Satisfait
de toujours disposer d'un scooter avec chauffeur pour, lorsque le rut le prend,
parcourir les trente mètres séparant son palais du nid d'amour où l'attend
l'élue de son slip, le Président entreprit de convoquer ses fidéles et
pensionnés gens de medias afin de leur tenir un discours.
M'a
toujours ravi, dans les films historiques chinois ou coréens, le
spectacle de l'Empereur siégeant sur son trône face à une sorte de houle, assez
calme, formée par les dos des dignitaires prosternés à plat ventre puis, sur un
signe de leur maître, s'éloignant à reculons en une lente reptation.
La
télévision n'ayant jamais pénétré nos foyers, je n'ai pas vu cette audience
présidentielle, et ne sais quelle posture physique adoptèrent les courtisans de
presse, mais reculer à plat ventre sans heurter des voisins occupés du même
mouvement délicat, ni se renverser comme une tortue, est un exercice subtil,
qui demande de un long entraînement ainsi que la maîtrise du kung fu et peut-être les fiers investigateurs en furent-ils dispensés.
Donc,
je n'ai pas vu l'affaire, ni entendue (pas de radio chez nous!), ni même n'en
ai lu un récit détaillé, mais j'en ai
(merci smartphone!) survolé la substantifique moëlle.
Il en
ressort que le Président a pris un virage
ce que certains commentateurs approuvent, avec des réserves, tandis que
d'autres désapprouvent, avec des nuances.
Ce virage
est, si j'ose dire, fait de promesses.
Longtemps
persuadé , selon l'exemple de M. Etat, que pour créer des emplois, il suffit de le décider le Président aurait
dernièrement ouï que, pour qui ne dispose pas des revenus de l'impôt, la
création d'emplois a quelque rapport avec d'obscures affaires de rentabilité et
ainsi muni d'une teinture du savoir possédé par le plus humble entrepreneur, le
Président a annoncé, sans le formuler aussi crûment, qu'il allait diminuer le
coût du travail salarié.
Pour
ce faire, il y aura un allègement de la part des salaires absorbée par divers
impôts (ce que les farceurs nomment "cotisations patronales")
allégement octroyé ( dans un avenir incertain) grâce à divers marchandages dont
l'obscure complexité réjouit déjà les plantureux services juridiques et
financiers de ces grosses entreprises
dont les dirigeants, le plus souvent fonctionnaires issus de cabinets
ministériels, partagent leur temps entre réunions
de concertation (avec
petits-fours) et chasse aux décorations.
Afin de
financer l'hypothétique allègement, chiffré par un astrologue ami à un certain
nombre de milliards, le Président a
ensuite promis de diminuer ses dépenses, et fort logiquement promis ( cette
promesse, elle, sera tenue) de dépenser pour créer un Comité et un Observatoire chargés
de veiller sur des orientations et surveiller des stratégies (ou vice-versa,
est également passé dans le discours présidentiel un axe –anglicisme?—qui demandera des gardiens).
Ces comité
et observatoire s'ajouteront aux centaines de comités et observatoires existant
déjà , et n'oublions pas les Hautes-Autorités,
où M. Etat enfourne de somnolentes crapules et des imbéciles décatis,
maîtresses hors d'usage, amants flasques, ennemis domestiqués ou complices dans
le besoin, que les laquais de medias nomment sages pour faire rire les petits enfants.
Oui, le
Président a pris un virage.
A 360°.
"pour qui ne dispose pas des revenus de l'impôt, la création d'emplois a quelque rapport avec d'obscures affaires de rentabilité"
RépondreSupprimerArriver à une telle conclusion est, pour un socialiste, malaisé. Selon sa doxa, l'emploi marchand n'est créé que pour offrir au capitaliste le trouble plaisir de pouvoir ensuite licencier...
Hé ho ! Le virage à 360 degrés était le titre de mon billet après les vœux.
RépondreSupprimerBillet certainement excellent mais que j'avais omis de lire.
SupprimerEt puis, les grands esprits se rencontrent.
(Et asinus asinum fricat).
Excellentissime!! Vous devriez faire un recueil de vos billets. (Mais peut-être avant corriger le kug fu en kung fu ? Avec tous ces changements de genre et de nature je doute de tout et ne suis plus sur de rien....).
SupprimerC.Monge
Merci d'avoir relevé cette coquille.
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