Enfin,
voici un nouveau et bienvenu dépoussiérage, qui est aussi réparation d'une longue et
cruelle injustice.
Toujours à
l'affût de ces inégalités dont sont tout particulièrement victimes les
représentantes du sexe imbecille,
deux enragées tricoteuses, l'une sous-ministresse des droits de la femme, qui
ont heureusement supplanté de désuets droits
de l'Homme, l'autre sous-sous-ministresse de la sous-culture d'Etat, ont
décidé de faire réécrire les Histoires de
la Littérature qu'un ancien obscurantisme encombrait de brutes chauvines
tels que Rabelais, Molière ou Balzac au détriment des dames auteuses.
Exit donc,
les Montaigne, Pascal, Voltaire, Casanova ( l'infâme séducteur!) ,
Chateaubriand, Alphonse Daudet et fils, Montherlant ou Morand, et place à ...
A qui ?
Ayant bon
cœur, et une honnête bibliothèque, avec des livres imprimés sur papier, j'ai
décidé de faciliter la tâche de nos modernes Lagarde et Michard en leur offrant
la liste des femmes dont les œuvres
illuminent les Lettres.
Jadis, nulle
loi, nulle pression sociale, nulle tyrannie culturelle n'empêchèrent jamais une
aimable ménagére de prendre un papier et d'écrire sous la dictée de sorororales
muses en revenant du marché ou après avoir balayé la cuisine et torché les
mouflets, ni même de publier le fruit de ses travaux, cette liste... va-t-elle
donc être immense?
La voici (
je l'ai allégée des titres des œuvres).
D'abord, en
Grèce ancienne, la douce Sapho puis, quelques siècles plus tard, à Alexandrie,
la philosophe et astronome Hypathia ( dont nous n'avons pas conservé la moindre
ligne, est-ce bête).
Sautons
encore quelques siècles, voici Hrosvita et ses tragédies mystiques, puis, plus
tard..., Marguerite de Navarre, Pernette du Guillet, Louise Labbé, Thérèse
d'Avila.
Au grand
siècle, il y a foule : Mesdames de La
Fayette, de Scudéry, de Sévigné, de Motteville (admirable mémorialiste), et
n'oublions pas la piquante Madame de La Guette.
Voici les
Lumières, elles nous offrent l'épistolière du Deffand, la romanciére Rocoboni,
et Madame de Staal-Delaunay, et Madame de Genlis ( plus de quatre-vingts volumes
à elle seule).
La
Monarchie est abattue, raison et liberté triomphent , un seul et même siècle
voit apparaître Germaine de Stael (hélas) et George Sand, l'étranger lui-même
n'est pas en reste avec Jane Austen (d'un petit poil antérieure) et la smala
Brontë.
Entrons
dans la modernité, avec Mesdames Colette , Gérard d'Houville, Marguerite Audoux et Patricia Highsmith, puis,
sur un mode un peu mineur, Mesdames Agatha Christie, Dorothy Sayers et P. D.
James.
Voilà.
--Personne
de plus ? Pour vingt-cinq siècles, et en piochant chez l'étranger?
--J'ai omis
les bas-bleus, qui méritent que je
leur consacre un très-vaste billet, sinon, oui, c'est tout.
--Et Madame Yourcenar?
--Madame Yourcenar ?
Lorsqu'on demanda à un
ancien Président pourquoi il avait voulu la faire entrer à l'Académie
française, il répondit:
--Pour faire
la transition entre l'homme et la femme.
Vous avez oublié Virginia Woolf, Katherine Mansfiled, Nathalie Sarraute, Flannery O'Connor…
RépondreSupprimerSinon, je viens de commander l'histoire de la littérature française d'Albert Thibaudet : ça ne va rajeunir personne…
Les Bas-bleus ? Hi hi !
Supprimer(Et dire que, vous écoutant, j'ai acheté Sarraute-Pléiade au lieu d'un aboinnement à Hot video).
Ça vous apprendra à écouter n'importe qui !
SupprimerHannah Arendt
RépondreSupprimerSimone Weil
Marie Noël
Eh oh!
SupprimerMa liste est exhaustive.
Olympe de Gouge
RépondreSupprimerMinette Walters
Caroline Fourrée
Name dropping ?
SupprimerAh, je suis contente que vous ayez mis Patricia Highsmith dans le lot.
RépondreSupprimerSinon, j'oserais bien quelques oubliées, dont Mary Webb, petit maître de la nature à l'anglaise... (belles pages inside) et puis Radclyffe Hall pour son beau Puits de solitude, et puis et puis... en cherchant, je vous en trouverais des dizaines, bien qu'il fût plus difficile, en d'autres temps, d'avoirune chambre à soi pour les écrivains femmes.
Si on ajoute Radclyffe Hall, on est obligé d'inclure Natalie Clifford-Barney, qui obligera alors à penser à l'ajout de Renée Vivien, etc. Bref, tous les bas bleus de la maison tire-bouton. Je ne suis pas persuadé que la littérature puisse y gagner quoi que ce soit, le talent de ces dames étant généralement besogneux.
SupprimerQuant à Radclyffe Hall, elle a surtout le mérite d'avoir tenté d'expliquer ce que cela représentait d'être à la marge de la société, encore que beaucoup s'en accommodaient - des deux côtés - sans que cela ne dérange grand monde.
Elle a écrit un très beau roman, que je recommande chaudement. Vous ne l'avez pas aimé ?
RépondreSupprimerJe l'ai lu il y a presque trente ans. A l'époque je m'intéressais vaguement à la littérature féminine des auteurs expatriés des années 1880 à 1930. La proportions d'inverties était non négligeable. Ce que j'ai conservé du Puits de solitude, c'est surtout une forme d'exagération des sentiments et un certain maniérisme dans leur description. Sans oublier le côté un peu ridicule du plaidoyer, Paris étant à l'époque la capitale où les invertis pouvaient vivre sans avoir à se cacher.
SupprimerSinon, Blixen ! Karen Blixen, dont Hemingway disait qu'elle méritait le Nobel de littérature bien plus que lui.
RépondreSupprimerEt Selma Lagerlöff alors !
et dans les mineurs, Béatrix Beck.
Et dans la littérature orientale contemporaine, il y a... (je sèche un peu, là) enfin, il y en a.
Et Albertine Sarrazin, alors ?
SupprimerDe Karen Blixen, j'ai tenté de lire son roman qui se passe en Afrique, ça m'est tombé des mains. On m'a dit ensuite que j'aurais mieux fait de commencer par les nouvelles se déroulant chez les civilisés…
SupprimerIl faudra que je retrouve le chapitre consacré à la baronne Blixen dans le bouquin de souvenirs de Ghislain de Diesbach, c'est à mourir de rire. Surtout son entrée dans une soirée parisienne des années 50.
SupprimerSept contes gothiques, Didier... ou les derniers contes.
SupprimerBrigitte Lahaie en pole position ! Le reste aux flammes de la très sainte Inquisition.
RépondreSupprimerJe suis entièrement d'accord avec vous : Christine de Pizan est très surévaluée et ne vaut pas la peine d'être mentionnée.
RépondreSupprimerSi on fouillait l'immense masse des romans publiés, des manuscrits déposés (je ne sais pas depuis quand il y a copie de chaque livre édité à la BNF), on se rendrait compte sans doute qu'une bonne partie d'entre eux ont été écrits par des femmes sous des noms de plume masculin.
RépondreSupprimer"Jadis, nulle loi, nulle pression sociale, nulle tyrannie culturelle n'empêchèrent jamais une aimable ménagére de prendre un papier et d'écrire sous la dictée de sorororales muses en revenant du marché ou après avoir balayé la cuisine et torché les mouflets, ni même de publier le fruit de ses travaux" écrivez-vous, sans doute après avoir lu "une chambre à soi", de V.Woolf. Notre vigoureuse Najat veut inventer la machine à remonter le temps et discriminer positivement, sans se rendre compte des effets pervers de son entreprise. Même en cherchant bien, la part des femmes dans la littérature est inférieure à celle des hommes. On peut expliquer pourquoi, il n'y a pas de quoi bâtir des théories misogynes là-dessus. Les romans de sous-merde édités maintenant sont commis par autant d'écrivaines que d'écrivaillons. Comme quoi, nous, les femmes, nous pouvons si nous voulons, aussi.
'faudrait suggérer à Najat d'ajouter Céline à sa liste.. ;-)
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