david in winter

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Editeur. Ecrivain. Dilettante

mercredi 22 janvier 2014

Une Histoire dépoussiérée de la Littérature



   Enfin, voici un nouveau et bienvenu dépoussiérage, qui est aussi réparation d'une longue et cruelle injustice.
    Toujours à l'affût de ces inégalités dont sont tout particulièrement victimes les représentantes du sexe imbecille, deux enragées tricoteuses, l'une sous-ministresse des droits de la femme, qui ont heureusement supplanté de désuets droits de l'Homme, l'autre sous-sous-ministresse de la sous-culture d'Etat, ont décidé de faire réécrire les Histoires de la Littérature qu'un ancien obscurantisme encombrait de brutes chauvines tels que Rabelais, Molière ou Balzac au détriment des dames auteuses.
  Exit donc, les Montaigne, Pascal, Voltaire, Casanova ( l'infâme séducteur!) , Chateaubriand, Alphonse Daudet et fils, Montherlant ou Morand, et place à ...
  A qui ?
  Ayant bon cœur, et une honnête bibliothèque, avec des livres imprimés sur papier, j'ai décidé de faciliter la tâche de nos modernes Lagarde et Michard en leur offrant la liste des femmes dont les œuvres illuminent les Lettres.
  Jadis, nulle loi, nulle pression sociale, nulle tyrannie culturelle n'empêchèrent jamais une aimable ménagére de prendre un papier et d'écrire sous la dictée de sorororales muses en revenant du marché ou après avoir balayé la cuisine et torché les mouflets, ni même de publier le fruit de ses travaux, cette liste... va-t-elle donc être immense?
  La voici ( je l'ai allégée des titres des œuvres).
   D'abord, en Grèce ancienne, la douce Sapho puis, quelques siècles plus tard, à Alexandrie, la philosophe et astronome Hypathia ( dont nous n'avons pas conservé la moindre ligne, est-ce bête).
    Sautons encore quelques siècles, voici Hrosvita et ses tragédies mystiques, puis, plus tard..., Marguerite de Navarre, Pernette du Guillet, Louise Labbé, Thérèse d'Avila.
    Au grand siècle, il y a foule :  Mesdames de La Fayette, de Scudéry, de Sévigné, de Motteville (admirable mémorialiste), et n'oublions pas la piquante Madame de La Guette.
    Voici les Lumières, elles nous offrent l'épistolière du Deffand, la romanciére Rocoboni, et Madame de Staal-Delaunay, et Madame de Genlis ( plus de quatre-vingts volumes à elle seule).
   La Monarchie est abattue, raison et liberté triomphent , un seul et même siècle voit apparaître Germaine de Stael (hélas) et George Sand, l'étranger lui-même n'est pas en reste avec Jane Austen (d'un petit poil antérieure) et la smala Brontë.
   Entrons dans la modernité, avec Mesdames Colette , Gérard d'Houville,  Marguerite Audoux et Patricia Highsmith, puis, sur un mode un peu mineur, Mesdames Agatha Christie, Dorothy Sayers et P. D. James.
   Voilà.
   --Personne de plus ? Pour vingt-cinq siècles, et en piochant chez l'étranger?
   --J'ai omis les bas-bleus, qui méritent que je leur consacre un très-vaste billet, sinon, oui, c'est tout.
   --Et Madame Yourcenar?
   --Madame Yourcenar ?
    Lorsqu'on demanda à un ancien Président pourquoi il avait voulu la faire entrer à l'Académie française, il répondit:
  --Pour faire la transition entre l'homme et la femme.

20 commentaires:

  1. Vous avez oublié Virginia Woolf, Katherine Mansfiled, Nathalie Sarraute, Flannery O'Connor…

    Sinon, je viens de commander l'histoire de la littérature française d'Albert Thibaudet : ça ne va rajeunir personne…

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    1. Les Bas-bleus ? Hi hi !
      (Et dire que, vous écoutant, j'ai acheté Sarraute-Pléiade au lieu d'un aboinnement à Hot video).

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    2. Ça vous apprendra à écouter n'importe qui !

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  2. Hannah Arendt

    Simone Weil

    Marie Noël

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  3. Olympe de Gouge
    Minette Walters
    Caroline Fourrée

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  4. Ah, je suis contente que vous ayez mis Patricia Highsmith dans le lot.
    Sinon, j'oserais bien quelques oubliées, dont Mary Webb, petit maître de la nature à l'anglaise... (belles pages inside) et puis Radclyffe Hall pour son beau Puits de solitude, et puis et puis... en cherchant, je vous en trouverais des dizaines, bien qu'il fût plus difficile, en d'autres temps, d'avoirune chambre à soi pour les écrivains femmes.

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    1. Si on ajoute Radclyffe Hall, on est obligé d'inclure Natalie Clifford-Barney, qui obligera alors à penser à l'ajout de Renée Vivien, etc. Bref, tous les bas bleus de la maison tire-bouton. Je ne suis pas persuadé que la littérature puisse y gagner quoi que ce soit, le talent de ces dames étant généralement besogneux.

      Quant à Radclyffe Hall, elle a surtout le mérite d'avoir tenté d'expliquer ce que cela représentait d'être à la marge de la société, encore que beaucoup s'en accommodaient - des deux côtés - sans que cela ne dérange grand monde.

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  5. Elle a écrit un très beau roman, que je recommande chaudement. Vous ne l'avez pas aimé ?

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    1. Je l'ai lu il y a presque trente ans. A l'époque je m'intéressais vaguement à la littérature féminine des auteurs expatriés des années 1880 à 1930. La proportions d'inverties était non négligeable. Ce que j'ai conservé du Puits de solitude, c'est surtout une forme d'exagération des sentiments et un certain maniérisme dans leur description. Sans oublier le côté un peu ridicule du plaidoyer, Paris étant à l'époque la capitale où les invertis pouvaient vivre sans avoir à se cacher.

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  6. Sinon, Blixen ! Karen Blixen, dont Hemingway disait qu'elle méritait le Nobel de littérature bien plus que lui.
    Et Selma Lagerlöff alors !
    et dans les mineurs, Béatrix Beck.
    Et dans la littérature orientale contemporaine, il y a... (je sèche un peu, là) enfin, il y en a.

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    1. Et Albertine Sarrazin, alors ?

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    2. De Karen Blixen, j'ai tenté de lire son roman qui se passe en Afrique, ça m'est tombé des mains. On m'a dit ensuite que j'aurais mieux fait de commencer par les nouvelles se déroulant chez les civilisés…

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    3. Il faudra que je retrouve le chapitre consacré à la baronne Blixen dans le bouquin de souvenirs de Ghislain de Diesbach, c'est à mourir de rire. Surtout son entrée dans une soirée parisienne des années 50.

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    4. Sept contes gothiques, Didier... ou les derniers contes.

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  7. Brigitte Lahaie en pole position ! Le reste aux flammes de la très sainte Inquisition.

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  8. Je suis entièrement d'accord avec vous : Christine de Pizan est très surévaluée et ne vaut pas la peine d'être mentionnée.

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  9. Si on fouillait l'immense masse des romans publiés, des manuscrits déposés (je ne sais pas depuis quand il y a copie de chaque livre édité à la BNF), on se rendrait compte sans doute qu'une bonne partie d'entre eux ont été écrits par des femmes sous des noms de plume masculin.
    "Jadis, nulle loi, nulle pression sociale, nulle tyrannie culturelle n'empêchèrent jamais une aimable ménagére de prendre un papier et d'écrire sous la dictée de sorororales muses en revenant du marché ou après avoir balayé la cuisine et torché les mouflets, ni même de publier le fruit de ses travaux" écrivez-vous, sans doute après avoir lu "une chambre à soi", de V.Woolf. Notre vigoureuse Najat veut inventer la machine à remonter le temps et discriminer positivement, sans se rendre compte des effets pervers de son entreprise. Même en cherchant bien, la part des femmes dans la littérature est inférieure à celle des hommes. On peut expliquer pourquoi, il n'y a pas de quoi bâtir des théories misogynes là-dessus. Les romans de sous-merde édités maintenant sont commis par autant d'écrivaines que d'écrivaillons. Comme quoi, nous, les femmes, nous pouvons si nous voulons, aussi.

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    1. LeVertEstDansLeFruit23 janvier 2014 à 14:50

      'faudrait suggérer à Najat d'ajouter Céline à sa liste.. ;-)

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