
grognements et touitts accompagnés d'un geste dont la signification était
d'autant plus indécente qu'elle était indéchiffrable, et gagné ainsi une
notoriété qui avait offusqué des inquisiteurs subventionnés. Convoqués pour
informer les plus hautes autorités de M. Etat sur le potentiel de nuisance de l'animal, les experts lui avaient nié
toute intelligence, mais lui avaient reconnu une capacité de ruse et de
fourberie qui pouvaient en rendre la capture difficile, et l'élimination
hasardeuse, quoique nécessaire.
Autour du
grand veneur, armé d'une circulaire à
laquelle sa seule volonté donnait force de loi, était accourue la totalité des
politiciens respectables, qui
s'offrirent pour l'emploi de piqueux, tandis qu'une identique totalité des
intellectuels, artistes et cultureux avides de faire leur réclame dans les
medias brûlaient d'être engagés comme rabatteurs, quelques avocats revêtus de
robes de procureurs se contentant de sonner de la trompe.
Bientôt, le
premier coup fut tiré, et il le fut par un ancien premier commis, jadis condamné
en justice non pour des propos indécents, mais pour des affaires financières,
ce qui n'est pas infamant et n'exclut pas durablement de fonctions électives et
fructueuses. Que cet homme se présentât comme un chef de l'Opposition
officielle ajouta à la joie du Président, ravi de faire autour de lui, et pour
lui, une unanimité favorable à la hausse de sa popularité.
Blessé,
mais sans que cela engageât son pronostic
vital, le M'bala m'bala fit front, rassemblant autour de lui cette écume
brune que vomissent les égoûts de la haine rance et de la malpensance la plus sordide.
Car
désormais, le M'bala m'bala, fort de la gloire inespérée que lui avait procurée
l'initiative présidentielle et cynégétique, voyait accourir vers lui toute une
foule d'acolytes venue tant de sa gauche (extrême) que de sa droite (extrême),
pour qui il incarnait le faible opprimé par les puissants, le persécuté menacé
du glaive du bourreau et la tendre proie victime de prédateurs assoiffés de
sang. Et ses cris ne retentissaient plus entre les murs d'une salle de quartier
mais se faisaient entendre dans l'immense théatre du monde, et leur sens
s'évanouissait sous les projecteurs illuminant leur auteur, seul désormais leur
bruit importait, et c'était un bruit capable d'ébranler les remparts de toute
civilisation humaniste et solidaire.
Que va-t-il maintenant
se passer? A l'heure où nous mettons sous presse, les chasseurs sont aux
aguets, armes brandies, impatients de l'halalli, et le M'bala m'bala reprend
son souffle, se préparant à lancer sur ses adversaires touitts et chansons,
dards acérés qui...
Suspense.
Vous avez omis de parler du régime alimentaire original du M'bala M'bala :
RépondreSupprimerChaud ananas chaud chaud chaud abricot...
Excellent ! Le suspense est intenable.
RépondreSupprimerMaintenant, nous pouvons faire confiance aux antifas et autres grands démocrates pour créer les troubles à l'ordre public nécessaires si les interdictions pures et simples s'avéraient impossibles...
Mais, ce disant, je m'éloigne de votre métaphore cynégétique...
N'oublions pas non plus le contexte " élections municipales " a venir durant lesquelles tout maire n'ayant pas interdit dans sa ville les spectacles de m'bala sera stigmatisé voir déclaré coupable d'antisémitisme.
RépondreSupprimerQuel monde de ouf ! quand serons nous débarrassés de ces nuisibles Valls et autres piqueux ou suiveux ?
Le grand veneur s'est drapé dans sa toge, laquelle deviendra son linceul.
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SupprimerNous frémissons tous, nous attendons la suite, vite !
RépondreSupprimerCertes, le M'bala M'bala porte la hotte, mais gare au hourvari de la bête qui risque de mettre la harde divagante en défaut. Et puis un accident de chasse à courre est si vite arrivé, hélas ! Le maître d'équipage peut aussi faire buisson creux. L'heure de l'hallali n'a pas encore sonné nous le voyons.
Ce Spectacle étrange est bien éprouvant pour nos cœurs sensibles.
La chasse au sanglier de Calydon était peu de chose auprès de cette épopée !
RépondreSupprimerTexte d'une cruauté insoutenable mais ô combien hilarante, pour la chasse au M'bala m'bala, je propose la 700 nitro express mais il y a des risques, voir cette vidéo
RépondreSupprimerhttp://www.youtube.com/watch?v=ged4lz_Fw2Y
il faut bien rire.
Excellent ! J'aurais plutôt pensé à une corrida, avec le M'bala M'bala harcelé par Manu le Matador. Sauf que celui qui souffle fort par les naseaux en tapant du pied... c'est Manu. On reprend. Une corrida donc, avec un homme vêtu d'or et de rouge, affrontant l'ire tauromachique d'un petit ministre de l'Inférieur hystérique (tiens, ça m'en rappelle un autre).
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