L'annonce
d'une nouvelle augmentation, malgré de fines manipulations statistiques et
catégorielles, des chiffres du chômage
n'a pas fait grand bruit, ni inquiété le Président, parti chercher en Afrique
une chaleur que lui refuse en cette saison le climat gaulois, chaleur dont
l'absence n'est pas compensée par la tiède affection de son peuple.
Les
événements exotiques ont, eux, discrétement
quitté le tumulte des breaking news
pour retourner aux modestes rubriques informant de l' étranger, entre mots flêchés, notices nécrologiques et résultats
de tournois de ping-pong.
Bref, il ne
se passerait rien, si une gazette hebdomadaire, propriété d'un rusé
affairiste également connu pour ses fâcheux goûts artistiques, n'avait
entrepris de dénoncer, révéler et dévoiler une affaire , frôlant le scandale
et effleurant la magouille, mettant en cause une sorte de politicien qui
se plaça à la tête d'un parti, que ledit hebdomadaire soutient tout en espérant
le voir succomber (cette attitude s'explique par une lecture hâtive de
Machiavel, et des rivalités de personnes
que nous laissons à la presse pipole le soin de dévoiler, surtout s'il s'agît
d' histoires de femmes).
L'affaire,
il est vrai, est grave, passionne l'opinion et divise les familles ( voir le
fameux dessin de Forain illustrant les effets néfastes d'une précédente affaire sur l'harmonie d'un repas
familial) et consiste, semble-t-il, en une histoire de gros sous.
Ce
politicien, dont le patronyme ne souillera pas ce billet, est accusé d'avoir confié
le soin, rétribué, de la propagande de
son parti à une entreprise dirigée par des amis,
ce qui est évidemment un crime,
eût-il passé contrat à une société appartenant à des ennemis, cela eût été faire preuve d'un esprit de charité et
d'inclination au vivre-ensemble dont il n'eût pu être que loué.
Ce n'est
pas là le pire.
Car, nous
apprend la gazette de l'esthète dont l'inculture fait la fortune de roublards
galeristes, il y a eu surfacturation.
Ce vilain
néologisme semble signifier que des prestations ont été vendues bien au-dessus
du juste prix, -- quel était, en
l'occurrence ce juste prix ? Les fins limiers qui ont enquêté sur l'affaire
qu'ils ont créée ne peuvent le dire concrétement, et ne le peuvent pas car il
n'existe ici nul critère objectif, nulles prestations en ce domaine , où
l'immatériel , nommé promotion,
domine , ne pouvant être rigoureusement identiques (ayant fait appel à de
telles agences, je parle d'expérience).
Mais ce
n'est pas ce que dit surfacturation
qui importe, non, c'est ce qu'implique le vocable. Et ce qui est impliqué est que le fournisseur
ristourne clandestinement au donneur
d'ordre une partie de la somme versée pour régler sa surfacture.
Traduisons. Le monsieur qui passe commande dit à l'entreprise amie :
" Ton boulot, ça vaut trois patates, tu m'en factures quatre et tu m'en
redonnes une en petites coupures non numérotées". (Dans la langue des
politiciens et des joueurs de poker, une patate
vaut un million de la monnaie en usage).
Cette
pratique est très vilaine, car les sommes ristournées échappent à la spoliation fiscale, d'où
la malédiction, assortie de peines de galères, qui la frappe.
Dans le cas
précis, l'accusation portée contre le politicien est habile (vicieuse ?) car si
la nature même de cette "surfacturation" la rend impossible à
prouver, cette même nature rend tout aussi impossible de s'en disculper, et
l'on trouvera autant d'experts
affirmant que le montant facturé était le juste prix que de contre-experts
jurant le contraire.
Je n'ai
nulle intention de défendre le politicien cloué aujourd'hui au pilori
médiatique, ni d'ailleurs de le vouer aux gémonies, qu'il tombe, et le remplacera
son exact semblable, plus intéressant est la structure d'une dénonciation
journalistique faisant passer des insinuations incontrôlables pour des preuves.
Et distillant des accusations telles
que l'opacité de l'actionnariat de la société prétendue surfactureuse --
au nom de quoi une société privée devrait-elle crier sur la place publique les
identités de ses actionnaires ?
La méthode
est loin d'être nouvelle, et je pense que plus personne n'en est dupe, mais
elle est toujours efficace pour salir,
elle resservira donc, encore et encore.
La fin de votre billet est triste comme une chanson de Francis Cabrel. C'est dire si la fin de la semaine commence mal.
RépondreSupprimerCes facéties politico-médiatiques auraient-elles une influence sur votre humeur ?
SupprimerRéjouissant démontage d'une "affaire" dont personne ne se souviendra dans quelques jours, chassée qu'elle sera du devant de la scène par l'invasion de la Moravie par son voisin toltèque ou par la révélation de galipettes présidentielles particulièrement acrobatiques...
RépondreSupprimerAcrobatiques, les galipettes présidentielles?
SupprimerNous demandons à voir.
Malheureusement pour les parties dénoncées, il existe des coefficients médians par secteurs économiques affinés par codes NAF. Quand ce coefficient de base 1 est majoré à 2, l'alarme sonne quelque part, à 3 c'est la sirène DCA.
RépondreSupprimerJe parle d'expérience. Ayant fait il y a quelques années une excellente affaire à l'exportation, j'ai eu le plaisir d'un contrôle fiscal, et c'est un ami d'enfance devenu inspecteur des Impôts qui m'a dévoilé la machinerie.
Merci pour cette information sur le caractère purement policier, et totalitaire, de l'état démocratique.
RépondreSupprimerQuant aux "coefficients médians", cela n'a ni sens ni réalité, puisqu'il se peut, dans le vrai monde, que personne ne soit dans cette zone arithmétique...
Grateful foor sharing this
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